Directeur : Vincent Biron
Synopsis : Stéfie se lie d'amitié avec un
groupe de jeunes qui s'amusent à filmer les mauvais coups qu'ils font à des
étrangers.
Le cinéma a la capacité d’être une fenêtre sur une
réalité qui nous est inconnue, offrant un aperçu d’une vie qui n’est pas la
nôtre. Lorsqu’il réussit son pari, il arrive à capturer quelque chose de
spécial qui permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Ayant été –
il n’y a pas si longtemps – un adolescent des banlieues qui avait beaucoup trop
de temps morts avec un groupe d’amis qui s’adonnaient à du grabuge mineur, je
suis heureux de rapporter que Prank
est juste dans le portrait qu’il offre de cette jeunesse.
Étant tout coincé dans cette période de malaises et
d’incertitudes qu’est l’adolescence, le groupe de protagonistes passe son temps
libre à essayer de se faire rire, philosopher, fumer (souvent les deux en même
temps) et, surtout, filmer leurs mauvais coups. Leurs attrapes ne sont jamais
vraiment réfléchies ou innovatrices, mais ce ne sont pas non plus les jeunes
les plus créatifs. Ils s’adonnent à cette activité surtout parce qu’ils
s’ennuient et ne visent jamais vraiment plus que la médiocrité.
L’un d’eux, passionné de cinéma, passe son temps à
raconter des scènes de films d’action, avec grand enthousiasme et révérence. Ses
récits, combinés à des peintures pour illustrer ses propos, ont déclenché un
déluge de souvenirs où, avec mes amis, notre seule activité était de nous raconter
des films que nous avions vus. J’ai appris le revirement final de Usual Suspects des années avant d’être
conscient de l’existence de ce film, j’ai décrit, à plusieurs reprises, avec
les mêmes détails, l’exacte scène de Predator
couverte dans ce film, je connaissais toutes les blagues du film de Dans une galaxie près de chez vous avant
d’avoir mis les pieds dans le cinéma, etc. Cet enthousiasme qu’un adolescent sait
rarement comment diriger vers quelque chose de productif, nous la mettions dans
des graffitis dans les locaux du sous-sol de mon école secondaire!
Le film est plus intelligent que simplement glorifier
les coups pendables que les jeunes montent dans leurs temps libres. Nous avons
droit à des aperçus des vies de leurs victimes, juste avant que le quatuor de
fauteurs de troubles s’en prenne à eux. Ainsi, aussi réaliste et amusant que
soit leur style de vie, il est fondamentalement égocentrique, ne prenant jamais
en considération que la voiture sur laquelle ils décident de déféquer pourrait
appartenir à un homme dont l’animal de compagnie chéri est malade et pourrait
mourir s’il ne dépense pas une somme d’argent ridicule.
Sans être parfait, Prank
capture, avec son groupe central à la dynamique réussite, un scénario
représentatif de leur réalité et un sens de l’humour capable de rire de
lui-même, une période dans la vie de cette génération. Il arrive à s’adresser à
son public avec un langage qu’il comprend tout en ne prenant personne pour des
idiots.
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