dimanche 5 octobre 2014

The Boxtrolls

Directors : Graham Annable et Anthony Stacchi
Réalisé en 2014. Avec : Isaac Hempstead Wright (Eggs), Elle Fanning (Winnie) et Ben Kingsley (Archibald Snatcher)


Les points de comparaison entre les trolls de Boxtrolls et les « minions » de Despicable Me s’appliquent autant aux personnages qu’aux films et plus largement aux films de Laika par opposition à l’ensemble des films d’animations pour enfant de nos jours (sauf les bonnes exceptions, comme Pixar ou How to Train your Dragon). Les trolls démontrent une preuve de créativité, d’intelligence et d’amour pour le médium et l’histoire qui est racontée et ils sont surtout des personnages distincts et attachants (tout ce que les minions ne sont pas). Dès l’ouverture, ils prennent une place d’importance dans le récit et sont établis comme étant le lieu de confort, leur tanière est l’endroit où il fait bon vivre et la façon dont ils s’occupent de l’enfant (la famille alternative) est touchante au point où leur capacités de gardiens n’est jamais remise en question.


Les trolls sont en fait de simples reclus de la société qui vivent sous les rues de Cheesebridge, une ville où fromage, chapeau et statut social sont étroitement liés. Ils volent ce qui traine et s’en servent pour construisent divers bric-à-brac qui sont en fait la base du fonctionnement de leur cité souterraine. Par contre, les gens ignorent presque tout d’eux en dehors de la propagande mensongère rependue par les chapeaux rouges, qui scandent dans les rues lors du couvre-feu que les trolls vont leurs manger les intestins après les avoir écorchés vif. Ainsi, Laika approche encore un sujet en prenant l’angle de « l’inconnu et l’incompris » en soulignant  l’importance d’accepter la différence. Le film est, au premier degré, bien évidemment à propos de la communication entre parents et enfants et l’importance d’accepter qui nous sommes. En opposant deux enfants, un élevé par des trolls et un élevé par des humains et en situant le film dans le camp choisi, le propos n'est que plus clair.  Comme la sorcière et les zombies de ParaNorman, les trolls en boites sont les incompris du film, sauf qu’ici ils sont établis dès le départ comme étant des bonnes personnes.


Il est important de parler du propos puisqu’il permet de pardonner certains raccourcis narratifs et une structure quelque peu boiteuse qui mène à plusieurs finales, ce qui étire un peu trop la sauce. Dans notre culture contemporaine, les définitions traditionnelles de modes de vie sont de plus en plus éclatées en mille morceaux et le concept de la famille nucléaire devient archaïque. Il devient ainsi essentiel d’avoir, dans notre environnement cinématographique, des films qui intègrent dans leurs histoires l’idée que l’autre, l’inconnu, le différent n’est pas plus mal que n’importe qui (et peut même être mieux, la capacité biologique de se reproduire ne vient pas automatiquement avec les capacités d’être parent). Ainsi, la famille alternative n’est pas le centre thématique de l’histoire, mais vient rajouter au propos en étant en second plan, n'étant jamais traité comme quelque chose de particulier, mais accepté d'emblée.


De plus, fidèle à eux-mêmes, l’équipe de Laika offre un style visuel qui est original et singulier tout en restant dans la meilleure tradition des films d’animation en volume (ou « stop-motion »). Un univers tordu et disproportionné qui crée des personnages et des décors qui ne pourraient jamais tenir debout sans assistance médicale importante. Ils optimisent de plus en plus les imprimantes 3D qui permettent d’offrir à leurs personnages une plus grande palette d’émotions et des visages plus riches et détaillés. Ils trichent aussi énormément pour ce qui est de la géographie des lieux, situant leur histoire dans une ville qui ne répond à aucune règle architecturale, physique ou même logique de base. Par contre, cette tricherie passe inaperçu devant la richesse de ces lieux et l’envoutant environnement de cette ville toute droit sortie d’une version tordu de la renaissance.


En conclusion, Boxtrolls est le plus charmant long-métrage mettant en vedette une bande de trolls qui se gavent d’insectes et de détritus. Avec des personnages et des designs originaux qui rendent le film plein de vie et de texture. La créativité mise de l’avant transcendent les moments moins forts du film au service d’un message qui est ultimement le plus important. Laïka a créé un film familial qui s’adresse autant aux enfants qu’à leurs parents et qui, au final, est bénéfique à tous!

MUK

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