Directeur : Matthew Vaughn
Réalisé en 2015. Avec : Taron Egerton (Eggsy), Colin Firth (Harry Hart), Samuel L. Jackson (Valentine), Mark Strong (Merlin), Sophie Cookson (Roxy), Sofia Boutella (Gazelle) et Michael Caine (Arthur)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=kl8F-8tR8to
Réalisé en 2015. Avec : Taron Egerton (Eggsy), Colin Firth (Harry Hart), Samuel L. Jackson (Valentine), Mark Strong (Merlin), Sophie Cookson (Roxy), Sofia Boutella (Gazelle) et Michael Caine (Arthur)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=kl8F-8tR8to
Malgré tout le pouvoir d’association
que le petit peuple peut avoir avec toute figure cinématographique, James Bond
reste un échelon inatteignable de la haute société britannique. L’archétype de
l’agent secret avec toute la prestance, les ressources et le sex-appeal du
monde souffre d’un problème de classe, puisqu’il appartient à un système d’impérialisme
qui protège le bon genre et l’aristocratie…jusqu’à ce que Kingsman règle ce problème en faisant du 1% l’ennemi coloré au plan
global archi-complexe. Le film sait intelligemment faire la distinction entre « élevé
avec une cuillère en argent dans la bouche » et de simples bonnes manières
qui découlent de confiance en soi combinée à une discipline personnelle, ce qui
permet de devenir un individu plus accompli. Tout cela vient compléter une
aventure classique d’espionnage avec du
plaisir et de la vitalité digne de Scott
Pilgrim en se réappropriant les codes du genre et les réajustant à son
aise.
Eggsy est un jeune garçon
plein d’avenir, mais est aussi coincé dans un environnement qui fait que ses
habilités sont tournées dans la mauvaise direction, l’empêchant de d’accomplir
son plein potentiel. Jusqu’au jour où Harry Hart (nom de code : Gallahad)
décide de le prendre sous son aile, voyant en lui le potentiel d’un vrai
Kingsman. Il soumet ainsi sa candidature pour faire partie du groupe d’agents
secrets indépendants le plus influent du pays, ne représentant pas sa Majesté,
mais l’intérêt du peuple (en même temps que la décence gentleman-esque et le
savoir-vivre). La lutte des classes est évidente à tous les niveaux du
scénario, allant des conseils de Colin Firth jusqu’aux compétiteurs de bonnes
familles que Eggsy doit affronter pour obtenir le titre de Lancelot.
Après Kick-Ass, il semble que Matthew Vaughn
prenne plaisir à faire un usage de la violence dans un contexte particulier qui
mette l’audience mal-à-l’aise. Durant le dernier tiers du film s’enchainent les
scènes qui mélangent une violence graphique faisant hommage aux origines
bédéesques du matériel avec les codes cinématographiques qui glorifient ce qui
est montré à l’écran. Par contre, ce qui est montré est plus souvent qu’autrement
particulièrement horrible, même lorsque cette violence est faite envers les
plus détestables des individus. La gravité de la situation est encore plus
frappante lorsque le plan machiavélique de l’ennemi n’implique pas une destruction
de masse qui passe en un flash lumineux et instantané, mais plutôt en une violence
brutale et barbare dont la durée s’étire. Nous avons aussi droit aux plus
glorieux, haineux et jubilatoires feux d’artifices de l’Histoire, dans la
séquence clé du film qui risque de laisser des traces dans le paysage
cinématographique.
Par contre, lorsque l’action
ne sert pas à créer un malaise, elle est utilisée très efficacement pour mettre
de l’avant les prouesses physiques (et la classe des gentlemen) des espions et
offre un vrai sentiment d’ingéniosité et d’énergie aux combats, qui ne mettent
pas de l’avant la brutalité, mais la confiance et le style. Le film est aussi
particulièrement hilarant, offrant, bien sûr, l’humour de base du contraste
entre le jeune « de la rue » et le noble droit à la bonne éducation
qui doit lui montrer le droit chemin, mais prend aussi beaucoup de plaisir avec
les tropes du genre, que ce soit des bonnes (gadgets, costumes, mission dans l’espace)
ou des mauvaises (impérialisme, misogynie).
Colin Firth m’a convaincu
pour la première fois de ma vie de l’attrait de porter un costume
veston-cravate. Il dégage un charisme qui séduit toute l’audience, avec une
confiance en soi qui convainc qu’il est effectivement très capable d’accomplir
tout ce qu’il fait dans ce film. Il peut aussi être drôle que sévère, offrant
le parfait mentor au déterminé et audacieux Taron Egerton, qui vend toutes les
étapes de l’arc du jeune déglingué au rigoureux agent. Oh et c’est le deuxième
film de Mark Strong en quelques mois! Et ce n’est même pas ma fête!* Samuel L.
Jackson offre aussi une performance mémorable dans le rôle du vilain coloré
(ici littéralement, changeant sans arrêt de costumes aux couleurs éclatantes),
le rêve américain incarné avec un cheveu sur la langue, qui ne peut supporter
la vue du sang.
En conclusion, les
segments les plus marquants et spectaculaires du film sont les plus incroyables
surprises qu’il m’ait été donné de voir au cinéma en cette (jeune) année,
alors, sans pouvoir en parler plus en profondeur, je recommande fortement cette
expérience des plus singulières. Kingsman
se réapproprie l’icône britannique de l’agent secret impeccable et en fait
quelque chose de nouveau dans une explosion qui est aussi drôle que
particulièrement malaisante.
MUK
* Le sentiment est certainement similaire.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire