Directeur : John Carney
Réalisé en 2016. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=C_YqJ_aimkM
Synospsis : un groupe de jeunes reclus irlandais dans une école catholique se forment un band à la fin des années 80. Pour Cosmo, c'est, entre-autre, un moyen de séduire la mystérieuse Raphina.
L’utilisation de musique dans un film peut être
délicate puisqu’elle crée une ambiance si spécifique que si elle n’est pas
maniée d’une main de maître, le public peut facilement se perdre. Sing Street équilibre avec grande maîtrise un environnement relativement sombre et le un désir ardent de s’en
défaire, le tout avec grand enthousiasme. Le résultat final est un des films
les plus charmants que j’ai vu au cours des dernières années.
Cosmo (Ferdia Walsh-Peelo, d’un naturel époustouflant
dans son premier rôle) vit une situation familiale désagréable, mais trop commune :
famille pauvre irlandaise des années 80 avec des parents qui passent leur
majorité du temps à s’engueuler. À cause de leur situation financière, il est
transféré dans une école catholique aux politiques strictes. Un jour, il
rencontre une mystérieuse mannequine (Lcuy Boynton) et prend la décision
soudaine de se partir un groupe musical afin de justifier les rapprochements
avec cette demoiselle.
L’enthousiasme et la détermination règnent sur la
majorité du film et permettent de se laisser enrôler dans la quête de Cosmo. Avec
ses chansons quelque peu naïves, mais ô combien sincères, il amène au film un
charme qui ne peut nous empêcher de le supporter. À travers son art, il cherche
autant à se définir (on parle après tout d’un film du passage à l’âge adulte),
qu’à séduire la femme de sa vie tout en combattant, à la fois, la monotonie de
sa vie rurale, sa frustration face à sa situation familiale et son impuissance
face aux figures d’autorités tyranniques.
La musique qu’il compose comme forme de protestation
est assez légère pour ne pas alourdir le film, bien au contraire (années 80
l’obligent)! Le talent des jeunes amateurs est étonnant dès leur première
répétition et ne font que s’améliorer à partir de là. Leurs prouesses musicales
innées défient quelque peu le réalisme, mais il est évident que l’univers étant
filtré par la perspective de Cosmo, la musique que nous entendons sonne
probablement bien mieux que ce que d’autres personnages entendent réellement.
Tant mieux, puisque le trame sonore originale composée pour ce film reste
coincé dans l’oreille plusieurs heures après le visionnement! Je suis sorti du
cinéma et j’étais déçu de ne pas pouvoir tout de suite écouter et ré-écouter
certaines compositions du groupe Sing Street!
Certaines implications à la fois subtiles et
puissantes amènent tout un degré sous-jacent de noirceur qui vient tempérer la
joie musicale, tout en l’élevant lors des moments clés. Un directeur d’école
qui utilise la force physique, autant que les crétins musclés dans la cours
d’école, isole nos protagonistes, ne leur donnant aucun recours pour se défendre
contre l’intimidation. De multiples sous-entendus d’abus physiques et pire
justifient ce désir d’échappatoire et le rend encore plus libérateur chaque
fois qu’une étape est franchie.
De plus, cette noirceur est maîtrisée avec tant de
précision qu’elle ne vient jamais prendre toute la place ou pousser le film
dans le mélodramatique sur-joué. Ainsi, le film peut rester charmant et
réconfortant sans être hypocrite. Ce sont les difficultés quotidiennes de ces
jeunes, dont on nous sert des indices à gauche et à droite, qui permet au film
de mériter pleinement chaque victoire que les jeunes accomplissent, ce jusqu’à
la fin.
C’est aussi ce qui permet au personnage de Raphina de
transcender son statut de « prix pour le protagoniste masculin ». Sa
vie n’est pas facile, mais elle n’est pas simplement définie et il est facile d’imaginer
qu’elle continue d’exister en dehors de ses interactions avec Cosmo. Elle
devient rapidement essentielle au groupe en prenant les choses en main avec
confiance lorsque nécessaire, sans prendre trop de place et toujours avec la
bonne attitude.
Avec les récents décès de Prince et David Bowie, des
géants de la musique et icônes queer, Sing
Street vient nous rappeler qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’être un homme.
La musique, ici utilisée intelligemment, vient supporter une quête identitaire
et permettre l’épanouissement que toute structure rigide pré-établie ne permet
pas nécessairement. Cette assurance personnelle ne viendra pas seule, alors « Driveit like you stole it »!
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