vendredi 8 décembre 2017

Films de 2017

Films 2017
Tous les films que je vois n’ont pas droit à une critique entière, mais voici tout de même une banque, en ordre alphabétique, des films que j’ai vus cette année, accompagnés de courts textes pour avoir une idée sommaire de leurs forces et faiblesses. Mes films favoris sont marqués d’une ( * ) et ceux qui le sont…moins ont un ( – ), histoire de rendre la navigation plus simple.
La mise à jour est (environ) hebdomadaire.

CTRL + F + titre du film recherché

120 battements par minute *
Malgré un sujet difficile et peu réjouissant, la plus grande réussite de 120 battements par minute est sa célébration de la vie et, surtout, d’un espoir toujours présent, même s’il est parfois quasi-invisible. À certains moments, il semble que la lutte du mouvement Act Up Paris soit en vain : les choses tournent en rond, les débats se répètent et se ressemblent, les actions de révoltes et cris de désespoir semblent tomber dans l’oreille d’un sourd tandis que le temps continue de filer et les séropositifs continuent de mourir. Le style de caméra alterne grandement entre le public et le privé. Les scènes de groupes (réunions hebdomadaires, manifestations, actions de dénonciations) sont tournées avec une approche près du documentaire, amenant un inévitable réalisme qui nous plonge au cœur de leur quotidien. En privé, l’intimité est le mot d’ordre, avec un scénario plein de révélations et de mise à nu des sentiments et une caméra qui filme avec tendresse des personnages qui n’ont que très peu de moments répits dans cette lutte constante pour leur vie. 120 battements par minutes fait ressortir, avant tout, l’humanité au cœur d’un mouvement d’activistes et les difficultés de ce qui est, au final, un mode de vie imposé à des fragments de la population dont la grande majorité préfère ignorer les problèmes. 
20th Century Woman *
Critique complète

Les affamés *

Le paysage du cinéma de genre au Québec est comparable aux campagnes de Les affamés : un magnifique désert plein de potentiel, négligé et oublié. Ainsi, lorsque le réalisateur Robin Aubert décide enfin de mettre la main à la pâte et dévouer l’énergie et la créativité nécessaires à son projet de zombies, il en ressort un objet réellement spécial, quelque chose d’unique en son genre. Les affamés reprend les codes du cinéma de zombies et se réapproprie l’univers post-apocalyptique en se situant dans les régions québécoises qui se désertent de plus en plus - zombie ou pas. Il atteint un équilibre entre l’horreur pure (gore, sursaut, tension) et l’ambiance lente qui souligne l’angoisse existentielle latente d'un problème qui n'a pas de bonne solution. Certes, il y a quelques scènes de poursuites stressantes avec des zombies qui pourchassent nos protagonistes à travers champs et forêts, mais on est surtout marqué par les silences méditatifs, le chant assourdissant des grillons sur des décors vides et la dignité calme et réservée des protagonistes. Il n’y a pas lieu de s’y méprendre, Les affamés est un film de zombies, pur et dur, mais son identité québécoise est tout aussi indéniable.  
After the storm *
Un film sensible et humain qui peint le portrait complexe d’un homme ordinaire aux nombreuses failles et sans grand talent qui fait de son mieux, tout simplement. Les meilleurs films sont ceux qui arrivent à capturer une réalité, de prime abord banale, pour leur insuffler une universalité qui élève un film « où rien ne se passe ». Ainsi, comme beaucoup d’entre nous, le protagoniste Shinoda Ryôta n’est ni le héros ou le vilain de sa propre histoire, même s’il est constitué d’un peu de ces deux essences. Le film d’Hirokazu Koreeda fait partie de ce cinéma si simple et près de notre expérience quotidienne qu’il semble ne faire aucun effort et « est » tout simplement. On assiste aux péripéties de Ryôta comme on écoute un ami ou une connaissance nous raconter sa fin de semaine, et on en tire ce que l’on veut. Heureusement, il y a beaucoup à tirer d’After the Storm
Alien: Covenant
Une chose est claire avec Alien : Covenant : Ridley Scott ne veut pas vraiment faire des films d'Aliens. La franchise populaire sert de véhicule pour toucher à des idées qui n’étaient certainement pas présentes dans la série d’horreur que lui, Dan O’ Bannon et H.R. Giger ont enfantée. Il se réapproprie ainsi sa propre création, à la base un film de violence sexuelle, pour philosopher la relation créateur/création et les dangers de cette création irresponsable. Il arrive à mieux lier Covenant à la série que Prometheus et l’utilisation du Xenomorph est plus pertinente, même si l’usage obligatoire des moments « Alien » semble plus forcé ici. Le film n’est pas parfait, mais a une idée claire en tête et utilise Michael Fassbender à la perfection. Il fait la juste part entre ses thèmes et réflexions et l’hémoglobine - que peut-on demander de plus? 
American Made
Décousu, mais énergique, le Wolf of Wall Street de Tom Cruise est loin d’être ennuyeux. Par contre, il n’arrive pas vraiment à faire un tout cohérent avec tous les éléments avec lesquels il jongle du début à la fin. Comme dans la majorité de ses rôles, Cruise dédie 100% de son énergie à la cause et ainsi, le résultat final reste dynamique et distrayant, mais considérant la grosseur de ce à quoi il touche (criminel historique irresponsable et validé par le gouvernement américain), il ne peut s’en tirer qu’avec « ludique et divertissant ». Il y a beaucoup de potentiel à explorer et une ambiance éclectique qui pourrait être utilisée à meilleur escient, mais même Domnhall Glesson n’arrive pas à réchapper ce film.
Atomic Blonde
Baby Driver *
Baccalauréat *
Explorant des thèmes de masculinité étouffante très similaires à The Salesman, Baccalauréat est un peu plus pointu dans sa critique sociale. Le scénario complexe avec une idée derrière la tête l'intègre finement dans un drame terre-à-terre sur un homme qui tente tant bien que mal de garder un contrôle sur ce qui l’entoure. Du haut de sa position de pouvoir, il arrive par contre mal à réaliser parfois que ce qu’il pense être le mieux pour tous est subjectif et que sa poigne serrée peut devenir étouffante. La mise en scène réaliste permet de prendre conscience de la façon dont cette toxicité masculine peut être discrète, presque invisible, dans notre quotidien et le poids qu'elle peut avoir sans qu'on s'en rende toujours compte.

The Bad Batch

Sans être aussi ciblé et thématiquement satisfaisant que A Girl Walks Home Alone at Night, le premier long métrage d’Ana Lily Amirpour, The Bad Batch est quand même un objet de curiosité qui mérite le détour. Cette exploration lente et méditative d’un monde isolé où régit la loi du plus fort se perd un peu après une heure, mais elle ne cesse de surprendre et l’inattendu est toujours chose précieuse au cinéma. Amirpour s’intéresse plus aux ambiances qu’aux dialogues et elle prouve encore une fois qu’elle peut raconter des histoires complètes avec si peu. Il est difficile de qualifier cette combinaison de genres (Action? Romance? Post-apocalyptique? Horreur?) Il y a certainement de beaucoup et pour tous les goûts, mais c’est cette absence de direction claire qui empêche au film d’atteindre vraiment son plein potentiel. Par contre, avec un Jim Carrey méconnaissable, qui ne fait que grogner, et l’hilarant monologue final de Keanu Reeves, il est impossible de ne pas recommander le désarçonnant The Bad Batch
Ballerina -
Un film français commercial et artificiel avec quelques éruptions de créativité malheureusement trop rares. De la peinture à numéro de film pour enfants, avec des raccourcis narratifs qui font de la protagoniste un individu à la moralité douteuse. En terme de divertissement familial, on peut par contre facilement faire pire (films d’Illumination ou Dreamworks). C’est une triste constatation que la barre est si basse pour le divertissement culturel de ceux à qui l'on a l’intention de léguer notre planète.


Barbara*
Le biopic est un genre à la formule si ennuyante et prévisible que de voir Barbara adopter une approche aussi innovatrice fut une révélation. Même pour ceux qui ignorent tout de la chanteuse – comme moi, la mise en abime autour de laquelle le scénario est construit permet une réflexion en profondeur sur le processus créatif. On alterne entre le biopic conventionnel de la chanteuse et les coulisses de la production de cedit film, ainsi, les acteurs du film deviennent des personnages clés autant que les « vraies » personnes qui entouraient la figure titulaire. On rend hommage à sa vie et sa musique à travers les yeux d’un cinéaste en constante remise en question pour s'assurer de rendre justice adéquatement à cette grande dame. De plus, à mesure que le récit progresse, la ligne entre la réalité et la fiction s'amincit, ce qui amène de nouvelles réflexions et pousse le concept vers des contrées inattendues et rafraichissantes.
Battle of the Sexes
Battle of the Sexes est un film historique « inspiré de faits vécus » à la formule assez classique, avec les raccourcis usuels et les moments trop appuyés, qui est rattrapé par ses thèmes d’ intersectionnalité encore d’actualité, ses excellents acteurs principaux et le grand soin apporté à l’histoire d’amour clé au cœur du film. Avec ses thèmes de libération des femmes ET un personnage LGBT, le film des réalisateurs de Little Miss Sunshine en gère large. Par conséquent, il lui arrive de tomber dans les raccourcis. Par contre, il sait ou accorde l’importance nécessaire: aux relations des deux antagonistes à leurs entourages. Par exemple, ce n’est pas dramatique qu’il y ait une « méchante » aussi unidimensionnelle que Margaret Court lorsque le Bobby Briggs de Steve Carrell est traité avec autant de nuance et on distingue à peine les différentes joueuses de l’entourage de Billie Jean King, mais sa relation avec son mari, sa « coiffeuse » et sa sexualité compensent en complexité. Ainsi, en termes de film biographique/historique, Battle of the Sexes se classe sur les échelons de qualité supérieurs.
Beach Rats
Subtil et humain, Beach Rats ne réinvente toutefois pas la roue (dans ce cas-ci, la roue du récit sur l’adolescent en quête de sa sexualité). La performance terre-à-terre et sans prétention du jeune Harris Dickinson ancre un récit sobre surtout constitué de gros plans d’un ado confronté aux attentes de la société face à sa sexualité. Beach Rats est de ses modestes films qui s’intéressent à un sujet, l’explorent avec détermination et n’en démordent pas jusqu’à ce qu’ils nous aient peint le portrait complet d’une situation spécifique. La touche empathique de la mise en scène rend universel avec grâce l’éternel récit de quête identitaire lors du passage à l’âge adulte.
Beatriz at Dinner
Une comédie dramatique d’actualité au cours de laquelle une immigrante de la classe ouvrière (Salma Hayek) se retrouve à un souper avec un substitut pour Donald Trump (John Litgow). C’est créatif, rafraichissant et Salma Hayek offre une performance loin de ce à quoi nous sommes habités de la voir. Sensible, vulnérable et tourmentée, elle arrive à incarner l’anxiété et le poids sur les épaules des immigrants tout en étant sa propre personne. Le malaise d’une personne à revenu modeste au milieu de gens riches et puissants est vrai et le scénario et les acteurs font ressortir tout l’humour de cette situation. Seul bémol, le film tente parfois d’être plus profond qu’il arrive à être. Le commentaire et la situation n’offrent pas tant de nouveau regard sur cette dynamique et les moments qui tentent d’être plus poétiques donnent l’impression d’être plus redondants qu’autre chose. Ils sont heureusement trop peu nombreux pour trop alourdir le film.
The Beauty and the Beast
L’Hermione d’Emma Watson fut une figure si importante pour Olivier-adolescent qu’il fut difficile de ne pas simplement tomber sous le charme de sa Belle et en rester là. Bill Condon réalise adéquatement cette remise aux goûts du jour d’un classique animé qui n’en avait pas nécessairement besoin. Par contre, l’effort de Disney de reconstruire leur catalogue avec des optiques plus modernes est louable. Ainsi, la Cendrillon de Lily James est plus autonome, le Jungle Book de Jon Favreau se débarrasse des idées colonialistes du texte original et Belle est approchée ici avec une claire visée féministe en tête.
Before I Fall -
Groundhog Day édition Intimidation Adolescente est une bonne idée en soi, il est par contre ennuyeux que l’exécution reste prévisible et le scénario en surface. Après une première journée, il est facile de deviner la suite des choses et l’ultime résolution ne semble pas prendre en considération des éléments majeurs de la psychologie adolescente dont il veut parler.
The Beguiled
Avec la panoplie de talents à l’écran, il est difficile de faire fausse route avec The Beguiled, le dernier drame (/thriller?) de Sofia Coppola. Avec une mise en scène toute en finesse, Coppola nous invite à constater l’impact qu’a un homme aussi charmeur que Colin Farrell sur une maisonnée constituée uniquement de femme. Son jeu avec la tension est l’une des grandes réussites du film, quelle soit sexuelle ou autre. Il est facile de célébrer le talent des grosses pointures comme Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Colin Farrell (et ils le méritent ici autant que n’importe où), mais l’équilibre du film nécessite des actrices à la hauteur pour même les plus petits rôles et Coppola accomplit ici à un ensemble sans fausse note. Nous sommes déjà au courant du talent de l’insaisissable Elle Fanning et Angourie Rice n’a plus rien à prouver depuis The Nice Guys, mais Emma Howard, Addison Riecke et Oona Laurence arrivent aussi à laisser leur trace malgré leur jeune âge et rôle plus limité, preuve autant de la qualité du scénario que de la direction. 
The Big Sick *
Le modèle de comédie romantique américaine commence à se faire vieux et tout en s’en inspirant, The Big Sick arrive à y injecter une dose d’humanité contemporaine qui en fait l’un des films les plus charmants de l’été. Le scénario autobiographique amène au film la sincérité essentielle autant à la comédie qu’au drame, et il équilibre ces deux aspects avec grand soin. Malgré une histoire relativement convenue (et la marque « inspiré d’un fait vécu » qui rend la finale impossible à ne pas voir venir), on arrive à nous surprendre ici et là. Des quatre comédiens principaux, aucun ne laisse sa place et tous arrivent à nous marquer à leur façon. En plus d’être une histoire d’amour, on nous parle également d’expérience immigrante (un sujet toujours d’actualité) avec maturité et soin, preuve de la pertinence de permettre à une variété d’individus de raconter leurs expériences de leur point de vue respectif. C’est un cliché – donc qui doit, par défaut, être évité, mais dans ce cas-ci s’applique assez pour faire exception : avec The Big Sick, on rit, on pleure et on en ressort un peu plus léger. 
Blade Runner 2049 *
Bon Cop Bad Cop 2 -
Patrick Huard ne devrait pas être laissé à lui-même. Comme on l’a vu dans Mommy et Guibord s’en va-t-en-guerre, il peut être si bon lorsqu'utilisé correctement. Il amène à l’écran une humanité vulnérable et de charisme comme peu y arrivent au Québec. Par contre, lorsqu’il met ce talent au service d’un scénario construit pour le mettre en valeur (Ego Trip), l’effort tombe à plat. David Bouchard, son personnage de policier rebelle aux méthodes peu orthodoxes, revient donc pour Bon Cop Bad Cop 2, film duquel Huard est le seul scénariste et en dehors de Colm Feore, aucun des charmes du premier film n’est de retour. Le cinéma québécois est à son pire lorsqu’il essaie d’être ce qu’il n’est pas. Si l’original se voulait une réappropriation culturelle du film d’enquête policière américain sous forme d’une parodie à saveur locale, la suite n’a aucune conscience d’elle-même et essaie simplement d'être un film américain, sans le budget ou le savoir-faire technique. Ainsi, on passe beaucoup trop de temps à développer une intrigue insignifiante de vol de voiture/attaque aux États-Unis, sans élément subversif ou créatif quelconque. Le scénario prend beaucoup trop au sérieux son récit trop compliqué et terriblement ennuyeux. Quand le film n’est pas ennuyeux, il met en valeur la vision macho rétrograde et sexiste de Huard sur son personnage de patriarche et sa masculinité impeccable. Les femmes dans sa vie n’existent que pour valider sa grandeur et son importance et la seule fois qu’une femme prend en charge une scène et fait violence à son agresseur - comme les hommes le font habituellement aux méchants, il la traite de folle (littéralement). S’il y a une seule bonne chose à tirer de tout ce foutoir, c’est la présence de Colm Feore qui amène une humilité et un charme dont le reste du film manque indéniablement. En voulant être plus grandiose et sérieux (c.-à-d.: plus américain), Bon Cop Bad Cop 2 perd son identité, celle qui avait tant séduit le Québec il y a 10 ans.

