vendredi 27 novembre 2015

Spotlight

Directeur : Tom McCarthy
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=EwdCIpbTN5g
Synopsis : L'histoire vraie d'une équipe de journalistes s'efforcent de dévoiler au grand jour un réseau de prostitution au sein de l'église catholique.


Avec le boom de l’internet qui ne fait que prendre plus de place, la transition médiatique du papier vers le digital n’a pas que des bons côtés. La presse doit refaire sa place avec une compétition en ligne encore plus féroce, devant constamment garder l’attention d’une population aux capacités de concentration à la baisse tout en justifiant sa présence contre des articles de listes de faits divers de célébrités et de vidéos de chats.

Si Spotlight ne doit avoir qu’un impact, c’est de rappeler la pertinence du métier journalistique. À travers l'excellente exécution d’une histoire forte en dialogues, il ne se contente pas de rappeler que le journalisme est pertinent, mais bien essentiel. La propulsion et l’énergie du montage rend ce récit bref, sans sauter par-dessus l’impact de son sujet. Le journalisme est bien au cœur du récit, mais l’histoire que l’équipe « Spotlight » couvre est aussi d’une importance significative.

Le réseau de pédophilie dans l’Église catholique sur laquelle a levé le voile le Boston Globe au début du siècle est encore aujourd’hui un sujet chaud. La place qu’a prise le clergé dans notre monde occidental est telle qu’un scandale de cette magnitude n’a pas réussi à y mettre fin. Les témoignages qui ressortent dans le long métrage offrent un contexte complet à la situation et mettent de l’avant l’hypocrisie qui n’a pas besoin d’être soulignée tellement elle est évidente.

Le professionnalisme que met en valeur le scénario permet de prendre la distance nécessaire au sujet pour ne pas tomber dans le mélodramatique. L’agression sexuelle est assez dramatique en soi et le réalisateur prend la sage décision de ne pas pousser plus qu’il faut sur la lourdeur de l’expérience. La difficulté du trauma est assez évidente pour que le public puisse faire la majeure partie du travail. De plus, du côté des journalistes, on ne se contente que de quelques scènes de vies de famille, traçant les grandes lignes sans tomber dans le cliché des problèmes aux foyers qui découlent de ce genre d’enquête.

Pas une fausse note du côté des acteurs, offrant des performances de fort calibre d’un ensemble qui n’a plus à faire ses preuves. Tous font ressortir les petits côtés humains de chacun de ces reporters dont les dialogues sont principalement constitués d’entrevues et de discussions professionnelles. Mark Ruffalo ressort du lot, par l’excentricité et la passion de son personnage, mais tous se démarquent par de subtils traits, que ce soit la gravité de Liev Schreiber, la sensibilité de Rachel McAdams ou l’attitude directe de Stanley Tucci.

Nous en sommes au deuxième film en quelques mois qui tire sa force principalement de professionnels qui sont bons à leurs travails, l’autre exemple étant The Martian. Ils laissent de côté la béquille facile du drame venant de la vie familiale tangentielle au véritable sujet du film (béquille particulièrement courante dans les films « à oscars ») pour laisser toute la place au centre d’intérêt, celui pour lequel le public se déplace. Avec une mise en scène qui met de l’avant du jeu de premier ordre, le sujet n’a pas besoin des faciles boutons dramatiques qui auraient étés de mise dans un moindre film. 

Aucun commentaire:

Publier un commentaire