Director : Eli Roth
Réalisé en 2013. Avec : Lorenza Izzo (Justine), Ariel Levy (Alejandro), Daryl Sabara (Nick), Kirby Bliss Blanton (Amy) et Magda Apanowicz (Samantha)
Je n’ai ni expérience de films de cannibales, ni expérience des films d’Eli Roth, donc je peux affirmer que je n’avais pas vraiment d’idée ce dans quoi je m’embarquais lorsque je suis allé voir The Green Inferno…et c’était une très mauvaise décision! TAN TAN TAAN! (cue musical dramatique)
Le film était bon et je suis content de l’avoir vu, mais c’est loin d’être un film que je recommanderais à n’importe qui. Il faut s’assurer que c’est le genre de film pour soit si on ne veut pas vivre une expérience rebutante. Le film n’hésite pas à prendre son temps, débutant sur le campus universitaire d’où les personnages vont quitter pour aller défendre une tribu amazonienne au cœur d’une jungle du Pérou contre les méchants bulldozers qui veulent les gaz naturels qui se retrouvent sous leur village.
Nous avons droit à un bon 25-30 minutes de jeunes qui se rencontrent, un peu de développement de personnages et de déplacements vers le Pérou. Les personnages ne sont pas totalement des idiots ou des adolescents détestables, alors nous pouvons tolérer de passer un certain temps avec eux (puisque aucune personnalité enlève du poids aux événements de la suite). Le film en profite en même temps pour faire passer un petit message subtil sur les jeunes blancs nord-américains activistes qui se donnent tellement d’importance et veulent s’impliquer dans des choses qu’ils ne comprennent pas. Je ne dis pas que l’écriture et les personnages vont gagner des prix ou quoi que ce soit (ils ont un tantinet de profondeur), mais passer trop rapidement à l’abattoir aurait été une plus grande faute. Par contre, lorsqu’on s’y rend, attachez votre couche pour adulte avec de la broche!
Lorsqu’ils se retrouvent finalement dans le village des cannibales, le film était incroyablement efficace. Le sang et la violence en tant que tels étaient à profusion, mais la réelle terreur venait plutôt de ce sentiment d’isolation que le film à réussit super bien à faire passer en nous montrant tout le trajet qui les séparent du confort qu’ils prennent pour acquis en Amérique du Nord. Ainsi, lorsqu’ils se retrouvent en situation désespérée, j’essayais (très mal) d’analyser leurs possibilités d’échappatoires et j’avais de la difficulté à imaginer un scénario dans lequel ils s’en sortaient. Ils sont d’abord dans un cage, qui est au centre de village de gens qui veulent les manger, au cœur d’une forêt dans laquelle ils n’ont aucun point de repère ou capacité à s’y déplacer, contrairement aux natifs qui connaissent les lieux et peuvent les traquer facilement.
Le film joue aussi sur une autre peur, celle de l’inconnu et de l’étrange. Ainsi, il n’y a aucun sous-titre lorsque les indigènes parlent et le film n’essaie pas une seconde de nous faire comprendre ce qu’ils se disent, nous positionnant parmi les personnages dans l’inconnu total de ce qui les entourent, du sort qu’il leur est réservé (quoi qu’ils peuvent s’en douter). Ainsi, cet isolement, cette absence de ressource ou de points de repères font de la menace de se faire manger quelque chose d’encore plus terrifiant, puisqu’il n’y a pas d’échappatoire, on ne peut que s’asseoir et attendre de les voir se faire dévorer un par un.
À un certain point du film j’ai envisagé de quitter la salle. Je n’avais jamais fait ça auparavant et tous les éléments mentionnés plus haut ont cumulés à un moment qui était particulièrement désagréable (d’une façon voulu) et je me suis dit « je n’ai pas envie de voir une autre heure de cela et rien ne me force à rester ici! ». Je parle ici de leur première impression du village qui laisse imaginer la suite, lorsque le groupe y arrive. Par contre, le film rend les personnages suffisamment proactifs pour que les développements dans l’intrigue soient variés et gardent en vie une goutte (ou plutôt une larme) d’espoir. De plus, le film crée un antagoniste qui est clairement le trou-du-cul du groupe, mais il est tellement étrange qu’il est devenu le plus intéressant pour moi, même si le plus détestable.
De plus, il est important de dire que le film est magnifique. Les plans de la forêt sont d’un vert vibrant qui donne une couleur incroyable aux scènes, contrastant avec le rouge du village et de ses habitants. Ils sont allés tourner avec un authentique village d’indigènes (à qui ils ont dû expliquer le concept d’un « film » et comme exemple leurs ont montrés Cannibal Holocaust, qu’ils ont assumés était une comédie) et on le sens. Les « décors » et « costumes » donnent un niveau de plus à toute la terreur de cet environnement complètement étranger.
En conclusion, c’était super désagréable de le regarder, mais c’était voulu alors je ne peux pas vraiment lui reprocher la chose. L’horreur était conviée de façon convaincante et je suis sorti de cet endroit suffisamment traumatisé pour prendre la décision de ne pas prendre le métro, puisque je n’avais pas envie de me retrouver dans un petit endroit isolé tout de suite.
MUK
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