Brigsby Bear
Un modeste drame tendre et amusant qui arrive malheureusement à une conclusion irresponsable et immature. Le protagoniste de Brigsby Bear, James, fut kidnappé bébé et gardé dans un bunker par des « parents » qui utilisaient des casettes d’une fausse série pour enfant (Brigsby Bear) pour l’élever et l’éduquer. Il a développé une obsession pour cette série formatrice, ses personnages et sa logique, qu’il conserve après avoir été sauvé, à l’âge de 25 ans. Il doit ainsi réintégrer le monde avec comme seule bouée de sauvetage une émission jeunesse que personne ne connait et qui fut pensée par ses kidnappeurs pour le garder servile et otage. Par contre, le film n’a pas vraiment conscience du rapport néfaste qu’a James avec la série et ainsi n’explore jamais les conséquences logiques de cette situation. Il préfère valider cet adu-lescent dans son obsession, comme une génération d’adultes modernes et leur nostalgie pour la culture de leur enfance qui les empêche de pleinement assimiler le monde et ses responsabilités. En dehors de ce détail (clé), le film est bien exécuté et joué, avec la bonne dose de comédie (mais pas assez de Mark Hamill). La première moitié fonctionne comme une sorte de version plus comique de Room, ce qui n'est pas mauvais, c’est seulement vers la fin que le film n’arrive pas à manifester le courage pour prendre la voie mature et préfère transformer une psychologue qui veut le faire décrocher en méchante trop sévère.
C’est le cœur qui meurt en dernier
Avec un scénario aussi conventionnel qu’une exécution médiocre, on ne proclame ni on n’enterre C’est le cœur qui meurt en dernier. Un film discret et stable dans son rythme ordinaire. Céline Bonnier et Sophie Lorain arrivent à y insuffler un peu de vie le temps de quelques scènes et le montage dynamique et fluide lors de l’ouverture démontre une créativité de direction qui disparait rapidement, mais sinon il y a très peu à recommander ici.
Ceux qui font la révolution à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau*
Chuck
De tous les réalisateurs qui font la transition aux États-Unis, Philippe Falardeau est probablement celui qui réussit le moins bien (quoi qu’il nous reste à voir le film américain de Dolan), ce qui est dommage puisqu'il est une de nos voix québécoises les plus distinctes. Cela n’est pas pour dire que Chuck est mauvais, simplement qu’il est loin d’être exceptionnel. L’histoire vraie de l’homme qui a inspiré Rocky tombe étonnamment dans une formule hollywoodienne, de l’étoile montante qui brûle trop fort et vite pour ensuite s’écraser. Malgré qu’il soit conventionnel, le film reste compétent et charmant, avec une performance principale de Liev Schreiber qui a l’opportunité de montrer ce dont il est capable. Il amène tendresse et innocence à ce gros bourrin qui essaie simplement de faire de son mieux – à la Rocky.
The Circle -
The Circle est un beaucoup trop long épisode de Black Mirror, avec encore moins de subtilité ou de maitrise. Avec une vague idée technophobe qui part dans toutes les directions, sans jamais avoir de nuance au propos, il est difficile de cerner où James Ponsoldt voulait en venir. Le scénario finit par ne pas dire grand-chose tout en ne contenant aucune humanité. Le traitement le plus ennuyeux et alarmiste que l’on puisse faire d’une telle prémisse. Personne n’a de trait de personnalité clair et on a ainsi tout misé sur des acteurs charmants et charismatiques, une solution limitée lorsque le scénario ne leur donne rien à jouer. En fin de compte, on ressort de ce film plus confus que déterminé ou inspiré.


Coco *
Ancré dans une perspective culturelle qu’on ne voit que trop rarement, Coco se démarque du lot de films de Pixar en étant un des films les plus « vrais » de la filmographie du studio. Avec une intrigue assez simple et même prévisible, mais ô combien fonctionnelle et efficace – une marque de commerce du studio – les péripéties du jeune Miguel ne perdent jamais de vue le protagoniste et sa quête personnelle/émotionnelle. Situé dans un des environnements les plus colorés et vivants du cinéma d’animation contemporain, Coco injecte une bonne dose d’énergie et de bonheur à son public et nous rassure qu’après The Good Dinosaur et Cars 3, Pixar n’a pas perdu la main. 
Colossal *
Le cinéma de genre, à son meilleur, est capable d’utiliser des notions complètement farfelues pour nous parler des choses les plus humaines. Colossal utilise des kaijus en duels dans les rues de Séoul pour nous parler d’alcoolisme, de relations abusives et de reprise en main. N’ayant clairement pas le budget des Transformers ou Pacific Rim de ce monde, le cinéaste utilise ingénieusement ses ressources pour faire ressentir l’ampleur des enjeux. Le talent d’Anne Hathaway est égalé par un antagoniste nuancé dont les vices ne sont que trop réaliste. La conclusion, qui a très peu de patience pour la masculinité toxique, offre la catharsis parfaite pour ce récit.
Le commun des mortels
En réalisant cet hommage à son père – Éverard Leblanc, un homme loin d’être exceptionnel au premier coup d’oeil –, le documentariste Carl Leblanc nous permet de prendre conscience du vécu de nos ancêtres. Il transforme une anodine biographie en histoire épique qui évolue en parallèle avec l’Histoire que l’on connait. Cet ouvrage anthropologique soulève des réflexions pertinentes sur notre rapport à l’Histoire et au passé. Malgré quelques décisions techniques discutables et un épilogue superflu, Le commun des mortels est un documentaire charmant mené par de bonnes idées.
Je compte sur vous - 
Un autre film qui se prend pour Wolf of Wall Street, sans la maitrise et la nuance de Scorsese. On nous présente un protagoniste qui se veut sympathique, mais qui ne fait que passer un film à ruiner la vie de pauvres employés de bureau et n’a aucune qualité rédemptrice pour excuser ses crimes. Ainsi, le scénario vise une complexité qu’il n’atteint jamais puisque l’individu au centre du récit ne passe que de « terrible » à « encore plus terrible ».
A Cure for Wellness
Un thriller n’a besoin quede réussir un élément à la perfection pour avoir un film solide et c’est l’ambiance. Heureusement pour Gore Verbinski, il démontre ici une maitrise impressionnante de l’atmosphère. Ainsi, même si le scénario n’est pas le plus surprenant, nous sommes absorbés dans ce mystère, qui nous agrippe avec force et relâche rarement son emprise. La finale risque d’en décevoir certains puisqu’elle prend au dépourvu, mais le virage inattendu fonctionne avec les thèmes mis en places et amène une conclusion plaisante qui solidifie à quelle sorte d'histoire nous avions affaire tout ce temps.
Le cyclotron
La danseuse
Sans être impeccable, La danseuse vaut le détour simplement pour les séquences époustouflantes de danse qui ne ressemblent à rien de déjà vu et prennent plein avantage du médium. Le jeu de couleurs, de lumières et de musique, combinés à une Soko qui n’a pas froid aux yeux, nous aident à pardonner certains des moments « obligatoires » de biopics ou chaque fois que Lily-Rose Depp apparait à l’écran.

The Dark Tower -
Lorsqu’on adapte un récit préexistant, il est préférable de se l’approprier, ce qui explique et excuse souvent les divergences au matériel adapté. Ce n’est pas un problème en soi que The Dark Tower remixe les éléments de la série de livres fantastiques pour en faire un récit différent qui aurait pu être tout aussi épique et grandiose. Le problème majeur est que la quinzaine de scénaristes qui se sont attaqués à ce film ont choisi de faire de Jake Chambers le protagoniste, et ce choix démontre une incompréhension fondamentale du magnum opus de Stephen King. Ils démontrent aussi à quel point ils n’ont aucunement confiance en leur public, en passant la première demi-heure (du très court film) à ancrer leur récit dans la perspective d’un jeune garçon de notre monde, avec ses problèmes et ses anxiétés qui sont relativement inconséquentes au récit global. De plus, tout est expliqué et réduit à ses composantes les plus simples, pour rendre le tout accessible et facile à digérer. Idris Elba et Matthew McConaughey se démarquent admirablement, malgré les dialogues pénibles qui leur sont imposés. Leurs seules présences amènent une gravité et une importance au récit que le scénario n’arrive jamais à nous faire sentir. Rarement une superproduction n'a été aussi inconséquente et mineure que The Dark Tower, qui devrait être tout sauf.

De père en flic 2

Cet été, nous avons eu droit à deux approches très différentes sur la suite au cinéma. Tandis que Bon Cop Bad Cop 2 dénaturait complètement l’attrait du premier film en faisant plus gros et américain, misant sur le budget et l’action pour créer un objet complètement méconnaissable, De père en flic 2 lui a recyclé sa recette pour refaire le même film en changeant les noms de personnages et de lieux. Étonnamment, celui à l’approche initiale la moins créative à réussit à, non seulement être le meilleur des deux, mais arrive à un résultat meilleur que l’original. Ne vous détrompez pas, on reste dans une comédie à grand public (et au Québec, on a beaucoup de difficulté avec ça), mais mine de rien, l’humour fonctionne sans être –trop- facile, le drame va plus loin que l’original, certains moments tendent vers le progressisme et on arrive à quelque chose qui ressemble à une nuance dans nos personnages! Louis-José Houde offre une meilleure performance dramatique ici que dans son « Gros Rôle Dramatique » de Ça sent la coupe et les acteurs de soutiens sont tous dans des rôles qui mettent de l’avant leurs forces. Tout le monde a droit à des petits moments qui humanisent les caricatures et archétypes qu’ils doivent interpréter.  Donc dans l’ensemble, un film sympathique qui mérite plus son succès que l’autre suite à un film de police québécois de l’été!
Detroit *
Difficile de dire quel film à l’affiche en ce moment est plus conducteur d’anxiété : Dunkirk, sur des conflits armés, avec bombardements, combats d’avions et un ennemi invisible qui est partout ou Detroit, sur la tension raciale de la ville américaine dans les années 60. Le film de Kathryn Bigelow se catégorise facilement comme un film d’horreur et est l’une des expériences les plus déplaisantes qu’il m’ait été donné de vivre en salle cette année (de la meilleure façon possible). La tension incroyable avec laquelle elle construit la pièce centrale de son film, avec les codes du film d’horreur qui s’appliquent à la situation afro-américaine aux États-Unis - avec un psychopathe tueur qui semble échapper à toute loi qui gouverne nos protagonistes. Par contre, tandis qu’un tueur de films d’horreur traditionnel échappe aux lois de la physique et de la logique parce que le scénario l’exige, nos tueurs ici échappent littéralement aux lois mises en place à cause du racisme systémique. Les interprètent des victimes amènent toutes un mélange de dignité et de terreur existentielle qui rendent impossible de ne pas s’identifier à la situation, avec une caméra très proche qui nous emprisonne avec eux et leur bourreau. De plus, tandis qu’une adaptation de fait vécu utilise généralement les cartons-titres en conclusion pour rajouter de l’information semi-pertinente ou prendre le public pour des idiots, Detroit les utilise comme coup de poing final au public, raffermissant l’idée que cette injustice d'actualité. Les films historiques sur le racisme tentent généralement de nous éloigner des atrocités pour que l’on se sente mieux, mais Detroit est un film en colère qui ne nous permet jamais de nous échapper, nous forçant à faire face aux dégoûtantes injustices contemporaines.

