mardi 7 octobre 2014

Gone Girl

Director : David Fincher
Réalisé en 2014. Avec : Ben Affleck (Mr. Dunne), Rosamund Pike (Mrs. Dunne), Kim Dickens (Détective suspicieuse) et Carrie Coon (Jumelle de Ben Affleck).
Trailer : Loin d'être nécessaire.
Nous avons ici affaire au type de film qui gagne à être absorbé sachant le moins d’information possible. Je vais tenter de me tenir loin de tout ce qui ressemble à un détail par rapport à l’intrigue puisque tout ce qui est à vraiment savoir se retrouve dans les bandes annonces et constitue une toute petite partie du film. Par contre, si vous voulez rester le plus « pure » possible, je vais tout de suite y aller d’une recommandation non contenue! Gone Girl est un thriller ficelé très serré et minuté à la seconde près qui est impossible à prédire (et c’est un énorme compliment, pas une critique du scénario).

Tout cela constitue le premier degré de construction du film qui est l’aspect dont la qualité est la plus évidente. Le film établi le thriller classique du mari dont la femme disparaît dans des circonstances mystérieuses suivit du public qui se forge une opinion (ce public peut autant être les foules qui suivent l’histoire dans le film qu’à l’extérieur). Mais l’intrigue prend tellement de revirements que notre avis sur chaque personne change constamment (et je parle autant des protagonistes que des rôles secondaires). Les rôles des alliés et ennemis se retournent sans cesses et tous sont complets et complexes, au service d’un scénario qui leurs donnent tous un rôle important à jouer. Le film a une durée de 2h30, mais ne laisse ressentir aucune longueur et dès qu’il semble y avoir l’once d’un temps mort, la balle est rattrapée et le scénario est reparti pour un tour.


L’efficacité du scénario est une chose, mais il est aussi intelligemment écrit et toujours au service de propos pertinents. En jouant avec les perceptions et attentes des spectateurs, le film s’attaque à la médiatisation de tragédies personnelles, mais surtout à la place des protagonistes dans leur couple ainsi que nos attentes et besoins dans une relation. Ces thèmes semblent d’abord très peu liés, mais lorsqu’une relation est observée d’un point de vue superficiel qui ignore la majorité des détails, les gens sont traités comme des pions ou des morceaux de cartons et non comme des personnes à part entière. L’attente et les rôles genrés dans un couple qui doivent affrontés les étiquettes et les préjugés destructeurs que l’on a trop rapidement tendance à assigné autant aux personnalités connues qu’au gens qui nous sont proches. De plus, le film joue beaucoup avec les rôles des femmes et des hommes, donnant au film non pas une, mais trois personnages féminins complexes et fascinantes. Leurs dynamiques par rapport au monde qui les entoure et aux hommes dans leurs environnements viennent toujours servir un questionnement central d’attentes préconçues autant dans les histoires que l’on absorbe que dans nos relations interpersonnelles. Gone Girl est l’un des rares films où les rôles féminins et masculins ne pourraient pas être inversés sans changer drastiquement les dynamiques de personnages.


De plus, le film s’en prend sans aucune pitié à la façade et aux apparences entretenues par tout un chacun. Il approche les jeux joués en se basant sur des attentes irréalistes et inhumaines dans lesquels nous sommes tous coincés, qui sont toutes datés d’un monde qui n’existe plus et qui sont fondés dans une réalité qui n’existe plus en dehors de la fiction que l’on perpétue via des stéréotypes mal informés et des raccourcis paresseux qui ont mal vieillis et pourtant se retrouvent partout malgré nous. Personne n’est la princesse ou le prince charmant et pourtant tout le monde cherche l’équivalent qui doit s’agencer avec ce qu’ils ne sont mêmes pas eux-mêmes. 

La réalisation très léchée et le réalisme de l’approche nous place directement au cœur de l’intrigue, retournant pratiquement la caméra vers le public pour effectuer plus directement sa critique. Par contre, l’esthétique du film reste très froide, créant, malgré le réalisme, une distance qui nous place dans le rôle du public. Le simple fait que le long-métrage atteigne cet équilibre entre deux approches aussi opposées témoigne du talent de Fincher et de la minutie de sa réalisation. Il nous permet ainsi de s’identifier autant aux personnages qui sont au noyau du récit, mais toujours en tant que voyeur et complice de tout le public qui suit l’histoire à travers les médias et qui juge trop rapidement le peu de faits auxquels ils ont accès.


En conclusion, Fincher construit encore une fois un film sur lequel il garde un contrôle absolu, guidant son public d’une surprise à l’autre sans permettre une quelconque déviation de l’objectif. Le film sera probablement très critiqué pour le rôle d’un certain personnage féminin et de nombreuses personnes vont mal interprétés l’intention de cette histoire, puisque son impact est très fort et cet aspect est particulièrement marquant, mais même si le fondement de ces critiques est très visible, elles démontrent une mauvaise volonté ou incompréhension du propos central. Il suffit simplement de regarder au delà des apparences.

MUK

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