vendredi 28 octobre 2016

Prank

Directeur : Vincent Biron
Réalisé en 2016. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=-0HtcAa8SFg
Synopsis : Stéfie se lie d'amitié avec un groupe de jeunes qui s'amusent à filmer les mauvais coups qu'ils font à des étrangers.



Le cinéma a la capacité d’être une fenêtre sur une réalité qui nous est inconnue, offrant un aperçu d’une vie qui n’est pas la nôtre. Lorsqu’il réussit son pari, il arrive à capturer quelque chose de spécial qui permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Ayant été – il n’y a pas si longtemps – un adolescent des banlieues qui avait beaucoup trop de temps morts avec un groupe d’amis qui s’adonnaient à du grabuge mineur, je suis heureux de rapporter que Prank est juste dans le portrait qu’il offre de cette jeunesse.

Étant tout coincé dans cette période de malaises et d’incertitudes qu’est l’adolescence, le groupe de protagonistes passe son temps libre à essayer de se faire rire, philosopher, fumer (souvent les deux en même temps) et, surtout, filmer leurs mauvais coups. Leurs attrapes ne sont jamais vraiment réfléchies ou innovatrices, mais ce ne sont pas non plus les jeunes les plus créatifs. Ils s’adonnent à cette activité surtout parce qu’ils s’ennuient et ne visent jamais vraiment plus que la médiocrité.

L’un d’eux, passionné de cinéma, passe son temps à raconter des scènes de films d’action, avec grand enthousiasme et révérence. Ses récits, combinés à des peintures pour illustrer ses propos, ont déclenché un déluge de souvenirs où, avec mes amis, notre seule activité était de nous raconter des films que nous avions vus. J’ai appris le revirement final de Usual Suspects des années avant d’être conscient de l’existence de ce film, j’ai décrit, à plusieurs reprises, avec les mêmes détails, l’exacte scène de Predator couverte dans ce film, je connaissais toutes les blagues du film de Dans une galaxie près de chez vous avant d’avoir mis les pieds dans le cinéma, etc. Cet enthousiasme qu’un adolescent sait rarement comment diriger vers quelque chose de productif, nous la mettions dans des graffitis dans les locaux du sous-sol de mon école secondaire!

Le film est plus intelligent que simplement glorifier les coups pendables que les jeunes montent dans leurs temps libres. Nous avons droit à des aperçus des vies de leurs victimes, juste avant que le quatuor de fauteurs de troubles s’en prenne à eux. Ainsi, aussi réaliste et amusant que soit leur style de vie, il est fondamentalement égocentrique, ne prenant jamais en considération que la voiture sur laquelle ils décident de déféquer pourrait appartenir à un homme dont l’animal de compagnie chéri est malade et pourrait mourir s’il ne dépense pas une somme d’argent ridicule.

Sans être parfait, Prank capture, avec son groupe central à la dynamique réussite, un scénario représentatif de leur réalité et un sens de l’humour capable de rire de lui-même, une période dans la vie de cette génération. Il arrive à s’adresser à son public avec un langage qu’il comprend tout en ne prenant personne pour des idiots. 

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