The Disaster Artist *
James Franco réalise et est la vedette, avec son frère Dave Franco, de cette fiction sur la production d’un film culte réputé pour être l’un des pires films au monde. En plus d’être une comédie réussite sur un personnage excentrique qui projette une image difficile à cerner, The Disaster Artist est aussi un drame sur une amitié entre deux acteurs qui ont été piqués par Hollywood et ses grands rêves, sans avoir le talent pour supporter cette ambition. Que les deux personnages soient joués par deux frères ajoute à la dynamique, insufflant clairement une camaraderie entre eux dès leur premier instant à l’écran, et ce, même si le Tommy Wiseau de James Franco est aussi déconnecté de la réalité. Ce Tommy Wiseau est d’ailleurs une des plus grandes réussites du film, puisque Franco arrive à préserver la légende autour de cette figure élusive tout en démystifiant complètement l’homme, dont les émotions, ambitions et motivations sont mises à nu ici pour que l’on puisse tous constater quel genre d’homme il est réellement, pour le meilleur et pour le pire. 
Dunkirk *
Christopher Nolan est de retour, avec un film qui se classe facilement dans le premier tiers de sa filmographie. Dunkirk est une expérience intense comme on en voit rarement et justifie à lui seul l’existence des écrans géants. À voir sur le plus gros écran avec le plus gros système de son, car on vit Dunkirk plus qu’on l’écoute, avec une conception sonore qui garde nos sens à fleur de peau et des vibrations qui épuisent et stressent notre corps comme le ferait une montagne russe. Malgré un récit de guerre assez classique, exécuté à la perfection, Nolan arrive quand même à y apporter sa touche personnelle en jouant avec la structure et la temporalité avec grande intelligence. Le tout devient ainsi un effort autant physique qu’intellectuel. Avec une approche qui préfère grandement nous parler en images plutôt qu'en dialogues, Dunkirk est le Mad Max : Fury Road des films de guerre. 
L’économie du couple *
Un film « tranche de vie » sur la période difficile qu’est la rupture d’un couple de parents. Sans jamais prendre de camp ou offrir d’issue facile, L’économie du couple met de l’avant la complexité logistique et émotionnelle d’une telle situation. Avec une caméra presque voyeuse et des acteurs aussi naturels, on pourrait croire en un documentaire qui envahit l’intimité d’une famille, avec tout le malaise et l’authenticité que ça implique.
Et au pire, on se mariera –
Malgré l’importance de son sujet, Et au pire, on se mariera souffre entre autres du fait que plusieurs films récents ont touchés à des thèmes similaires avec une main beaucoup plus assurée. Diary of a Teenage Girl, Nelly et même The Edge of Seventeen touchent à cette question très complexe de la sexualité adolescente et la façon que notre société et ses attentes mélange et déforme la chose. En dehors de l’intention de son propos, le dernier film de Léa Pool n’arrive pas vraiment à se démarquer, avec un scénario construit autour d’un mystère insignifiant qui n’amène rien au récit et des performances d’acteurs généralement compétents qui n’arrivent pas à rattraper des dialogues moindres. Le cadre narratif dans lequel Sophie Nélisse subit un interrogatoire et raconte le film à une policière silencieuse est d’un tel malaise et si peu utilisé qu’on questionne sa pertinence.  Le montage confus coupe constamment le film dans son élan, donnant l’impression d’assister à une série de scènes raboutées qui ne coulent  pas les unes dans les autres comme il se devrait. Seul point fort à retenir : Jean-Simon Leduc est une vedette en devenir. Il a un charme et un charisme naturel qui valide l’histoire d’amour unidirectionnelle qui propulse le récit. C’est dommage que le film n’arrive pas à sa thèse finale avec autant de grâce qu’il se devrait, surtout avec un punch « cheap » qui va même jusqu’à la discréditer. Tandis que Nelly approchait le même thème avec tout le poids d’une telle tragédie, Et au pire, on se mariera emprunte la voie du « thriller » qui mine le sérieux du thème (même parcours que l’encore plus terrible 1 :54). Le tabou de la sexualité des jeunes femmes est une conversation de société qu’il faut avoir, entre autres à travers des films propices à cela, ce qui rend l’échec de ce film encore plus désolant. 


Et les mistrals gagnants
Il est biologiquement impossible de ne pas être charmé par ce documentaire sur cinq enfants en bas âge souffrant de maladies chroniques. On pourrait croire que, considérant le sujet, on tomberait dans un misérabilisme voyeur qui se complait dans la souffrance, mais l’attitude du film est toute autre. On normalise leur mode de vie grâce à un regard documentaire qui constate et observe plus qu’il juge et commente, avec une caméra à leur hauteur (« caméra sous-épaule »). L’attitude des cinq enfants,  Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual, est d’une impressionnante maturité et leur regard sur la vie est rafraichissant et plein d’enthousiasme. Personne ne se laisse arrêter ou abattre par leur situation (qu’ils ont connus toute leur vie), même si elle n’est pas toujours facile. Ils ont tous leurs passions qui les motivent et les rendent heureux. Une petite dose d’entrain et d’espoir d’1h20 comme Et les mistrals gagnants, c’est difficile de dire non.
The Fate of the Furious
Après huit films, il serait surprenant que quiconque change drastiquement d’opinion sur cette franchise. À ce point-ci, on sait si on aime ou pas et très peu de critiques vont pouvoir dissuader ou encourager de se déplacer pour un autre film de Vin Diesel & Co. en bagnoles surpuissantes. Les enjeux sont trop énormes, l’intrigue s’effondre comme un château de cartes dès qu’on y pense plus qu’une seconde, mais il est difficile de dire non au charme de Dwayne Johnson et Jason Statham qui s’échangent des insultes colorées et un thème propulseur aussi unidimensionnel et sincère que « La famille avant tout ».

Le fidèle

Malgré une première partie réussite et quelques éléments d’un thriller excitant, Le fidèle s’étire en deuxième moitié avec un drame trop lourd et des revirements inutiles et peu mérités  qui mènent à beaucoup trop de tournage en rond. La relation centrale nous préserve toutefois à flot, surtout grâce aux très talentueux acteurs principaux; Matthias Schoenaerts qui arrive à être imposant et charismatique avec beaucoup d’innocence et de fragilité et Adèle Exarchopoulos, dont le naturel est tout simplement époustouflant. Malgré la longueur et le drame surfait, il reste toutefois assez de réussites dans Le fidèle pour être digne d'une recommandation.

Les fleurs bleues (Afterimages)
Afterimages nous raconte l’histoire trop commune d’un grand artiste avant-gardiste dont la trace qu’il laisse à l’Histoire est loin de refléter la qualité de vie qu’il avait. Le scénario, ainsi que la mise en scène, sont compétents et fonctionnels, laissant toute la place au propos et aux idées soulevées. Considérant le sujet du film et l’âge du cinéaste (le dernier film de Wajda à 90 ans), il est difficile de ne pas y voir une œuvre personnelle qui se lit comme une mise à nue de ses anxiétés face à son travail et sa postérité. La justesse de Boguslaw Linda ancre le récit dans une performance loin d’être grandiose – et c’est tout au bénéfice du film. Il ne cherche pas à en mettre plein la vue, mais plutôt à pousser une réflexion sur les figures historiques et les véritables conséquences de ce qu’ils mettaient de l’avant. Il ne présente jamais le peintre Strzeminzski comme quelqu’un d’immense ou de plus grand que nature, mais plutôt comme un simple homme, traité comme tel autant par ses pairs que par le film.

The Florida Project *

Après le passionnel et enragé Tangerine, Sean Baker nous revient encore une fois avec beaucoup d’empathie envers un groupe de marginaux qu’on oublie facilement –ou qu’on découvre pour la première fois. The Florida Project s’intéresse aux familles floridiennes « sans-abris », qui vivent en payant d’une semaine à l’autre des loyers dans des motels miteux en périphérie de Disney World (l’endroit le plus magique sur la planète!) Principalement raconté à travers le regard de Moonee (Brooklyn Prince), une enfant précoce et énergique, le scénario nous invite à constater sans jugement le quotidien discrètement difficile d’une communauté en détresse. Le regard de l’enfant permet une innocence qui allège énormément le film, lui amenant une spontanéité et une énergie vitale qui propulsent sans effort le film jusqu’aux trente dernières minutes où le poids de la réalité rattrape les protagonistes. L’excellente mise en scène proche du documentaire et le talent des acteurs (presque tous des inconnus) réussissent parfois à nous faire oublier que l’on assiste à des événements fictionnels. Souvent drôle et dynamique (un gros merci à la performance de Prince), on ne peut toutefois s’empêcher d’apercevoir le côté sombre en arrière-plan et, pleinement conscient de cela, The Florida Project n’a pas peur de conclure avec un coup de poing émotionnel duquel on prend plusieurs jours à se remettre.


The Foreigner
Deux films luttent pour être le centre d’attention dans The Foreigner : un thriller politique sur des terroristes irlandais en Grande-Bretagne mettant en vedette Pierce Brosnan et un film d’action sur un loup solitaire en quête de vengeance interprété par Jackie Chan (comparable à Taken ou Rambo). Malheureusement, le thriller politique est, au mieux, compétent, et le film perd tout élan lorsqu’il laisse cette intrigue prendre toute la place. Jackie Chan de son côté s’exécute admirablement, avec un regard qui convie immédiatement le vécu immense qui repose sur les épaules d’un homme qui en a vu beaucoup trop. L’intrigue trop chargée de Brosnan fait contraste frappant avec celle plus épurée de Chan – qui est pourtant celle avec le plus d’énergie et de vie- et fini par prendre beaucoup trop de place.  Au final, il reste tout de même ébahissant – même émouvant - de voir Jackie Chan (63 ans) dans les quelques scènes d’actions, accomplir des prouesses physiques à la fois impressionnantes et crédibles d'après l’âge du personnage.  
The Founder -
« Et si on faisait Wolf of Wall Street, mais beaucoup plus standardisé et ennuyeux? » Ainsi nous raconte-t-on l’histoire de l’empire McDonald et son « fondateur », un individu vide –personnification du rêve américain. Par contre, il n’y a pas l’énergie ou la complexité du chef-d’œuvre de Scorsese et le film s’essouffle assez rapidement. Découvrir le McDonald originel et ses véritables fondateurs était l’aspect le plus réussi du film puisque ce sont les seuls humains qui habitent l’écran et leur compétence et dévotion était admirable et informative.
Frantz *
La simplicité du scénario et l’élégance de la mise en scène qui laissent surtout place aux sous-entendus et non-dits font de Frantz un film d’une incroyable subtilité. On se doute qu’il y a un mystère, mais le scénario n’en dépend pas, puisqu’on préfère s’attarder aux personnages, leur deuil et leur guérison. Les deux acteurs principaux impressionnent par leur restreinte, allant de pair avec un film qui préfère vivre dans les ambiguïtés que dans les gros moments mélodramatiques. Le noir et blanc marque le poids du deuil dans une maisonnée qui est marquée par le passé et l’utilisation énigmatique des couleurs souligne quelques moments d’élévations, ou de possibles mensonges. Dans une Europe au lendemain d'une guerre qui a marqué la vie de tous, il est difficile de se détacher du passé, surtout lorsqu'on ne veut pas vraiment.
Free Fire
90 minutes de coup de feux, d’insultes salées et d’acteurs haut-calibre qui rampent et gémissent de douleur. Si cette présentation semble à votre goût, il y a de fortes chances que Free Fire soit pour vous. Ben Wheatley prend son temps pour construire la tension entre des personnages aux caractères aussi colorés que leurs accoutrements. Heureusement, lorsque le tout explose, on n’est pas déçu et le cinéaste a beaucoup de plaisir à étirer son gag au maximum. Toutefois, l’exercice s’essouffle un peu et la géographie de l’entrepôt n’est jamais assez claire pour que l’effort soit totalement satisfaisant.
Get Out *
Les films d’horreur qui se démarquent réellement sont rares dans le cinéma contemporain. Il y en a beaucoup de mauvais, quelques bons et encore moins qui sont assez bons pour que l’on continue d’en parler après leur sortie en salle. À The Cabin in the Woods, It Follows, Babadook et The Witch se joint Get Out, un film d’horreur qui n’essaie même pas de cacher son propos fort sur les relations raciales aux États-Unis. Fermement ancré dans la perspective de l’homme noir, le film de Jordan Peele joue avec les codes du genre pour plonger au cœur d’une anxiété contemporaine qui va de pair avec le puissant documentaire I Am Not Your Negro. Les images et symboliques de ce film sont aussi plaisantes à décortiquer que la tension est maitrisée. Le scénario bien ficelé donne assez d’indices pour deviner certains revirements tout en ayant son lot de surprises. Il réussit par contre avant tout parce qu’il n’a pas peur d’assumer à fond son identité; dans ce cas-ci, un film de genre à perspective raciale.
Ghost in the Shell -
En plus d’être une offense culturelle plus ou moins dissimulée, Ghost in the Shell est incroyablement ennuyeux. Se réappropriant simplement les moments iconiques de l’original pour faire une version simplifiée qui n’explore pas un 1/10 du potentiel thématique. Il utilise surtout son concept pour excuser la présence de Scarlett Johansson (qui déçoit rarement et n’arrive pourtant pas à sauver ce film) dans le rôle d’une Japonaise. Même les visuels époustouflants du film sont gâchés par l’obligatoire 3D, qui assombrit tout et affecte la netteté de l’image.

A Ghost Story *


Au cœur d’un été au cinéma plein d’énergie, d’excitations et de spectaculaire débarque A Ghost Story, un des films les plus tranquilles, intime et mineur possible. Un couple ordinaire habite une maison, l’un meurt et hante les lieux avec discrétion. Ainsi, un Casey Affleck sous drap blanc regarde le temps qui passe dans des longues scènes silencieuses pendant 90 minutes. Les heures et les jours s'écoulent tandis qu’une Rooney Mara, dont la présence toujours aussi hypnotisante est mieux utilisée ici que jamais, vit son deuil dans la solitude et le silence. Les années continuent d’avancer et nous emmènent dans une méditation sur l’insignifiance face à l’infini, l’importance de l’amour et les traces que l’on laisse. En cet été 2017, où le cinéma à grand déploiement a rarement été aussi bon, A Ghost Story vient agréablement complémenter le tout, avec la plus petite histoire dont l’ampleur des thèmes rivalise les enjeux de destruction planétaire auxquels nous sommes habitués.

