dimanche 8 novembre 2015

Spectre

Directeur : Sam Mendes
Réalisé en 2015. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=7GqClqvlObY
Synopsis : Bond traque un organisme fantôme qui semble être derrière la majorité des problèmes sur la planète (et dans la vie personnelle de 007).

Pouvoir dépendre d’une formule peut être rassurant puisqu’elle dicte l’essentiel à faire pour réussir. Par contre, lorsque l’effort ou la créativité n’y est pas, cette formule peut créer une certaine complaisance d’où découle la paresse. Spectre dépend trop de cette formule qu’il utilise comme béquille, résultant en un film ne prend jamais vie.

Une série de scènes se suivent et 2h30 plus tard un méchant est derrière les barreaux et James Bond roule vers le soleil couchant, une belle femme la moitié de son âge au bras, mais il est difficile de dire que quelque chose de vraiment substantiel vient de se passer. On tombe dans la facilité, avec un scénario qui est à la fois ridiculement simple et trop compliqué pour ce qu’il offre au final.

L’intrigue est un mélange peu inspiré de Captain America : The Winter Soldier et Mission Impossible : Ghost Protocol, avec une super organisation maléfique derrière une multitude d’attaques partout sur le globe. Les motivations sont peu claires et l’organisme (le terrible Spectre) est trop mystérieux pour vraiment avoir un poids dans l’intrigue. Christoph Waltz, la grande promesse du film, n’arrive pas à livrer la marchandise, avec un méchant aux motivations personnelles qui arrivent trop tard, n’ont pas de poids émotionnels et sont dictées à voix haute afin d’être certain que l’on comprenne. Les événements se suivent et arrivent sans trop d’impact et dire que l’intrigue ne tient qu’à un fil est généreux.

Une bonne partie de la quête de Bond implique de se rendre à un lieu qui lui offrira explicitement l’information pour aller au prochain endroit, pour finir au repaire du méchant, dans lequel il se fait recevoir sans vrai raison, puisqu’ils sont clairement antagonistes. Il n’a pas de plan et la suite de choses fait ressortir, plus que jamais, à quel point le héros n’a jamais trop l’air de savoir ce qu’il fait. Son égo enflé fait qu’il marche avec confiance vers chaque embuche et le scénario le sauve, indemne, avec une issue peu excitante et forcée.

Les scènes d’actions sont un mélange de réussites et d’ennuis. L’ouverture est excitante, mais donne l’impression que James Bond est un maniaque qui met en danger des centaines de vies en s’attaquant à un hélicoptère instable au-dessus d’une énorme foule de gens. Une poursuite dans Rome est dénuée de toute tension et ressemble plus à une amusante balade nocturne dans la vieille ville de Rome avec un chauffard en colère qui en veut au héros. La seule véritable réussite est une bataille à mains nues à bord d’un train qui a toute la férocité et la brutalité nécessaire pour vendre le combat à mort.

Les Bond Girls, une marque des origines misogynes de la franchise que chaque film doit gérer à sa façon, est ici un échec total. Monicca Belucci est totalement gaspillée, avec environ cinq minutes de temps à l’écran et une réaction à Bond qui n’a aucun sens. Il lui promet de la protéger après l’avoir mise en danger de mort, mais le scénario l’oublie après qu’ils aient couchés ensemble. La logique dicte qu’elle soit morte suite à la négligence du héros.

Léa Seydoux est intégrée au scénario maladroitement et ne justifie jamais véritablement sa présence, en dehors d’être une femme qui doit inévitablement tomber en amour avec Bond. On prend tellement pour acquis le charme de Daniel Craig, qui est ici plus ennuyé qu’autre chose, qu’on n’essaie plus le rendre séducteur : les femmes ne font que tomber dans son lit machinalement. De plus, les deux acteurs n’arrivent aucunement à vendre une histoire d’amour, qui se révèle cruciale au scénario et à l’évolution (-ish) du personnage, rendant tout cet aspect une platitude sans vie.

La durée de Craig comme représentant de la franchise arrive à sa fin (il reste 1 film à son contrat) et une mesure drastique doit être prise pour terminer avec panache cette série, ou du moins à la hauteur des deux excellents représentants (Casino Royale et Skyfall). La formule trop sentie et l’atmosphère sans énergie ou vivacité (à 2h30 de durée, il s’essouffle plus d’une fois) fait de ce film une grande déception qui gaspille un incroyable ensemble d’acteurs. On sait que Bond reviendra (il revient toujours!), espérons qu’il va maintenant être un peu plus en contrôle et mieux encadré.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire