Un texte d’introduction est-il vraiment nécessaire? Je
sais que ce n’est pas ce qui vous amène ici.
#20 - A Bigger Splash
Après son grandiose M. Gustave deux ans passé, Ralph
Fiennes revient en force avec un personnage qui remue encore plus d’air. Seule
personne pouvant rivaliser cet homme de feu est une Tilda Swinton muette dans
le rôle de pas-David Bowie avec une performance toute en subtilité et en
charme. Il est facile de se laisser séduire par ce qui est, de loin, le film le
plus sexy de l’année.
#19 - Embrasse-moi comme tu m'aimes
Le film québécois de l’année (si on ne compte pas le
Dolan dont l’identité est, selon moi, « française »). Une histoire d’amour
qui prend de court, une panoplie de petits rôles tous plus surprenants les uns
que les autres parsemés dans un univers étrange et si distrayant. Il est rare
que le cinéma québécois s’aventure en tel terrain et se permette d’avoir autant
de plaisir avec un médium que l’on réserve généralement aux drames familiaux ou
aux comédies policières.
#18 - TheWitch
Sans être un grand admirateur de cinéma d’horreur, j’ai
pourtant été envouté par l’exécution impeccable de The Witch, un film qui sait ce qu’il est, où il s’en va et maitrise-le
tout à merveille. Robert Eggers utilise ses outils à leurs pleins potentiels,
que ce soit sa séquence d’ouverture sans compromis, la chèvre baptisée Black
Phillip, des jumeaux qu’on ne cerne jamais tout à fait ou la voix rocailleuse de
Ralph Ineson.
#17 - The Nice Guys
J’ai apprécié le naturel et le charisme de Ryan
Gosling dans La La Land, mais pour
moi, il avait déjà exécuté sa performance de l’année en mai pour Shane Black
(on a tendance à sous-estimer la difficulté d’une performance comique). De
plus, depuis The Man with the Iron Fist,
on sait aussi que « Russell Crowe qui a pris du poids » est une des
meilleures versions de Russell Crowe. Ajouté à ce duo du tonnerre le scénario vif
d’esprit et le regard mesquin de Black et vous avez une des plus grandes
comédies de 2016.
#16 - Mustang
Un Virgin
Suicide turc autant d’actualité aujourd’hui qu’il y a 15 ans, puisque si on
se fie à une certaine élection, le monde est déterminé à ne jamais laisser aux
femmes leur place sur cette planète. Les films transcendent leurs limites
lorsqu’ils s’ancrent fermement dans une perspective et celle de Deniz Gamze
Ergüven est solidement mise de l’avant dans Mustang.
#15 - Manchester-by-the-Sea
Rarement un film sur le deuil travaille-t-il autant à
la fois en subtilités qu’en humour. Grâce au stoïcisme de sa performance, Casey
Affleck en dit beaucoup plus que n’importe quelles lignes de dialogue auraient
pu espérer transmettre. Un lot d’acteurs remarquables habite un scénario qui
cherche à nous redonner espoir lorsqu’il n’y en a que trop peu, sans pour
autant avoir une vision naïve ou réductrice de la situation.
#14 - Juste la fin du monde
Une classe de maitre en travail de personnages,
nuances et performances. L’enfant prodige du cinéma québécois se retrouve avec
la crème de la crème des acteurs français et tout le monde Joue (avec un grand
J) à son maximum. Avec un peu de familier et beaucoup de surprises, Juste la fin du monde épate par sa
maturité et sa maîtrise. À voir simplement pour constater à quel point Dolan a
grandi depuis J’ai tué ma mère.
#13 - Son of Saul
La Deuxième Guerre mondiale est probablement la
période historique la plus visitée par le cinéma contemporain et il est
pourtant rare qu’un film ait quelque chose de pertinent à dire sur le sujet. Son of Saul choisi une histoire déterminée
et s’y tient du début à la fin pour offrir l’une des visions les plus uniques
et pertinentes sur l’holocauste que nous ayons vu au grand écran à ce jour. On
est d’abord déstabilisé pour graduellement être convaincu et finalement on ne
peut plus regarder ailleurs.
#12 - La loi du marché
Le film qui, sur papier, sonne le plus ennuyeux de l’année.
Un père de famille au chômage se cherche un emploi du début à la fin. Pourtant,
le regard sans compromis et la performance de Vincent Lindon font de La loi du marché un film essentiel sur
le monde de l’emploi et la place de l’humain au sein de cette structure
inhumaine.
#11 - Aquarius
Mélangeant un portrait honnête d’une femme féroce, une
perspective en colère et un commentaire social, Aquarius a tout ce qu’il faut pour me plaire! On ne perd pas de
temps à s’attacher à Clara (Sonia Braga) et on est ainsi immédiatement interpelé
par ses luttes personnelles. Je prends pleinement conscience du pouvoir de la
machine à empathie qu’est le cinéma lorsque je me retrouve à m’identifier
autant au combat d’une retraitée brésilienne veuve survivante d’un cancer.
#10 - Sing Street
Les démarches maladroites de Cosmo pour séduire l’élusive
Raphina étaient déjà assez distrayantes en soi, mais c’est lorsque la formation
musicale Sing Street entame l’enregistrement de leur premier vidéoclip – The Riddle
of the Model – que j’ai compris que j’étais devant une œuvre spéciale. Un hymne
à la musique et un essai sur sa puissance lorsque l’on lutte contre les difficultés
de la vie, que ce soient les tensions familiales, les maux du cœur ou les
tyrans du quotidien.