Girls Trip
Un film immensément distrayant et sincère sur un des liens les plus forts sur notre planète : l’amitié au sein d’un groupe de femmes. Des actrices qui apprécient clairement travailler ensemble s’amusent comme les femmes ont rarement le droit de le faire au cinéma. De l’humour grossier et juvénile comme on l’aime (ou pas), qui fonctionne puisqu’il y a un attachement véritable aux personnages. Ainsi, leurs péripéties grotesques ne peuvent faire autrement que nous faire sourire. 
The Glass Castle
Comme un Captain Fantastic plus sombre et terre à terre, The Glass Castle nous présente une famille qui vit en marge de la société, sous la tutelle d’un père loin d’être un modèle à suivre, excentrique, irresponsable et alcoolique. Le réalisme du scénario est surtout miné par quelques symptômes clichés du « film inspiré de faits vécus » duquel on n’arrive pas à s’échapper ici. Sinon, le scénario adapté du roman autobiographique de la protagoniste est conscient de la complexité de la relation malsaine qu’elle avait avec son père et le sujet est traité avec le sérieux nécessaire. Avec une brochette d’acteurs incroyablement talentueux, Cretton arrive à créer quelques moments dramatiques puissants qui rattrapent quelque peu les scènes plus clichées et faciles. Loin d’être à la hauteur du précédent film du réalisateur Destin Daniel Cretton, le calmement brillant Short Term 12,  The Glass Castle n’est pas mauvais pour autant.
Good Time *

Good Time est excellent et difficile drame avec un aspect thriller viscéral qui s'y mélange parfaitement, mettant en vedette un protagoniste à la psychologie complexe et la moralité ambigu. Robert Pattinson nous prouve qu’il n’aura pas vraiment de difficulté à se défaire de son image populaire de jeune vedette de série pour adolescents en continuant de choisir des rôles diversifiés de personnages qui ne font pas l’unanimité. Ici, son Connie est loin d’être noble, mais grâce à son charisme, Pattinson nous accroche à sa quête du début à la fin. Il est accompagné par l’excellent coréalisateur Benny Sadfie dans le rôle du frère en situation fâcheuse que Connie cherche désespérément à sauver. Sadfie interprète le centre émotionnel du film et arrive à nous fendre le cœur en seulement quelques scènes. Jennifer Jason Leigh mérite mention pour son personnage qui n’a que quelques minutes à l’écran, mais qui arrive pourtant à créer quelqu’un de complet sur qui on ne serait pas fâché d'en savoir plus. Filmé avec caméras vidéos et très peu de ressources, cela n’empêche jamais le film d’être tendu et engageant à plusieurs niveaux. 
Grave *
- Vu dans le cadre d’une projection spéciale au Centre Phi –
Le premier film de Julia Ducournau est d’abord remarquable pour sa focalisation inébranlable. Du premier plan au dernier (et quel dernier plan!), Grave ne perd jamais de vue son sujet, on pourrait même dire qu’il n’en démord pas une seconde. À parts égales film de body-horror impeccable et drame intime sur l’arrivée à l’âge adulte, on nous offre une version tordue des complications lorsque l’enfant quitte le monde de ses parents. Sans vouloir trop en dévoiler, Grave est inconfortable à souhait et n’a pas peur de poursuivre le filon de ses idées jusqu’au bout, avec une scène finale qui déclare fièrement que nous n’avons pas affaire au genre de film qui est intéressé par le compromis.
The Great Wall
Aussi distrayantes et créatives que soient les scènes d’actions, The Great Wall manque d’évolutions de personnages qui amènent un poids dramatique au récit. Les personnages en soient ne sont pas nécessairement le problème, mais plutôt qu’après la première demi-heure ils aient déjà fini de changer. Ils ne sont pas les plus complexes, mais assez fonctionnels et vivants pour soutenir un scénario à l’intrigue trop complexe pour son propre bien. Personne ne marquera l’esprit des jeunes cinéphiles, mais la réalisation qui met en valeur la grandeur du projet et la direction artistique qui pousse à fond l’idée d’un mythe plus grand que nature garde attentif pour les deux heures que dure cette aventure.
Guardians of the Galaxy Vol. 2 *
Human Flow

Human Flow est considérable par son ampleur. En voulant illustrer l’énormité de la crise globale des migrants, Ai Weiwei voyage partout sur la planète et rencontre une diversité d’individus de tous les continents, dans 23 pays différents, qui partagent cette particularité d’avoir dû quitter leur terre natale – particularité qui, on le réalise, n’est pas si unique que cela. L’exercice permet de prendre conscience qu’il est impossible de généraliser en parlant d’une « crise de migrants », puisqu’ils se déplacent pour toutes sortent de raison et représentent un nombre considérable de cultures et de nationalités. Par-delà les chiffres et les statistiques présentés – qui restent toujours choquantes –, le documentaire s’intéresse plutôt à faire ressortir l’humanité des diverses expériences vécues et s’intégrant dans leurs quotidiens et n’ayant pas peur d’une proximité avec ses sujets. Il n’y a pas de grande découverte ou révélation choquante, on constate plutôt l’état des faits pour peindre un portrait complet et détaillé d’une situation que trop préfèrent ignorer ou simplifier.  
Hidden Figures
« Biopic » historique à numéros, mais avec une sincérité qui rattrape sa démarche mécanique. Par contre, malgré la pertinence de son sujet, il n’évite pas le problème courant des films historiques qui parlent de discrimination : cette idée que les problèmes étaient « à l’époque » et lorsque le film termine, les embuches raciales sont surmontées. C’est peut-être vrai pour les protagonistes, mais c’est un mensonge pour notre monde en 2017.
I Am Not Your Negro *
I, Daniel Blake *
I, Daniel Blake fait partie de ces films qui, en accomplissant leur objectif, vont obligatoirement frustrer leur public, voire le déprimer. Constater à quel point la vie peut, s’acharner sur le pauvre monde, avec l’aide limité de l’État, n’est déprimant que par vertu de son réalisme. Ken Loach pointe sa caméra vers un homme banal qui ne veut rien de plus que (sur)vivre ses dernières années en paix – même s’il n’est pourtant pas si vieux.  Son simple refus d’être mis à terre par la structure en place fait de lui un héros de tous les jours. Résilient jusqu’au bout, la lutte de Daniel Blake témoigne qu’un remède efficace –le seul, vraiment- au système oppressant sont les connexions humaines qu’il faut chérir et entretenir, faute de quoi, nous sommes seuls contre le monde. Comme pour le similaire La loi du marché, la réussite du film repose presque entièrement sur les épaules de son acteur principal et, sans être à la hauteur de Vincent Lindon, Dave Johns se démarque dans un rôle terre-à-terre qui exige justement qu’il ne soit pas trop extravagant ou remarquable. 
Ingrid Goes West
Ingrid est désespérément seule et, avec toute l’énergie et la détermination du monde, entreprend de se lier d’amitié avec une personnalité des réseaux sociaux. Sans jamais tomber dans la représentation déshumanisante de sa protagoniste, Ingrid Goes West nous présente la bassesse que peut atteindre une personne dans l’ambition d’atteindre quelque chose que personne ne peut la fauter de vouloir : une connexion humaine. Elle n’est jamais une « folle psychopathe », mais bien une humaine qui souffre et ne veut qu’aller mieux. Ses méthodes pour prendre soin d’elle sont malheureusement malavisées et sous l’illusion moderne que les rapports virtuels avec des étrangers représentent quelque chose de vrai. C’est ce regard empathique envers son sujet qui permet à Ingrid Goes West de réussir son pari et nous emporter dans cette aventure où chaque nouveau développement nous met de plus en plus mal à l’aise et met au défi notre attachement à Ingrid.
Iqaluit
Une histoire située dans une communauté autochtone que l’on connait trop peu, mais qui s’intéresse à la femme blanche qui en visite. Ainsi, de tous les personnages, on s’arrête sur la plus ennuyeuse, ce qui enlève au récit toute possibilité d’originalité. En dehors des rares moments où les autochtones sont au premier plan, il y a peu à recommander de ce film, surtout pas une protagoniste qui alterne entre ennuyeuse et frustrante.

It

Par simple vertu d’être compétent et très distrayant, It arrive à se détacher de la masse du cinéma d’horreur contemporain, pour lequel la barre est assez basse. Adaptation admirable d’un roman immense et complexe de Stephen King, le film d'Andy Muschietti a compris que pour arriver à nous faire peur, rien n’est plus essentiel que des personnages vrais et attachants au cœur du récit. Il mise gros sur de jeunes acteurs aux minces CVs et il est agréable de constater que le pari est réussi. À l’exception de Bill, celui qui se rapproche le plus d’un protagoniste et qui finit par être le moins remarquable (quoique c’était le cas dans le livre aussi), tous arrivent à laisser leur marque, du moins juste assez pour que l’on se préoccupe de leur sort. Les scènes d’horreurs sont judicieusement extraient du livre et exécutées convenablement, sans créer de moment instantanément mémorable. L’ambiance globale du film arrive par contre à créer un sentiment d’inconfort omniprésent qui ajoute beaucoup à la menace constante de la créature diabolique qui traque les enfants de la petite ville de Derry. Il manquait simplement l’aspect épique et cosmique présent dans le roman pour qu’It transcende le statut de « film d’horreur compétent », mais cela ne l’empêche pas d’être bon pour autant.
It Comes at Night*
Sans être aussi frappant que The Witch, It Comes at Night rappelle quand même ce classique moderne du cinéma d’horreur. Dans les deux films, la promesse du danger, l’anxiété et la paranoïa des protagonistes font presque autant de dégâts, sinon plus, que l’élément de menace en soit. Le réalisateur, Trey Edward Shults, a confiance que son public est assez intelligent pour faire la part des choses et ainsi son scénario offre très peu de contexte au monde dans lequel on est plongé – et c’est tant mieux. Aucune vraie réponse n’est offerte du début à la fin, puisqu’on s’intéresse plus à l’horreur existentielle d’un quotidien mené par la peur et la paranoïa. L’utilisation des images d’horreur est minimaliste, juste assez pour nous sustenter et offrir une dimension « surnaturelle » à des anxiétés ancrées dans des réalités plus terre-à-terre – la dégradation progression d’un être aimé et le deuil.
Le jardinier -
Un documentaire sur un riche héritier qui, après avoir essuyé plusieurs échecs en affaires, investit son argent dans son jardin privé. La forme du documentaire est au degré zéro de créativité : des images du jardin et des sujets qui décrivent cedit jardin. Le produit final est ainsi si ennuyeux que même la beauté des images du jardin ne peut le sauver. On nous décrit à quel point il est magistral de visiter ces jardins, mais la mise en scène ne donne jamais plus que l’impression d'en regarder un livre d’images. On ne ressent jamais l’immensité ou l’immersion de l’expérience comme il faudrait et par conséquent, le documentaire ne rend pas justice aux jardins qu’il révère tant. Le documentaire fait plus office d’un objet anthropologique si le jardin est un jour perdu que d’une œuvre qui mérite le grand écran. Le jardin des Quatre-Vents est aujourd’hui public et peut être visité dans la région de Charlevoix, à quelques minutes de La Malbaie, et cela vaut certainement mieux que de regarder ce long-métrage – quoi que sur ce point, je croie que les responsables de Le jardinier sont d’accord.

Jeune Femme
Centré autour de la performance singulière de Laeticia Dosch, Jeune Femme ne fonctionnerait tout simplement pas sans le talent de l’actrice principale qui arrive à évoquer énormément d’empathie et faire ressortir l’humanité d’une jeune femme qui, entre d’autres mains, aurait facilement pu être irritante. La protagoniste Paula se retrouve à un creux dans sa vie et c’est avec résilience qu’elle est déterminée de se sortir de cette période sombre. La performance de Dosch et la réalisation de Léonor Serraille nous gardent investis dans la quête de cette femme. Malgré ses actions moins recommandables (mensonge, irresponsabilité, etc.), on ne peut s’empêcher de vouloir qu’elle s’en sorte. On nous offre assez d’aperçus dans la vie de Paula pour comprendre que la majorité de ce qu’elle accomplit –et les paroles et gestes qui la mettent parfois dans l’eau chaude – vient d’une solitude profonde de quelqu’un qui ne cherche au final que la même chose que nous tous, une connexion humaine.
John Wick : Chapter 2 *
Justice League -
Kedi : Au royaume des chats


Un documentaire charmant qui, en surface, nous parle d’une poignée de chats en Turquie, mais qui expose quelque chose de plus profond sur notre rapport aux félins. Le montage dynamique n’empêche pas les quelques longueurs, mais la mise en scène impressionnante (considérant que les protagonistes sont des chats sauvages) garde le film frais malgré la nature répétitive de son concept. Au final, Istanbul aime ses chats puisqu’ils servent de reflet à sa population et en les observant on en apprend par conséquent plus sur les Stambouliotes que sur les chats eux-mêmes.

The Killing of a Sacred Deer *
King Arthur : Legend of the Sword –
Le scénario de King Arthur n’existe que pour mettre des bâtons dans ses propres roues. L’histoire d’Arthur et les chevaliers de la Table ronde est l’un des contes les plus connus et Guy Richie veut se l’approprier, mais n’arrive jamais vraiment à garder le contrôle sur cet incroyable capharnaüm. Le scénario emprunte tous les chemins les plus longs pour étirer le film, où chaque détour est mécanique et forcé. Le héros refuse d’être un héros jusqu’à ce qu’il décide de l’être…pour une quelconque raison. Des éléments surnaturels amènent du piquant au récit, mais sont si mal intégrés à l’histoire qu’ils rendent le tout incroyablement confus. King Arthur est dans la pire veine des films à grand déploiement : ceux qui arrivent à être la fois stupide et beaucoup trop complexe. 

Kingsman 2: The Golden Circle
Loin d’être à la hauteur du Kingsman original, la suite reste pourtant très distrayante et démontre que Matthew Vaughn est un maître de cinéma-pop. Utilisant la formule classique des deuxièmes films (plus! Plus de personnages! Plus de vedettes! Plus d’action!), on essaie tout de même d’ancrer le récit dans des drames interpersonnels qui, sans toujours fonctionner, démontrent du moins qu’il y a une attention qui y est portée. Vaughn est toujours un incroyable cinéaste de scènes d’actions, ce qui rend digestible le fait qu’il y en a beaucoup trop dans ce film – surtout lors de l’apogée du film qui ne sait pas quand s'arrêter. Sa caméra qui n’arrête jamais, tout en s'assurant d'être claire - un équilibre impressionnant, nous immerger dans chaque scène avec brio. Autre côté positif : la série Kingsman garde le propos social qui définissait le premier film. Le conflit central concerne des institutions qui veulent prendre avantage des pauvres et négligés sociaux pour leur propre gain. Ici, le scénario critique spécifiquement l’hypocrisie, à tous les niveaux, de la « guerre aux drogues ». Sans être aussi satisfaisant du point de vue thématique que Kingsman : The Secret Service, il reste quand même rafraichissant de voir que Vaughn n’a pas perdu son mordant (et met en scène un président américain tant d’actualité qu’on se demande s’il a été ajouté en postproduction). Malgré une durée de 2h20 (un peu long), on s'ennuie rarement, les acteurs ont clairement beaucoup de plaisir et on est heureux de voir l’univers des Kingsman continuer de croître!
Kong: Skull Island
Avec autant de ressources et de talents, il est étonnant que la moyenne au bâton du cinéma américain à grand déploiement soit si pauvre. Heureusement, Kong : Skull Island arrive à un résultat compétent et agréable, juste assez pour s’élever au-dessus de la mêlée, sans pour autant être à la hauteur du Godzilla de Gareth Edwards. Sans être plus subtil qu’il ne le faut, le film de Jordan Voigt-Roberts a quand même de fortes idées sur la guerre, les militaires et leurs visions toxiques et destructrices de ce qui les entoure – le marketing qui insistait sur la comparaison avec Apocalypse Now était justifié. Les personnages ont juste assez de personnalités pour qu’il y ait différenciation, mais, en dehors de quelques heureux élus, personne ne se démarque plus qu’il faut. De plus, le spectacle est sublime pour quiconque voudrait voir King Kong se battre contre une pieuvre géante ou des lézards de l’enfer.

