Directors : Graham Annable et Anthony Stacchi
Réalisé en 2014. Avec : Isaac Hempstead Wright (Eggs), Elle Fanning (Winnie) et Ben Kingsley (Archibald Snatcher)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=Q2dFVnp5K0o
Les points de comparaison entre
les trolls de Boxtrolls et les
« minions » de Despicable Me
s’appliquent autant aux personnages qu’aux films et plus largement aux films de
Laika par opposition à l’ensemble des films d’animations pour enfant de nos
jours (sauf les bonnes exceptions, comme Pixar ou How to Train your Dragon). Les trolls démontrent une preuve de
créativité, d’intelligence et d’amour pour le médium et l’histoire qui est
racontée et ils sont surtout des personnages distincts et attachants (tout ce
que les minions ne sont pas). Dès l’ouverture, ils prennent une place
d’importance dans le récit et sont établis comme étant le lieu de confort, leur
tanière est l’endroit où il fait bon vivre et la façon dont ils s’occupent de
l’enfant (la famille alternative) est touchante au point où leur capacités de
gardiens n’est jamais remise en question.
Les trolls sont en fait de
simples reclus de la société qui vivent sous les rues de Cheesebridge, une
ville où fromage, chapeau et statut social sont étroitement liés. Ils volent ce
qui traine et s’en servent pour construisent divers bric-à-brac qui sont en
fait la base du fonctionnement de leur cité souterraine. Par contre, les gens
ignorent presque tout d’eux en dehors de la propagande mensongère rependue par
les chapeaux rouges, qui scandent dans les rues lors du couvre-feu que les
trolls vont leurs manger les intestins après les avoir écorchés vif. Ainsi,
Laika approche encore un sujet en prenant l’angle de « l’inconnu et
l’incompris » en soulignant l’importance d’accepter la différence. Le film
est, au premier degré, bien évidemment à propos de la communication entre
parents et enfants et l’importance d’accepter qui nous sommes. En opposant
deux enfants, un élevé par des trolls et un élevé par des humains et en situant
le film dans le camp choisi, le propos n'est que plus clair. Comme la sorcière et les zombies de ParaNorman, les trolls en boites sont
les incompris du film, sauf qu’ici ils sont établis dès le départ comme étant
des bonnes personnes.
Il est important de parler du
propos puisqu’il permet de pardonner certains raccourcis narratifs et une
structure quelque peu boiteuse qui mène à plusieurs finales, ce qui étire un
peu trop la sauce. Dans notre culture contemporaine, les définitions
traditionnelles de modes de vie sont de plus en plus éclatées en mille morceaux
et le concept de la famille nucléaire devient archaïque. Il devient ainsi
essentiel d’avoir, dans notre environnement cinématographique, des films qui
intègrent dans leurs histoires l’idée que l’autre, l’inconnu, le différent
n’est pas plus mal que n’importe qui (et peut même être mieux, la capacité
biologique de se reproduire ne vient pas automatiquement avec les capacités d’être
parent). Ainsi, la famille alternative n’est pas le centre thématique de l’histoire,
mais vient rajouter au propos en étant en second plan, n'étant jamais traité comme quelque chose de particulier, mais accepté d'emblée.
De plus, fidèle à eux-mêmes, l’équipe
de Laika offre un style visuel qui est original et singulier tout en restant
dans la meilleure tradition des films d’animation en volume (ou « stop-motion »).
Un univers tordu et disproportionné qui crée des personnages et des décors qui
ne pourraient jamais tenir debout sans assistance médicale importante. Ils
optimisent de plus en plus les imprimantes 3D qui permettent d’offrir à leurs
personnages une plus grande palette d’émotions et des visages plus riches et
détaillés. Ils trichent aussi énormément pour ce qui est de la géographie des
lieux, situant leur histoire dans une ville qui ne répond à aucune règle architecturale,
physique ou même logique de base. Par contre, cette tricherie passe inaperçu
devant la richesse de ces lieux et l’envoutant environnement de cette ville
toute droit sortie d’une version tordu de la renaissance.
En conclusion, Boxtrolls est le plus charmant
long-métrage mettant en vedette une bande de trolls qui se gavent d’insectes et
de détritus. Avec des personnages et des designs originaux qui rendent le film
plein de vie et de texture. La créativité mise de l’avant transcendent les
moments moins forts du film au service d’un message qui est ultimement le plus
important. Laïka a créé un film familial qui s’adresse autant aux enfants qu’à leurs
parents et qui, au final, est bénéfique à tous!
MUK
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