Directeur : Tom McCarthy
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=EwdCIpbTN5g
Synopsis : L'histoire vraie d'une équipe de journalistes s'efforcent de dévoiler au grand jour un réseau de prostitution au sein de l'église catholique.
Avec le boom de l’internet qui ne fait que prendre
plus de place, la transition médiatique du papier vers le digital n’a pas que
des bons côtés. La presse doit refaire sa place avec une compétition en ligne
encore plus féroce, devant constamment garder l’attention d’une population aux
capacités de concentration à la baisse tout en justifiant sa présence contre
des articles de listes de faits divers de célébrités et de vidéos de chats.
Si Spotlight
ne doit avoir qu’un impact, c’est de rappeler la pertinence du métier
journalistique. À travers l'excellente exécution d’une histoire forte en
dialogues, il ne se contente pas de rappeler que le journalisme est pertinent,
mais bien essentiel. La propulsion et l’énergie du montage rend ce récit bref,
sans sauter par-dessus l’impact de son sujet. Le journalisme est bien au cœur du
récit, mais l’histoire que l’équipe « Spotlight » couvre est aussi d’une
importance significative.
Le réseau de pédophilie dans l’Église catholique sur
laquelle a levé le voile le Boston Globe au début du siècle est encore aujourd’hui
un sujet chaud. La place qu’a prise le clergé dans notre monde occidental est
telle qu’un scandale de cette magnitude n’a pas réussi à y mettre fin. Les
témoignages qui ressortent dans le long métrage offrent un contexte complet à
la situation et mettent de l’avant l’hypocrisie qui n’a pas besoin d’être
soulignée tellement elle est évidente.
Le professionnalisme que met en valeur le scénario permet
de prendre la distance nécessaire au sujet pour ne pas tomber dans le
mélodramatique. L’agression sexuelle est assez dramatique en soi et le
réalisateur prend la sage décision de ne pas pousser plus qu’il faut sur la
lourdeur de l’expérience. La difficulté du trauma est assez évidente pour que le
public puisse faire la majeure partie du travail. De plus, du côté des
journalistes, on ne se contente que de quelques scènes de vies de famille, traçant
les grandes lignes sans tomber dans le cliché des problèmes aux foyers qui
découlent de ce genre d’enquête.
Pas une fausse note du côté des acteurs, offrant des
performances de fort calibre d’un ensemble qui n’a plus à faire ses preuves.
Tous font ressortir les petits côtés humains de chacun de ces reporters dont
les dialogues sont principalement constitués d’entrevues et de discussions
professionnelles. Mark Ruffalo ressort du lot, par l’excentricité et la passion
de son personnage, mais tous se démarquent par de subtils traits, que ce soit
la gravité de Liev Schreiber, la sensibilité de Rachel McAdams ou l’attitude
directe de Stanley Tucci.
Nous en sommes au deuxième film en quelques mois qui
tire sa force principalement de professionnels qui sont bons à leurs travails, l’autre
exemple étant The Martian. Ils
laissent de côté la béquille facile du drame venant de la vie familiale
tangentielle au véritable sujet du film (béquille particulièrement courante
dans les films « à oscars ») pour laisser toute la place au centre d’intérêt,
celui pour lequel le public se déplace. Avec une mise en scène qui met de l’avant
du jeu de premier ordre, le sujet n’a pas besoin des faciles boutons
dramatiques qui auraient étés de mise dans un moindre film.
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