Lady Bird*
L’amant double -
C’est bouleversant qu’un cinéaste puisse faire quelque chose d’aussi sensible et subtil que Frantz et se retourne de bord la même année (au Québec) pour faire L’amant double, un thriller bien mis-en scène, mais qui se perd dans son propos grossier et son intrigue alambiquée. Le scénario est trop excité par son mystère et ses thèmes psychosexuels périmés pour ancrer le spectateur où que ce soit dans le récit. Ainsi, on flotte parmi les mensonges et les tromperies sans trop savoir où il veut en venir. On se reverra au prochain Ozon.
Land of Mine
On parle souvent de la Deuxième Guerre mondiale, mais beaucoup moins de l’après-guerre. Les atrocités du conflit étaient si intenses que les soldats allemands ont perdu toute humanité aux yeux de leurs ex-ennemis (et de l’Histoire). Land of Mine s’intéresse à un bataillon d’adolescents allemands, postés au Danemark et prisonniers des Danois, qui doivent déminer une plage sur laquelle l’armée allemande a dissimulé 45 000 mines. La combinaison de leur âge, du traitement inhumain et de la tension liée à leurs fonctions fait de la première heure du film un drame résonnant sur les dommages collatéraux des conflits armés. Par contre, le film s’épuise et tombe un peu plus dans le cliché mélodramatique pour sa dernière ligne droite. Il reste tout de même visuellement remarquable et continent des superbes moments. Le jeu intelligent de Roland Møller, qui refuse toujours d’être tout blanc ou tout noir, compense pour la subtilité dont le scénario manque parfois.

Last Flag Flying *

La principale force de Richard Linklater est de présenter des personnages avec qui nous n’aurions aucune difficulté à passer du temps entre amis. On connait et reconnait ses personnages, au sein de scénarios faibles en intrigues, dont l'écriture est surtout intéressée à présenter des gens qui s’apprécient et veulent être ensemble. Tandis que la majorité de ses films commencent à ce point, Last Flag Flying en fait son objectif. Ainsi, trois vétérans vieillissants du Vietnam, qui s’étaient perdus de vue, se retrouvent dans des circonstances malencontreuses et essaient de ressortir le mieux d’une situation qui est loin d’être rose. La réalisation douce et efficace de Linklater permet à ses trois acteurs chevronnés d’offrir le meilleur d’eux même. Ainsi, lorsque leurs personnages commencent à être à l’aise ensemble et qu’ils retrouvent leur camaraderie d’antan, le film s’envole pour voir naitre certains des échanges les plus comiques de l’année. Avec une petite touche de mélancolie, Linklater nous raconte cette histoire de deuil et du temps qui passe avec toute l’humanité qu’on lui connait. 

Let There Be Light

Dès que nous sommes au courant du sujet, il est difficile d’être surpris ou déçu par Let There Be Light. Le documentaire sur la recherche pour développer le premier moteur à fusion nucléaire, une source d’énergie au potentiel énorme qui changerait…tout, est informatif, dynamique et rend bien l'enjeu de ces recherches et l’enthousiasme des interviewés. Par contre, il reste cela…un documentaire sur la recherche pour développer le premier moteur à fusion nucléaire. On n’arrive jamais vraiment à transcender cela, et ce n’est pas plus mal pour autant, puisqu’on vise la clarté avant tout. Personne ne cherche pas à être révolutionnaire ou avant-gardiste, du moins, du côté du cinéma.

The Little Hours
The Little Hours est rafraichissant dans sa façon de se démarquer des comédies américaines contemporaines qui servent généralement à mettre en valeur les talents d’improvisation d’un groupe d’amis comédiens. Tournée en Italie, avec certaines sensibilités européennes et un scénario « historique », cette friction entre l’humour moderne et le contexte archaïque permet une réflexion sur les choses qui changent et celles qui ne changent pas. Les acteurs ont beaucoup de plaisir avec un scénario qui leur offre autant de personnalités que de comédie, ce qui est loin d’être toujours le cas – on préfère généralement que les comédiens jouent une version légèrement augmentée de leurs propres personnalités. Mention spéciale doit être faite pour Aubrey Plaza, dont la sensibilité comique très spécifique fonctionne rarement pour moi. On lui offre ici un rôle qui s’ajuste parfaitement avec son approche, créant un personnage complet et amusant.
Lego Batman
Sans être la surprise que fut le chef-d’œuvre The Lego Movie (oui oui), Lego Batman reste tout un même un solide divertissement. Une reproduction fidèle de l’univers mis en place en 2014, avec un monde coloré, rempli à craquer de blagues variées pour petits et grands! Cette version lego du Chevalier chauve-souris démontre une compréhension du personnage et de sa place dans la culture populaire qui élève quand même ce film au-delà du statut de simple divertissement.
The Lego Ninjago Movie

The Lego Ninjago Movie est loin d’avoir le rythme comique de ses deux prédécesseurs (The Lego Movie & The Lego Batman Movie) ou un scénario aussi créatif, déjanté et explosif, ce qui en fait le moindre des trois films dans cette franchise. Il se rattrape en ayant autant de cœur et une énergie entrainante qui propulsent le film à travers une intrigue qui ne risque pas de surprendre qui que ce soit et des longueurs assez choquantes.
Logan *
James Mangold vient de réaliser ce qui est probablement le plus ouvertement politique des films de superhéros à ce jour. Un western situé au sein d'une Amérique dystopique où un État militaire s’en prend agressivement aux minorités, au point d’avoir presque éradiqué la race mutante. Logan, désillusionné et en mode survie, trouve un des derniers espoirs de ce vieux monde pourri et se retrouve en figure paternelle réticente. L’intrigue simple, on parle ici d’un road-movie, permet de s’attarder sur les personnages et leurs luttes dans une mise en scène qui laisse beaucoup de place aux acteurs. L’aspect le plus époustouflant de Logan reste quand même son propos d’une actualité déconcertante, qui fait de ce film une œuvre populaire directement connectée au zeitgeist.

Logan Lucky *

Si ce fut aussi plaisant de produire Logan Lucky que c’est de le visionner, on n’a pas de difficulté à comprendre pourquoi Steven Soderberg a mis un terme à sa retraite du grand écran en réalisant ce film. Mélangeant la traditionnelle recette du film de braquage pour lequel Soderberg est connu (Oceans 11, 12, 13) avec des personnages plus près de ceux des Frères Coens, il arrive pourtant à déjouer les attentes et crée un film aussi charmant et ludique qu’il est étonnant. Malgré le niveau d’éducation des protagonistes et leur classe sociale, on ne se moque jamais de leur intelligence - ou manque de. Le film arrive à être absolument hilarant tout en ayant énormément d’empathie et de respect pour ses péquenauds. De plus, la tension repose presque autant sur le drame de leurs relations interpersonnelles que sur les enjeux de leur braquage, une marque de scénario remarquable. Tous les acteurs choisis sont non seulement des talents comiques chevronnés, mais arrivent à l’être sans décrocher de l’humanité de leurs personnages. Personne ne tombe jamais dans un jeu de bouffon ou personnage de sketch simpliste – un piège qui aurait pu être facile dans ce contexte. 

The Lost City of Z
Le dernier film de James Gray est un objet étrange à cerner. On approche ce récit avec le sérieux et la maitrise d’une production en saison des Oscars, mais on nous parle d’aventures dans la jungle digne de feuilletons des années 50 qui ont inspiré Indiana Jones. C’est étonnant, mais ce récit sur l’obsession et sa nature contagieuse fonctionne, malgré les quelques dialogues un peu trop grossiers qui servent surtout à faire avancer un scénario qui a tant à couvrir. Il y a quelques traces de la formule « biopic », mais elles sont pardonnées puisqu’elles partagent l’écran avec des attaques de piranhas et une performance de Charlie Hunnam qui commence à nous convaincre que nous pourrons un jour le considérer comme un acteur sérieux.
Ma loute
Pour croire à Ma loute, il faut le voir. Une comédie française complètement grotesque et imprévisible qui offre des rôles de bouffons à certains des plus grands acteurs français. Il est possible que l’humour – limite irritante – en rebute plus d’un, et il faut savoir qu’ils poussent le gag jusqu’au bout. Par contre, pour tout l’humour décalé et les situations qui n’ont aucun bon sens, il y a quand même un certain cœur au centre de Ma loute, qui amène un charme supplémentaire à cet objet si particulier. Cela n’empêche pas au film, après un début en force, de s’essouffler quelque peu pour le tiers central. Heureusement, le tout regagne en vigueur pour une finale qui vaut la peine qu’on s’accroche.
The Love Witch *
-Vu dans le cadre de la programmation Minuit au Parc du Cinéma du Parc-
L’esthétique si exagérée et le ton unique donne l’impression d’un film simple qui se rapproche plus de l’exercice de style qu’autre chose. Pourtant, The Love Witch, pour toute la simplicité assumée de son contenant, renferme un propos féministe assez complexe qu’il est essentiel de digérer. On utilise l’hommage pour susciter une réflexion sur notre époque et la place de la femme et sa sexualité dans un monde qui craint ces deux choses. Une performance magnétique de Samantha Robinson nous guide à travers un film singulier et sensationnel.   

Loving Vincent

La forme unique en son genre de Loving Vincent à elle seule rend le film digne d’être vu – un film entièrement animé par des toiles faisant hommage à l'oeuvre de Van Gogh. De plus, le scénario prend une approche assez intéressante au film historique en situant l’action un an après la mort de la figure historique. Ainsi, on apprend à le connaitre à travers les récits des autres, et notre compréhension du peintre évolue constamment, d’une perspective à l’autre. Par contre, le scénario étant principalement constitué d’entrevues en champ/contrechamp, son rythme en souffre énormément. Les monologues/souvenirs racontés deviennent vite moins stimulants, surtout lorsque la forme crée une distance entre le spectateur et le sujet, limitant la nuance possible du jeu des acteurs.
Lucky
Le dernier grand rôle du regretté Harry Dean Stanton est à la hauteur de son personnage titulaire : simple, modeste, mais si tendre et attachant. Le quotidien de Lucky est routinier et il est très heureux ainsi, jusqu’à un incident insignifiant l’envoie en tourbillon de remises en questions face à sa vie et sa vieillesse. On touche brièvement à ces thèmes de vies qui semblent lourds, mais sont traités d’une façon qu’ils ne pèsent jamais sur le film. Ainsi, Lucky est un petit film qui se prend bien avec de l’humour et des performances terre-à-terre d’un bout à l’autre avec juste assez de réflexions sur le temps qui passe et la fin de la vie pour nous faire réfléchir en sortant de la salle. 
Manifesto -
Même s’il risque de faire plaisir à beaucoup d’étudiants/enseignants en Histoire de l’Art, Manifesto ne réussit pas le transfert au grand-écran. Originellement une installation vidéo, exposition qui nous permet d’explorer et naviguer à notre gré, la version long-métrage nous tient plutôt prisonniers d’une leçon sur l’art. Il y a un certain aspect universel dans son propos sur la pluralité de l’art et les multiples approches qui font de l’art un objet complexe avec lequel les gens de partout peuvent connecter, mais on n’a pas besoin de 90 minutes pour en arriver là. Il est facile d’imaginer l’attrait d’un tel rôle pour une actrice du calibre de Cate Blanchett et elle s’en donne à cœur joie, jouant une variété de rôles qui vont de subtils à excentriques, tout en restants identifiables. Malheureusement, à moins d’avoir un intérêt pour la théorie sur l’art, il y a très peu à recommander dans Manifesto
Maudie
Maudie ambitionne de nous présenter une femme courageuse dont le regard sur le monde l’empêche de sombrer dans la dépression et la misère lorsque le monde entier est contre elle. Par contre, ce regard simple et naïf prend une autre tournure lorsqu’elle s’applique à une relation abusive. Ainsi, l’histoire d’amour centrale au récit laisse un arrière-goût déplaisant et empêche au film de pleinement prendre son envol. Les performances de Sally Hawkins et Ethan Hawke sont tout de même remarquables (même si on a déjà vu Hawkins faire, en mieux, un personnage similaire dans Happy-Go-Lucky) et la magnifique photographie de la Nouvelle-Écosse nous permet de comprendre la beauté qu’aperçoit Maud à travers sa fenêtre.
Maudite Poutine
Le cinéma québécois n’ose pas toujours et lorsqu’un film est assez courageux pour simplement essayer de se démarquer avec originalité, il marque beaucoup de points. Maudite Poutine n’est pas toujours fluide, avec des dialogues et performances inégales, mais son ambition et sa beauté « laide », malgré son budget probablement microscopique, en font un objet digne d’intérêt. Ce n’est pas tous les jours qu’un récit campé dans un monde de motards, de criminels et de roulottes adopte une approche aussi onirique.
La mécanique de l'ombre
Ce modeste thriller vise juste et atteint sa cible avec succès, sans prétendre être plus. De pair avec des acteurs solides, qui ne cherchent pas à en mettre plein la vue, l’intrigue est juste assez réaliste pour que la tension se construise à partir de détails anodins.
Menashe
Menashe raconte une histoire conventionnelle et épuisée, mais dans un contexte culturel spécifique qui lui redonne un second souffle. Le scénario a l’intelligence de ne pas trop glorifier un père qui n’est pas équipé pour l’épreuve qu’il entreprend. Il va à l’encontre d’un système rigidement ancré dans les traditions, mais ses nobles intentions ne sont pas toujours suffisantes pour remettre en question la structure en place. Menashe va plus loin au cœur de la question et met à jour de quelle façon la culture traditionaliste échoue pour le protagoniste, mais pas au niveau qu’il le croit. 
Monsieur & Madame Adelman
Le film de Nicolas Bedos est avant tout une histoire d’amour charmante, mais avec une certaine ambition que l’on apprécie. Après ses funérailles, la femme d’un auteur nous raconte sa vie et la place qu’y avait leur relation. Puisqu’on couvre plusieurs décennies, avec beaucoup d’ellipses, on croirait un biopic conventionnel, sauf que cette vie est fabriquée de toute pièce. On s’amuse avec le narrateur peu fiable, mais certains retournements en dernier acte rendent le tout plus confus qu’autre chose.  Il y a quelques détours clichés (mais quelle vie n’en contient pas?) et c’est un peu trop long, mais ça reste amusant et les acteurs y donnent tout ce qu’ils ont. 
mother! *

