samedi 5 novembre 2016

Doctor Strange

Directeur : Scott Derrickson
Réalisé en 2016. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=HSzx-zryEgM
Synopsis : Après un accident de voiture, un des plus grands chirurgiens du monde cherche à guérir ses mains et se tourne vers un art mystique oriental qui lui apprend la véritable ampleur du monde et remet en question tout ce qu'il pensait savoir.


Il est rare de sortir d’un film américain à gros budget en disant que l’on vient de voir quelque chose de nouveau et d’unique. Doctor Strange est une merveille visuelle que vous ne verrez nulle part ailleurs dont l’originalité kaléidoscopique permet au film de transcender la formule conventionnelle de son scénario pour créer une expérience époustouflante. 

En matière humaine, le scénario ne révolutionne pas le cinéma. Un ancien apprenti qui s’est tourné vers le côté obscur de ses connaissances veut détruire le monde et un héros doit l’arrêter ses plans diaboliques. Le héros en question est ici l’homme du titre, le docteur Stephen Strange (arrêtez-moi si vous l’avez déjà entendu), un génie dans son domaine qui croit être au-dessus de toute situation reçoit une leçon d’humilité lorsqu’une tragédie lui enlève son atout majeur (ses mains de chirurgien). Oui, nous avons bel et bien affaire ici à un Iron Man, mais avec de la magie! Par contre, l’évolution d’un individu qui croyait tout connaitre et découvre la réelle complexité de la fabrique de l’univers amène juste assez de nouveauté à un monde cinématographique que nous croyons déjà connaitre par cœur qu’il permet de passer par-dessus ces petits déjà vu. De plus, sans trop aller en profondeur, le scénario a la maturité d’adresser des thèmes d’une certaine complexité quant au rôle du héros, le compromis moral de certaines situations et la mort – des autres et la sienne.

Avec la touche d’humour qui fait maintenant partie de la marque de commerce de Marvel, apprendre, avec le protagoniste, les logistiques des nombreuses couches de l’univers est d’un divertissement en soi. Le ton comique est parfois un peu maladroit, mais on pardonne tout faux pas lorsque Tilda Swinton se met à agiter les bras et manipule la réalité même pour créer des décors indescriptibles. Ce trip psychédélique donne au film une signature visuelle, chose que l’on ne peut pas dire de tous les films Marvel.

Il y a malheureusement l’approche au monde oriental qui est un sujet délicat et d’actualité qui pourrait causer problèmes à certains. L’histoire d’un homme blanc qui intègre une culture étrangère pour en devenir le maître plus rapidement que toutes les minorités qui l’étudient depuis longtemps a aujourd’hui des implications malencontreuses, avec The Ancient One interprété par une femme blanche. Par contre, considérant l’origine du matériel adapté, il était probablement inévitable que l’équipe de production pile sur une mine culturelle. Étant assez ignorant du sujet, je n’irais pas dans plus de détails, mais c’est une conversation à avoir et la chose sensible est au moins de le mentionner pour soulever cette question sensible.

S’il y a bien un être sur Terre qui n’a aucun problème à passer pour un maitre du mystique immortel et tout-puissant, c’est bien Tilda Swinton, qui amène une touche de surnaturelle à la dimension humaine du film. Malgré le talent du reste de l’équipe (mention spéciale à Chiwetel Ejiofor, la 2e étoile du match), personne ne surprend réellement. Benedict Cumberbatch est aussi arrogant que charmant, Rachel McAdams est compétente et charmante, Benedict Wong est drôle et Mads Mikkelsen est intimidant. Étonné? Il faut dire que Marvel sait choisir les bons acteurs pour les bons rôles et encore une fois, tous s’acquittent à la tâche.

Les scènes d’actions du film sont aussi impressionnantes qu’elles sont créatives. Chaque nouveau combat introduit des éléments qui évitent la répétition, que ce soit une nouvelle dimension, un objet magique ou pouvoir de contrôle temporel. En ouvrant dans un combat sur les rues (et édifices avoisinants) au milieu d’une dimension miroir entre des soldats mystiques, Scott Derrickson cite très clairement qu’il compte nous en mettre plein la vue et tient vaillamment sa promesse. La résolution ultime du conflit rafraichit aussi, puisque l’ennemi est vaincu autrement qu’en le frappant au visage à répétition.

En utilisant un squelette narratif que l’on a déjà vu plusieurs fois, Doctor Strange nous offre quand même un des films les plus originaux de l’univers cinématique de Marvel. Le grand fan en moi est maintenant excité de voir cette touche de magie potentiellement infecter le reste de cette énorme franchise.

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