#9 - Tale of Tales
2016 fut malheureusement une année sans film de mon
réalisateur fétiche Guillermo Del Toro, mais Tale of Tales était une compensation admirable. Une série de fables
dans un modèle classique avec des leçons immortelles et des surprises à tous
les tournants, dans un univers à la texture immersive habité par des acteurs
ayant beaucoup de plaisir à jouer plus grand que nature.
#8 - Moonlight
Un film sur le passage à l’âge adulte qui explore la
question centrale de cette transition : l’identité. Un enfant grandit et
les divers éléments de son environnement forgent l’être qu’il est, deviendra,
projette, etc. Les trois acteurs qui interprètent Chiron ne forment qu’un dans
cette fresque qui va à l’encontre de toute attente, puisqu’elle aurait
facilement pu se complaire dans la difficulté et la misère. Barry Jenkins ne
cherche pas à ce que l’on s’apitoie sur le sort de son protagoniste, mais
plutôt que nous le comprenions, utilisant ingénieusement l'empathie comme
moteur à son récit, plutôt que la pitié.
#7 - Hail Caesar!
La filmographie hétéroclite des frères Coens ne cesse
de surprendre et qu’un duo de réalisateurs puisse sortir en salle bac à bac le
drame musical Inside Llewyn Davis (une
des trames sonores que j’ai le plus écouté de ma vie) et une célébration électrisante
du cinéma sous la forme de Hail Caesar! est
ébahissant. Que ces deux films soient des chefs-d’œuvre est tout simplement
remarquable.
En leurs quelques années de fonctions, Laïka a déjà
une feuille de route quasi impeccable et ne cesse de surprendre avec des récits
tout aussi excitants que matures. Kubo
utilise un univers coloré, une structure familière de quête et des personnages
loufoques pour nous parler de deuil, de la pertinence des histoires et leur
capacité d’immortaliser les êtres humains dans toutes leurs complexités.
#5 - The Neon Demon
Il est facile de ne pas prendre au sérieux The Neon Demon en s’arrêtant simplement
à la critique que Nicolas Winding Refn met à nu ses fétichismes de surstylisation
et tombe dans l’objectification du corps des femmes rapidement. Par contre,
cette critique ignore toute la dénonciation faite dans ce film, entre autres avec
le chef-d’œuvre qu’est la scène de nécrophilie (excellente phrase hors contexte)
à laquelle je reviens plus fréquemment que n’importe quelle autre scène cette
année. The Neon Demon est une œuvre complexe
qui était déjà excellente avant d’en arriver à l’une fins les plus parfaites du
cinéma de 2016. Cette finale prouve sans questions que Refn (désolé pour le
langage) « s’en tabarnak » – preuve d’une vision singulière et
authentique, pour le meilleur et pour le pire.
#4 -
The Handmaiden
Cette année je suis tombé en amour (et pas à peu près)
avec le cinéma de Park Chan-Wook. J’étais déjà un grand admirateur de Stoker et Oldboy (ses deux films avec le plus de visibilité), mais ce n’est
qu’en explorant le reste de sa filmographie que j’ai pleinement réalisé l’ampleur
de son talent. Un homme qui n’a pas froid aux yeux, qui grandit d’un film à l’autre
et qui reste fidèle à lui-même tout en continuant de surprendre. The Handmaiden pourrait possiblement
être le cumul de sa carrière à ce point.
#3 -
Swiss Army Man
À force de regarder des films, le simple fait de voir
quelque chose de nouveau ou différent devient une raison pour s’exciter chez le
critique. Si vous connaissez la prémisse de Swiss
Army Man, je n'ai pas besoin de spécifier que je n'ai jamais rien vu de
comparable. Ce qui aurait facilement pu être une blague originale, mais dont on
se fatigue rapidement, devient un conduit pour plonger au coeur d'une réalité
si simple et évidente, notre rapport au corps, mais dont on ne parle que trop
peu. Ce nouveau duo de réalisateurs crée un film aux multiples lectures, toutes
valides, avec la meilleure utilisation des flatulences sur grand écran. Le
couple cinéma de l’année, ce n’est pas Ryan Gosling et Emma Stone, mais Paul
Dano et Daniel Radcliffe.
#2 - Arrival
Liste non exhaustive de préférences personnelles au
cinéma: l’étrange, l’original, les idées poussées à bout, l’exploration
complexe de simples réalités et l’optimisme intelligent (voire romantisme) et Arrival continent toutes ces choses. Ce
film sur le langage, la célébration de la vie et surtout l’importance de voir l’autre
point de vue est réalisé avec une telle maîtrise par un directeur qui ne cesse
de prouver d’année en année qu’avant peu, il fera inévitablement partie des
grands.
Ce n’est qu’un
bonus qu’il fut filmé dans certains de mes endroits favoris de l’Université de
Montréal et ait donné un rôle parlant (1 ligne...en russe) à un acteur qui a tenu le rôle
principal dans un scénario de mon cru!*
#1 - The Lobster
Je me le nie sans cesse, mais au fond de moi, je suis
un grand romantique et aucun film cette année n’est venu jouer avec ma fibre
romantique particulière comme The Lobster.
Un essai déjanté sur la vision moderne des relations amoureuses qui régissent
notre fonctionnement de société. Yorgos Lanthimos met de l’avant un certain
cynisme pour dissimuler une passion charmante et un fond plein d’espoir. Avec
une performance comique magistrale de Colin Farrell et la balance des tons la
plus incroyable que j’ai vue depuis longtemps, The Lobster est mon film de 2016!
*Je n’ai pas pu résister.
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