The Mummy
Classique et plus ou moins maitrisé, The Mummy s’effondre quand même au niveau du scénario qui est banal et s’éparpille sur la minutie de son univers. Il y a si peu de choses à couvrir et pourtant on a besoin de 3 introductions différentes et on se perd dans un dernier acte qui pourrait difficilement être plus oubliable. Sofia Boutella se donne à 100% avec le peu qui lui est offert, Russell Crowe se laisse aller avec beaucoup d’enthousiasme dans ses quelques scènes et Tom Cruise ses quelques scènes qui, selon toute logique, ne devraient pas fonctionner. Il y a du contenu douteux au niveau du traitement des personnages féminins et de l’évolution du personnage de Tom Cruise -qui n’existe pas vraiment en fait, même si la fin du film en dépend. The Mummy est en fait un test sur la capacité du charisme de Tom Cruise à soutenir un film médiocre. La réponse est un retentissant : plus ou moins!
Nelly
Noces
Un sujet que l’on a déjà vu, réalisé avec une excellente maitrise. Noces arrive à faire ressortir la nuance dans un sujet qui tombe trop souvent dans l’archétype, rendant compréhensifs les points de vue de tous impliqués dans le drame – sans pour autant défendre les fautifs. On se demande par contre s’il avait besoin d’aller aussi loin.
Novitiate
Comme La passion d’Augustine, mais en mieux, Novitiate nous place au cœur d’un couvent au cours d’une période historique (les années 60) où le changement à venir se faisant sentir, ce qui était loin de plaire à tous. Avec des performances de jeunes actrices remarquables et un scénario centré principalement sur les personnages, leurs expériences, doutes, relations et leur foi, ce film, parfois exigeant, arrive à offrir une perspective claire et pleine d’empathie sur ce milieu isolé dont on parle peu. 
Mes nuits feront écho
Avec Cyclotron, Ceux qui font les révolutions (…), Maudite Poutine et, jusqu’à un certain point, Nelly, 2017 est au cinéma québécois qui ose. Dans cette continuité, Mes nuits feront écho se place comme un autre film très différent, magnifique, intime et personnel qui charme autant qu’il surprend.
L'odyssée
On ne se sort jamais vraiment de la formule du biopic, mais avec des acteurs solides (Lambert Wilson, Pierre Niney), quelques belles images et une mise en scène efficace, on ne s’ennuie pas trop. Le scénario soulève des questions morales et dramatiques qui auraient pu être des pistes à explorer, mais ne peut pas se permettre d’y accorder trop de temps puisqu’il doit couvrir une vie  incroyablement chargée dans son entièreté. On arrive quand même à faire ressortir la nuance au cœur de la figure iconique qu’est Jacques Cousteau.

Okja *
-Sortie Netflix-
Bong Joon Ho prouve encore une fois sa maitrise impressionnante des tons dans ce film qui ne cesse de changer de cap toutes les vingt minutes. À la fois film politique environnemental, récit d’atteinte de l’âge adulte et film d’animal de compagnie inusitée (des comparaisons avec My Neighbor Totoro et le récent Pete’s Dragon viennent en tête), Okja arrive à être satisfaisant sous tous ces angles. Dans un film mettant en vedette l’inimitable Tilda Swinton, un Jake Gyllenhall plus excentrique que jamais (amenant tous deux une humanité derrière l’excentricité) et le toujours sensible Paul Dano, la jeune Seo-Hyun Ahn se démarque admirablement. Sa Mija, notre regard sur ce monde sans pitié, est à la fois innocente et l’une des protagonistes les plus féroces et déterminés qui soient dans le sous-genre cinématographique de « défense du compagnon magique. »
Paris Can Wait -
Diane Lane traverse la campagne française prisonnière d’un stéréotype français oppressant. Votre appréciation de ce film dépendra entièrement de votre capacité à tolérer le personnage de Jacques, qui fait tous les efforts possibles pour enlever à sa compagne de voyage tout pouvoir décisionnel quelconque. Le French Lifestyle Porn est entièrement assumé et il en résulte de belles images certes, mais n’importe quel voyage peut être gâché par un guide désagréable et c’est malheureusement ce à quoi nous avons affaire.
Paris Pieds Nus
Sympathique, original et accessible, Paris Pieds Nus est un modeste film qui a beaucoup de plaisir. Avec une mise en scène qui emprunte aux comédies de Charlie Chaplin et un scénario romantique traditionnel, petits et grands devraient y trouver leur compte. 
Paterson *
Avec Paterson, Jarmusch capture une beauté et une simplicité du quotidien qui fait de ce film un des plus relaxants de l’année. Adam Driver continue de prouver qu’il peut difficilement faire faux pas, aussi intéressant dans la plus grosse franchise sur la planète que dans le plus inconséquent et intime des drames indépendants. Il partage ici la scène avec Golshifteh Farahani, dont l’innocence et l’enthousiasme viennent balancer le stoïcisme de son compagnon. Ils forment à eux deux un couple adorable d’un réalisme résonnant, deux individus qui se comprennent et se complètent en faisant l’équilibre entre leur vie commune et les ambitions personnelles. C’est tendre, c’est beau et c’est poétique, même si ça ne rime pas!

Patients -
Malgré quelques aspects réussit (acteurs justes, bonne dose d’humour), Patients n’arrive jamais à pleinement normaliser la perspective sur l’hôpital. Au lieu de nous présenter le regard des patients sur leur propre environnement, le film adopte la position des spectateurs qui regardent de l’extérieur vers l’intérieur. On veut nous offrir un regard sur la vie d’individus en centre de réhabilitation, mais tout au long du film, chaque nouvel élément est présenté comme choquant. La durée du séjour n’est jamais claire puisque le montage contient quelques ellipses qui indiquent un passage du temps accéléré, mais le scénario donne l’impression que Ben n’est arrivé que depuis quelques jours. De plus, le personnage principal, quoiqu’interprété avec la retenue appropriée, ne démontre jamais que son regard sur le monde est particulièrement intéressant. Il observe passivement et vit ce qui l’entoure, sans se démarquer d’une quelconque façon.
Personal Shopper *
Olivier Assayas nous offre une méditation sur la mort et le deuil qui mélange des éléments du drame indépendant, du film d’horreur et du thriller. En étant toutes ces choses à la fois, sans toutefois pouvoir être catégorisé si simplement, il devient quelque chose de plus. Personal Shopper hypnotise, autant par le magnétisme intriguant de son actrice principale que son scénario qui refuse de nous offrir de réponse définitive, préférant soulever des questionnements et pistes de réflexion sur notre propre rapport à la mort.


La petite fille qui aimait trop les allumettes*
Il va sans dire que Simon Lavoie ne fait pas du cinéma qu'à moitié. Avec, dans la même année, l’immense Ceux qui font la révolution à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau et le tout aussi exigeant La petite fille qui aimait trop les allumettes, il semble qu’il se soit lancé le pari d’être le plus aliénant possible. Avec sa photo en noir et blanc, son environnement austère et ses sujets lourds, La petite fille est probablement le film québécois le plus éprouvant de l’année – année cinéma qui compte un essai filmique/manifeste politique de trois heures et un des rares films de zombies de la province. On nous parle d’une période de l’Histoire peu glorieuse et la caméra n’a pas peur de nous mettre le nez dans l’horreur morale de l’époque. C’est répugnant, mais on ne peut s’empêcher de regarder – la magnifique direction photo aide – tandis que le scénario lève le voile sur de plus en plus de squelettes dans le placard d'une famille tordue. Le patriarche cultive l’ignorance de ses enfants en les élevant dans les marges d’une société ecclésiastique, société qui est loin d’être source de libération. La descente aux enfers de la protagoniste, qui irait de pair avec le récent mother!, fait une transition impressionnante du drame historique au film d’horreur pour terminer dans un moment d’espoir qui nous désarçonne plus qu’il nous soulage. 
Petit paysan*
Le monde change et évolue constamment, rapidement et brutalement, laissant derrière lui des modes de vie et des travailleurs qui n’avaient aucune façon de s’y préparer. Petit paysan invite l’empathie envers un simple fermier qui, à cause d’une nouvelle maladie contagieuse, se voit menacer de perdre tout son bétail – sa principale source de revenus et la seule chose qu’il sait faire professionnellement. Modeste petit film efficace, chaque moment est ancré dans les motivations d’un homme dont on ne peut que reconnaitre le désespoir et lui souhaiter le mieux tandis que ses actions repoussent sans cesse les limites morales de l’excusable pour sauver la seule chose qu’il connait. 
Pirates of the Carribeans : Dead Man Tell No Tale -
On critique – avec raison généralement – les films de Marvel pour la formule et les raccourcis qu’ils réutilisent d’un film à l’autre, mais les Pirates des caraïbes sont également, sinon plus, coupables de ce crime d’auto-plagiat. Les cinq films de la franchise peuvent être résumés comme suit : Jack Sparrow, la marine britannique et un excellent acteur sous une tonne de maquillage/effets spéciaux, chacun sur leurs bateaux respectifs, naviguent un océan aux courants guidés par la convenance du scénario, à la recherche d’un artefact mystique ou pour se mettre des bâtons dans les roues. Les allégeances changes selon – encore une fois – les besoins du scénario, Jack Sparrow ne fait rien d’utile autre qu’être ridiculement chanceux et un jeune couple hétérosexuel complètement oubliable ont des motivations inintéressantes. Les films arrivent à camoufler leur absence d’intrigue originale en l’inondant sous une avalanche d’éléments superflus, de revirements inconséquents et de pixels. Pour des films aussi stupides, c’est incroyable que ce soit aussi exigeant de suivre la minutie des développements, d’une scène à l’autre.

Heureusement que Geoffrey Rush continue de se pointer dans ce films, compensant pour l’insignifiance de 95% des personnages. Ajouter à ce distrayant pirate un Javier Bardem dégoulinant – littéralement – de méchanceté et vous avez les deux seuls éléments dignes d’intérêts dans ce bordel (d'accord, les cinq minutes que dure l'attaque de requins-zombies étaient aussi pas mal). Le pirate-fantôme (ou fantôme-pirate?) de Bardem siffle de colère le nom de Jack Sparrow sans arrêt, toujours avec autant de plaisir (et le baptise même Sparrow dans une scène de flash-back où un jeune Johnny Depp en images de synthèses terrifie plus que quoi que ce soit). L’enthousiasme avec lequel il attaque ce personnage fait qu’en comparaison, son Silva de Skyfall semble calme et terre-à-terre. De plus, il est augment d'un excellent design, même s'il est plagié du fantôme de The Devil’s Backbone. Si Disney est pour grossièrement s’approprier des esthétiques, aussi bien voler des meilleurs. Dans l’ensemble, Dead Man Tell No Tale est loin d’être assez bon à recommander comme simple distraction (à ce point, si vous ne voulez que des sons et des lumières devant vos yeux, se mettre la tête dans le micro-onde ça revient à moins cher) et encore moins comme objet culturel servant – entre autre- à réhabiliter l’image publique d’un batteur de femmes.
Poesia Sin Fin *
Jodorowsky parle plus en images et en symboles qu’avec un langage narratif conventionnel. Son cinéma, pas toujours évident à déchiffrer, a pourtant absolument confiance en son public, ce qui est rafraichissant dans une ère où on préfère tout nous surexpliquer que de nous laisser réfléchir. Avec La danza de la realidad et maintenant Poesia Sin Fin, le cinéaste chilien est entré dans une période autobiographique de sa filmographie, revenant sur sa jeunesse pour nous parler de la vieillesse et du temps qui passe. Il crée ainsi une œuvre sincère et intime au cours de laquelle il met à nue ses anxiétés et regrets de l’époque avec la sagesse de l’âge et le bénéfice du temps passé. L’homme étant une figure si unique, charismatique et fascinante, il est difficile de ne pas tomber sous son charme. On se voit mal refuser une nouvelle invitation dans son univers, rempli de fétiches et de violence, qui mélange sans effort la beauté et le blasphème pour créer une œuvre aussi choquant que magnifique.
Power Rangers
Le meilleur aspect de Power Rangers, c’est qu’il est si peu intéressé d’être un film de Power Rangers. Le film est donc 3 parts « films d’ado » et 1 part « film de superhéros ». L’esthétique est horrible et le film est trop long, mais il y a quand même un désir de créer un groupe de héros avec des problèmes identifiables qui, lorsqu’ils arrivent enfin à surmonter leurs anxiétés, deviennent enfin une unité que l’on a envie de voir vaincre l'adversité (ici sous la forme d'une Elizabeth Banks qui a beaucoup de plaisir). Ainsi, sans être impeccable ou révolutionnaire, il y a des pires films desquels s’inspirer que Breakfast Club et Chronicle.

Le problème d’infiltration *
Sans être un film d’horreur pur et dur, Le problème d’infiltration flirte avec le cinéma de genre d’une façon agréable au sein d’un paysage cinématographique québécois qui a généralement peur d’une telle chose. Le prolifique Robert Morin fait rarement deux fois le même film et est dans une période de sa carrière où il ose et essaie sans arrêt, créant généralement des objets étranges et fascinants. Son dernier effort cinématographique est un exploit technique impressionnant qui nous emprisonne dans le quotidien d’un homme dont la vie déboule en moins de 24 heures. La mise en scène étouffante et le scénario au protagoniste de plus en plus répugnant en font une expérience anxiogène qui nous force à constater la monstruosité d’un riche homme pathétique qui n’a pas l’habitude que tout ne soit pas comme il le veut. Dans un premier rôle principal aussi spécifique, Christian Bégin est parfaitement choisi, puisqu’il amène avec lui une partie de sa personnalité publique qui ajoute beaucoup à notre perception du personnage. L’utilisation des plans-séquences se justifie ici par l’expérience angoissante dans laquelle ils nous emprisonnent, comme le faisait l’incroyable et brutal film ukrainien The Tribe. Pourtant, Morin ne s’empêche pas de jouer avec les contrastes de lumière pour créer un film visuellement stylisé et distinct, fortement inspiré de l’expressionnisme allemand. 

Professor Marston and the Wonder Women
C’est l’année Wonder Woman au grand écran et, comme visionnement complémentaire au blockbuster de Patty Jenkins, on pourrait facilement faire pire que le biopic Professor Marston and the Wonder Women. Pour nous raconter les événements qui ont mené à la création du personnage de bande dessinée à sensations, la réalisatrice/scénariste Angela Robinson a sagement compris que l’intérêt principal de ce récit était la relation entre le titulaire professeur et ses deux "wonder women" (sa femme et leur petite-amie avec qui il vivait en relation polygame). On s’investit d'abord dans cette histoire d’amour et ce n’est qu’en fin de film qu’arrive la leçon d’Histoire qui découle du drame humain, plutôt que le contraire. Par contre, considérant le sujet, le film aurait beaucoup gagné à être plus « sexy ».
A Quiet Passion
Resident Evil : The Final Chapter -
À ce point-ci, je n’ai personne d’autre à blâmer que ma propre personne de m’être imposé cette sixième (septième?) installation d’une franchise qui n’a jamais réellement été bonne. Évidemment, le scénario est surcomplexe et truffé de mythologie dont on préoccupe peu, tout en n’ayant aucun personnage intéressant autour duquel accrocher cette conclusion. Même l’action est montée au rythme d’une coupe chaque 1/3 de seconde, rendant chaque scène de combat incohérente. Il est difficile de cerner ce qu’ils essayaient de camoufler avec un tel montage? Il y a tant de possibilités! Leur manque de budget? Leur paresse sur le plateau? Ou leur incapacité à se foutre de la qualité du produit? C’est étrange à dire, mais on espère que Paul W.S. Anderson revienne à des films qui ne se prennent pas tant au sérieux, comme Death Race ou le si plaisant The Three Musketeers (2011).

La résurrection d’Hassan

La résurrection d’Hassan est avant tout un documentaire sur le deuil. Une famille qui a de la difficulté à se remettre du décès de leur fils ainé (il y a 12 ans) s’intéresse à des modes de pensées ésotériques et s'accroche aux possibilités "réelles" de sa résurrection. Le fait qu’ils soient tous non-voyants et subviennent à leur besoin en chantant dans le métro n’est que supplément au drame central à cette famille. Si ce film était une fiction, on pourrait facilement en dire qu’on essaye d’en faire trop, ou que c’est tiré par les cheveux. Par contre, devant la version documentaire de cette histoire, on ne peut que s’émerveiller devant la vérité de ce récit. Malgré leur mode de vie et croyances marginales, cette famille traverse des tensions et difficultés qui ne sont que trop reconnaissables. On passe par contre un peu trop de temps sur l’aspect le moins intéressant du documentaire : tout ce qui touche à la résurrection, avec les séminaires et discussions ésotériques.  Il est clair que le cinéaste Carlo Guillermo Proto a passé assez de temps en compagnie de la famille Harting pour obtenir leur pleine confiance et ils se laissent ainsi aller devant une caméra qui n’a pas peur d’être le plus proche de ses sujets possibles. Grâce à tout cela, La résurrection d’Hassan se démarque en tant que documentaire humain et fascinant qui mène à une conclusion satisfaisante causée par un changement concret dans leur mode de vie - que rien ne soit scénarisé est remarquable.

Le roi des Belges
Ce film au contexte très spécifique, qui aurait pu être difficile d’accès pour le grand public, arrive à en faire un récit universel de découverte de soi en laissant toute la place à ses personnages. Un modeste film avec beaucoup d’humour sur l’humilité, la responsabilité et le devoir.

Les rois mongols
Léger trip nostalgique, Les rois mongols arrive pourtant à créer se démarquer en créant une histoire touchante d’enfants accrochés à une innocence qui leurs est arrachée beaucoup trop tôt. En première partie, on sent parfois qu’il y a beaucoup à couvrir et pas assez de temps, alors les raccourcis deviennent apparents, mais c’est lorsque le film prend son temps et s’arrête qu’il est à son meilleur. Le jeu des enfants protagonistes (un pari toujours risqué) est juste et on appuie parfois un peu trop sur les thèmes ou les émotions, mais sinon, comme cinéma québécois à grand public, on peut facilement faire pire!
Rue de la victoire -
Un documentaire sur le cirque qui nous empêche de pleinement vivre le sujet. On nous parle du cirque et le protagoniste nous explique très clairement et en détail ses sentiments par rapport à sa passion et les enjeux de cette dernière dans un environnement conservateur. Par contre, justement, tout est dit, mais rien ne nous permet de faire l’expérience complète de cette forme d’expression. On nous tient à distance de ce qui intéresse le sujet du documentaire et ainsi on n’y rend pas hommage. 
Un sac de billes
Sans être extraordinaire, Un sac de billes reste assez charmant et touchant pour que l’on passe par-dessus ses moments plus convenus. Raconter l’occupation allemande en France à travers les yeux d’enfants amène une autre dimension tragique à la chose que l’on ne visite pas toujours, du moins, pas autant en profondeur. Les deux acteurs amènent à leurs personnages ce mélange d’innocence et d’audace qu’il faut pour des jeunes qui sont forcés par les circonstances de vieillir trop vite. Donc sans être un film majeur, on peut facilement faire pire en terme de film qui exploite la Deuxième Guerre mondiale pour du drame facile.
The Salesman
Sans être à la hauteur de The Past ou A Separation, le dernier film d’Asghar Farhadi reste tout de même captivant. Sa formule habituelle est au rendez-vous, avec un mystère choquant au cœur d’une vie de famille, qui sert à explorer divers sujets touchant à la vie de couple. Contrairement aux deux autres films, le couple de The Salesman est encore ensemble et cherche à aller de l’avant malgré les embuches. Le mystère auquel ils sont confrontés permet au scénario de toucher à ce sujet moderne qu'est la masculinité toxique et ses dommages collatéraux dans un environnement familial.
Ça sent la coupe -
À moitié drame sans véritable enjeu et comédie pas drôle, Ça sent la coupe n’a rien pour plaire. Les raccourcis de scénarios sont aberrants, les motivations ne sont jamais claires et le hockey n’apporte absolument rien au film en dehors d’un cadre narratif qui n’est que purement esthétique. Le protagoniste pourrait être fan de pétanque, de tennis ou de curling pour l’impact que son passe-temps a sur le film. Julianne Côté, dont le charme est imperméable à tout mauvais scénario, arrive à tirer son épingle du jeu et amener un peu d’humanité à ce récit – lorsqu’elle n’est pas « slut-shamed » par son propre frère.
Sieranevada *
Silence *
La sociologue et l’ourson*
Avec un style visuel marqué et un évident désir d’éduquer, La sociologue et l’ourson est un de ces rares documentaires qui pourrait facilement être présenté à n’importe quel groupe d’âge et tous y apprendront quelque chose. En ancrant son récit autour de sa mère, Irène Théry, le documentariste crée du même coup une figure héroïque moderne, simplement en luttant pour la bonne cause avec détermination et intelligence.
Song to Song -
N’étant pas un grand connaisseur de Malick, ce n’est pas Song to Song qui donne le goût d’en savoir plus. Avec une caméra errante, des acteurs qui se murmurent des platitudes et un scénario décousu, il était difficile de ne pas penser aux productions étudiantes pénibles auxquelles j’ai dû assister lors de mes années d’université (et que j’ai moi-même produit). Le film prend deux heures pour méditer sur une question de laquelle on a fait le tour après quinze minutes. Il n’arrive même pas à mettre en valeur les grosses pointures qu’il a obtenues pour ce film. En dehors de Rooney Mara, dont le charme énigmatique reste toujours aussi captivant, personne (Ryan Gosling, Michael Fassbender, Cate Blanchett, Nathalie Portman) ne montre vraiment l’étendue du jeu dont nous les savons capables.
Split
M. Night Shyamalan construit un thriller efficace sur la difficulté des traumatismes et la force des gens qui y survivent. Avec un bon mélange de tension, de propos humaniste et de James McCavoy qui a beaucoup de plaisir, peut-on dire que Shyamalan est de retour? Seul le temps nous le dira, mais la finale qui modifie fondamentalement notre perspective sur le film est du moins prometteuse.
Spider-Man : Homecoming
La combinaison du film de superhéros à la comédie adolescente de John Hughes serait mon idéal théorique, mélangeant deux genres auxquels je dévoue une grande affection. Pourtant, Spider-Man : Homecoming, aussi bien qu’il soit, arrive quand même à certaines longueurs et ne transcende pas la formule du film de superhéros à laquelle nous sommes habitués à ce point-ci. Le ton est impeccable, les acteurs sont juste et la comédie à la hauteur du film (quelque peu inégale), mais avec une durée de plus de deux heures et des scènes d’actions qui sont loin d’être très créatives, il y a une certaine redondance qui alourdi un peu trop le tout. Par contre, comparé aux autres films de superhéros, il est très modeste et c'est toujours apprécié. Il contient par contre l’une des meilleures utilisations de méchant – dans le contexte- de tous les films de super-héros confondus, une intelligence et originalité qu’on aurait aimé retrouver parsemée dans le reste du film.   

The Square*
Le cinéma sur l’art contemporain et rarement sur l’art contemporain – sauf si on veut donner une leçon d’histoire de l’art à la Manifesto. The Square a comme personnage central un directeur de musée et prend place dans et autour de ce musée, mais ce n’est qu’un contexte pour nous parler de beaucoup plus. Comme l’art du musée qui cherche à pousser la réflexion chez les visiteurs, l’œuvre d’art qu’est The Square emporte le spectateur dans des réflexions similaires sur ses devoirs et responsabilités, sociales et personnelles, dans un environnement dont on essaie de se donner l’illusion que nous contrôlons. La critique sociale vient à travers ce récit d’un protagoniste, modèle du privilège moderne (homme blanc hétérosexuel) en position de pouvoir qui tente constamment de garder le contrôle sur son environnement en prenant des décisions irresponsables dont il n’envisage les conséquences que trop tard. Comme The Killing of a Sacred Deer, un récent film aux thèmes similaires, The Square approche le sujet avec un sens de l’humour noir assez mordant, ce qui nous évite de sentir les 2h30 que dure le film. Beaucoup plus pourrait être dit sur The Square, le jeu de ses acteurs, sa mise en abime centrale du Square/cadre de la caméra ou la pièce maitresse de la scène du banquet, mais pour l’instant je ne m’en tiendrais qu’à résumer : c’est ambitieux et complexe tout en étant plaisant et drôle. 
Tadoussac *
Minimaliste et épuré, Tadoussac arrive à marquer avec deux performances dont on risque de parler encore dans 10 ans. D’abord un récit plus classique d’une jeune étudiante de la ville qui fonce en région pour retracer ses origines, le scénario n’hésite pas à plonger ensuite au cœur d’un drame plus exigeant qu’on aurait pu le croire, tout en restant terre-à-terre. Le tout culmine en une scène finale à couper le souffle, constituée d’une simple conversation téléphonique qui met pleinement en valeur le talent des deux actrices principales, Camille Mongeau et Isabelle Blais. La réalisation est d’une simplicité aberrante, mais ce n’est qu’une preuve que lorsque le drame et les acteurs sont à la hauteur, il est préférable de leur laisser toute la place, dans toute leur vulnérabilité et leurs émotions brutes.  Ce n’est pas toujours facile à regarder, mais ce n’est pas moins vrai et touchant. 
Tanna
Their Finest
Their Finest s’intéresse à la période de guerre sans jamais parler de la guerre en soi. On nous parle ainsi d’une Angleterre sous les bombardements et la façon dont la guerre affecte le quotidien des hommes et des femmes (surtout les femmes) qui ne sont pas au front. On s’attarde sur l’industrie du cinéma et sa place dans le conflit. C’est produit et réalisé adéquatement et il y a un thème qu’on n’a vu moins souvent, mais ça reste quand même trop produit et propre comme toute entreprise de ce calibre. Tout est lisse, tout est dit et rien n’est vraiment authentique.

Thor : Ragnarok

N’ayant pas peur d’y aller à fond avec la comédie, les couleurs et le ton ludique, Thor : Ragnarok ressemble plus à l’un des Guardians of the Galaxy qu’un des autres Thor, ce qui n’est pas plus mal puisque les deux escapades intersidérales de James Gunn sont dans les meilleurs films de Marvel. Dans cette nouvelle aventure, Thor est dépouillé de tout ce qui le défini pour qu’il ne reste que la combinaison de charisme et talent comique qu'est Chris Hemsworth ainsi que sa dynamique avec Loki. Le tout est transposé dans un tout nouvel univers dans lequel le cinéaste néo-zélandais Taika Waititi a clairement beaucoup de plaisir. Comme souvent dans le cinéma "feuilleton" à grand déploiement, le premier acte est assez mécanique en prend un peu trop de temps à mettre en place les pièces de son récit. De plus, le rythme du film souffre un peu lorsque l'action quitte la planète-poubelle du Grandmaster pour obligatoirement revenir aux péripéties de la méchante Hela qui veut détruire/ conquérir le monde. Le fait que cette méchante soit interprétée par la grande Cate Blanchett en mode super-vilain sans retenue aide beaucoup par contre. Elle est une manifestation corporelle de l’élégance et la vengeance en maquillage gothique. Avec autant d’humour, un Jeff Goldblum qui a plus de plaisir que jamais, la Valkyrie de Tessa Thompson qui s’ajoute comme un des meilleurs nouveaux personnages de Marvel et une critique du colonialisme comme arrière-fond thématique ,  il est difficile de ne pas recommander Thor : Ragnarok

Three Billboards Outside Ebbings, Missouri
Avec ses choix de sujets assez exigeants et son regard sévère, le cinéma de Martin McDonagh est rarement réjouissant, mais toujours nuancé. Avec Three Billboards, il utilise cet esprit critique à bon escient et nous parle d’un sujet criant d’actualité pour notre monde au sein duquel des camps d’idéaux tranchés se forment sans arriver à dialoguer d’une manière productive. McDonagh nous présente une situation où le bien et le mal semblent clairement définis et passe deux heures à mettre à nu la nuance réaliste de cette situation. Le cœur du film est composé de trois acteurs au meilleur de leur jeu et le scénario reste intelligent, malgré qu’il appuie beaucoup trop sur ses thèmes et use de certains raccourcis un peu grossiers pour en arriver à sa conclusion. 


Toni Erdmann *
Toni Erdmann est une de ces rares comédies qui ancre son humour dans une relation humaine et ose ne pas toujours être drôle. Explorant en profondeur la dynamique du duo père-fille central, le film n’a pas peur de ralentir le rythme pour donner de la place à la tristesse et les problèmes latents derrière les moments comiques. Les moments dramatiques qui fonctionnent permettent à l’humour d’être encore plus efficace, jusqu’à une dernière demi-heure qui va dans toutes les directions et offre beaucoup à méditer en sortant de la salle.
La tortue rouge
La tortue rouge est un beau film qui ne s’étire pas trop, et c’est tant mieux. La simplicité formelle rend l’expérience charmante, mais le scénario épuré nous donne très peu pour s’accrocher au niveau du personnage principal. Le minimalisme qui vise l’universalité résulte donc en un protagoniste trop générique pour qu’on s’y attache. Mais on peut apprécier un film aussi bref et beau comme on apprécie une peinture classique, qui arriver à raconter une histoire complète avec si peu.
T2 Trainspotting
Pleinement conscient de l’image que projette la suite 20 ans plus tard d’un succès culte, Danny Boyle l’assume en faisant justement un film sur ce temps qui passe et qui n’épargne personne. Ce qui aurait facilement pu être motivé purement par la nostalgie vide et cynique devient un moratoire sur la nostalgie, prêt à explorer le poids d’une vie où le meilleur est loin derrière pour des individus qui ont beaucoup de comptes à régler. Avec la direction toujours aussi insaisissable et originale de Boyle, T2 se classe dans les meilleures « suites des années plus tard », avec Creed.
Tulip Fever
Tulip Fever débute dans la plus conventionnelle des mises en situation de film historique : une femme se retrouve mariée à un beaucoup plus vieil homme riche et tombe ensuite amoureuse d’un beau jeune homme. Après quinze minutes, on se doute de la direction du film - quelque chose de lent et très dramatique dans des beaux gros costumes et des décors historiques. Tulip Fever va à l’encontre de toutes ces attentes en étant ludique et plein de rebondissements, où les archétypes interprétés nous surprennent avec des personnages plus complexes qu’au premier coup d’œil. Les raccourcis narratifs empruntés minent un peu l’expérience globale, mais le film bouge si vite qu’on a à peine le temps de réaliser l’inconsistance de certains personnages que nous sommes déjà arrivés à un nouveau développement loufoque. Sans être une comédie en soi, Tulip Fever est drôle et jamais ennuyeux, avec un rythme et de l’énergie qui nous évoque Shakespear in Love ou un plus tranquille Baz Luhrmann. 
A United Kingdom -
Sans être mal exécuté, A United Kingdom est si conventionnel et plat qu’il en devient interminable. Les scènes sont bien cadrées et éclairées, les acteurs sont bons et leurs costumes sont irréprochables, mais le scénario est purement fonctionnel et ne laisse aucun personnage prendre vie. On est plus proche d’un cours d’Histoire que du cinéma qui cherche à nous faire vivre quelconque émotion. Les seuls moments où on se réveille un petit peu, c’est pour les discours de David Oyelowo, mais on se pose quand même la question : pourquoi sont-ils en anglais tandis qu’il s’adresse à son peuple d’une nation africaine? Symptôme d’un film qui vise à « occidentaliser » son récit plutôt que toute forme d’authenticité.
Valerian and the City of a Thousand Planets
Si on arrive à passer par-dessus le casting de Dane Dehaan en badass de l’espace (acteur que j’adore, mais qui a l’air d’un adolescent en grand besoin de vitamines et d’une bonne nuit de sommeil), il y a beaucoup à aimer dans le divertissant Valerian. Luc Besson a toujours eu un regard enfantin sur ses sujets, pour le meilleur et pour le pire. Dans le cas d’un film d’aventure intergalactique coloré, ce regard se traduit en sincérité qui fait de Valerian tout ce qu’il promet d’être. Le scénario fait évidemment défaut, mais il sert plus d’excuse pour que les personnages prennent des détours et rencontrent des extraterrestres tordus ou se retrouvent dans des embuches sci-fi. Cara Delevigne se démarque admirablement avec une personnage qui aurait facilement pu tomber dans le fantasme adolescent pur (elle reste un fantasme adolescent, mais y amène une touche personnelle). Mention spéciale à Rihanna, dans un petit rôle qui laisse la plus grande marque du film. 
Une vie *
Ma vie de courgette
Ma vie de courgette utilise un ton et un style d’animation enfantine pour parler de sujets incroyablement sérieux. Malgré les aspects sombres de ce scénario (et il y en a de la noirceur!), il est toujours vu à travers le regard d’une enfance dont on sous-estime trop souvent la capacité d’adaptation. Ainsi, ce film sympathique n’est jamais trop alourdi par le poids de ses sujets. L’animation réussit même à reproduire, de son mieux, cette spontanéité et énergie exclusive aux enfants. Au final, il est difficile de se tromper avec ce récit d’enfance joyeuse et mature, surtout qu’il ne dure que 70 petites minutes.

Visages, Villages*
Malgré quelques échanges clairement scénarisés, des séquences mises en scènes et des installations artistiques qui nécessitent clairement beaucoup d’organisation et de planification, il est difficile de trouver un documentaire cette année avec autant de spontanéité que Visages, Villages. La complicité entre Agnès Varda et JR nous accroche immédiatement, avec des sensibilités juste assez similaires pour s’agencer, mais juste assez divergentes pour se compléter. Il est facile d’embarquer dans un voyage à travers la France dans une ambiance aussi ludique et sensible qui nous amuse autant qu’elle nous fait réfléchir. Les générations se rencontrent, autant à travers l’âge des protagonistes que dans des oeuvres publiques qui honorent le passé autant qu’ils font hommage au présent. Ces installations dans des villages des régions françaises datant de plusieurs siècles sont ensuite partagées sur les médias sociaux, juxtaposant le passé et le présent dans un agencement qui fait sourire. Il est difficile de résister au charme de Visages, Villages et encore plus au duo au cœur de cette histoire avec qui on partirait en voyage n’importe où, n’importe quand. 
Voir du pays
Avec un drame central pertinent et un duo d’actrices impeccables, Voir du pays manque quand même légèrement de rythme. Certaines séquences sont aussi subtiles que d’autres sont grossières, mais dans l’ensemble, on se laisse emporter par ces vacances hors-normes de soldats qui tentent progressivement de réintégrer le monde.
The Wall
Une sorte d’anti-film de guerre, The Wall est une proposition risquée et impressionnante : un homme seul derrière un mur pendant 1h30 avec comme seule compagnie la voix d’un tireur d’élite ennemi aux intentions ambiguës. Aaron Taylor-Johnson n’est pas nécessairement un acteur du calibre à supporter un film entier, ainsi, on souffre quelques longueurs lorsqu’on s’attarde à ses drames personnels. Sinon, le reste est efficace et le propos se veut une critique assez pointue de la guerre en Irak et de la futilité de cette révérence militaire qui est enracinée dans la culture américaine. 

War for the Planet of the Apes*


La conclusion d’une trilogie qui n’a fait que s’améliorer d’un film à l’autre. Ayant retenu les bonnes leçons des volets précédents, War évacue presque entièrement les personnages humains – sauf l’excellent Woody Harrelson – pour laisser toute la place aux singes, les vrai vedettes de la franchise. Le film arrive à un équilibre franchement étonnant entre les moments dédiés aux personnages et à une intrigue assez chargée. Avec une durée de 140 minutes, War est le plus long de la série et il utilise avec efficacité chacune de ces minutes. Il prend l’étonnante décision d’être moins spectaculaire que son prédécesseur, avec des enjeux égaux, sinon moindres, tout en gardant son attitude mature sur les conflits armés qui semblent ne pouvoir se résoudre. En gardant la traditionnelle allégorie politique que l'on retrouve dans (toute) la franchise, cette conclusion semble plus d’actualité que jamais, et c’est pour le mieux. Il y a donc de la tragédie, du poids émotionnel, de l’espoir, de l’humour, de l’aventure et des singes à cheval armés de fusils automatiques, que demander de mieux? 
Weirdos
Window Horses
Pour toute la créativité visuelle que Window Horses met de l’avant avec ses poèmes, chansons et contes, l’intrigue qui les contient est un peu trop standard et manque de rythme. On se restreint d’utiliser le médium de l’animation à son plein potentiel que pour des moments clés, laissant les séquences narratives traditionnelles au dépourvu. L’histoire, pourtant magnifique, ne prend jamais tout à fait vie comme elle devrait. Le film vaut par contre le détour puisqu’elle tente la différence et raconte une histoire pertinente sur les citoyens du monde aux origines mixtes et le grand potentiel de ces rencontres de cultures.

Wind River

Après Sicario, Hell or High Water et Wind River, il est clair que le scénariste (et maintenant réalisateur) Taylor Sheridan s’intéresse particulièrement aux communautés dans les marges et leur rapport à l’institution. Le plus isolé de ses films, Wind River prend place au sein d’une communauté autochtone qui tente de cohabiter avec les colonisateurs et leur progrès, un sujet particulièrement d’actualité au Québec. À travers une enquête policière assez bien ficelée, on explore les difficultés d'une communauté et les maux et frustrations de ses habitants. Une agente du FBI (la vedette montante Elizabeth Olsen) arrive de l’extérieur pour essayer de démêler un crime violent et, grâce au guide local, un homme compétent et renfrogné, mais ultimement bon (la spécialité de Jeremy Renner!) et aux immenses yeux sensibles d’Olsen, nous apprenons à regarder avec empathie des gens qui, malgré le fait qu’ils ont beaucoup souffert, refusent d'abandonner. On joue parfois un peu gros sur les sentiments, mais le tout reste ultimement sincère, l’intrigue fonctionne, les acteurs sont bons et la direction photo met en valeur le paysage unique rarement mis à l’écran.  

Wonderstruck

Après ses films sur le monde de la musique et les luttes LGBT, Todd Haynes adapte un roman de Brian Selznick pour en faire un de ses films les plus charmants et accessible en carrière. Une histoire toute en douceur entrecoupe entre les années 20 et les années 70 pour nous raconter les aventures de deux enfants qui ont fui la maison pour aboutir à New-York, séparé par le temps, mais connecté par leur quête. À la recherche de parents absents et tous deux souffrants de problèmes d’auditions, ils sont confrontés à deux New-York très différents, qu’ils vivent pourtant de la même façon, perdue, seuls, mais émerveillés. On reconnait le texte de Selznick (auteur de The Invention of Hugo Cabret) dans ses nombreux hommages au cinéma classique que l’adaptation rend à la perfection – les séquences de cinéma muet et d’animation en volume sont particulièrement mémorables.  Toute la sensibilité et la grâce dont Haynes a fait preuve pour ses plus grands films sont ici mises au service de l’innocence et du regard de l’enfant, pour un résultat émouvant et réconfortant.  

Wonder Woman
Critique complète

Woodshock –

Malgré certaines qualités démontrant un réel potentiel de réalisation, Woodshock est malheureusement trop long et guidé par un scénario inabouti. Le jeu avec la caméra et la pellicule, augmenté d’une mise en scène qui accorde beaucoup d’importance à tout ce qui est tactile dans le récit et à une Kirsten Dunst toute en grâce, sont magnifiques et hypnotisant et auraient fait un excellent court-métrage expérimental. Par contre, c’est au niveau scénaristique que rien ne lève. Des personnages secondaires entrent et sortent du récit sans faire une marque quelconque et la mise en scène lors des échanges de dialogues empêche tout engagement dramatique. Ainsi, des plans excitants et séquences de psychotropes visuellement stimulantes sont raccordés par un récit ennuyeux qui n’a définitivement pas besoin de 100 minutes.  
X Quinientos
xXx : The Return of Xander Cage
Lorsque je pense à du gros cinéma bourrin le plus divertissant possible, je pense à des films comme xXx : The Return of Xander Cage. Sans dépendre de notre connaissance de la « franchise », le film sait exactement ce qu’il cherche à accomplir et y va à fond avec ses forces, nous offrant un Donnie Yen dans toute sa splendeur et un Vin Diesel toujours aussi sincère qu’il est étrange et difficile à cerner. C’est simple et pas toujours bien fait, mais il y a une variété de talents à l’écran qui ont beaucoup de plaisir contagieux et c’est assez jouissif pour qu’on se préoccupe peu du reste.
The Young Karl Marx
The Young Karl Marx arrive rarement à transcender le genre du biopic historique dans lequel il est fermement ancré. Heureusement, il se limite à une période de la vie de Marx et ainsi ne perd jamais de vue son sujet (contrairement aux biopics qui s’étirent sur des décennies) en ce moment clé de sa "carrière". Le récit excelle lorsqu’il se concentre sur la relation entre Marx et son complice d’écriture, Friedrich Engels, une dynamique interpersonnelle qui cause plus d’étincelles que celles entre les deux hommes et leurs femmes respectives. Sans en connaitre assez sur le sujet pour parler de la fidélité historique ou la représentation des philosophies, du côté du drame, ça fonctionne suffisamment pour garder le film à flot jusqu’à la fin, mais sans plus. 
Your Name.
-Vu dans le cadre d’une sortie limitée à Montréal –
Un drame adolescent, avec déjà quelques éléments fantastiques, qui prend une tournure draconienne à mi-chemin. Les retournements étranges du film ne font que pousser le concept plus loin dans la science-fiction/métaphysique qui rende ce film difficile à définir. Pourtant, malgré toute la complexité des forces qui font avancer le récit, il n’oublie jamais que son cœur réside dans une histoire d’amour touchante entre deux adolescents aux vies drastiquement différentes.
The Zookeper's Wife
Avec une approche à la Deuxième Guerre mondiale que l’on n’avait pas tout à fait déjà vue (mots clés ici : pas tout à fait) et deux acteurs principaux qui sont toujours plaisants à regarder (Jessica Chastain et Daniel Bruhl), ce film avait beaucoup de potentiel. Les images de juifs hébergés dans un zoo forçant une comparaison qui souligne la déshumanisation de l’époque sont assez frappantes. Par contre, dans l’ensemble c’est assez standard et, comme c’est souvent le cas dans les films historiques, trop appuyé.

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