Films
2017
Tous les films que je vois
n’ont pas droit à une critique entière, mais voici tout de même une banque, en
ordre alphabétique, des films que j’ai vus cette année, accompagnés de courts
textes pour avoir une idée sommaire de leurs forces et faiblesses. Mes films
favoris sont marqués d’une ( * ) et ceux qui le sont…moins ont un ( – ),
histoire de rendre la navigation plus simple.
La mise à jour est (environ)
hebdomadaire.
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120 battements par minute *
Malgré un sujet difficile et peu réjouissant, la plus
grande réussite de 120 battements par
minute est sa célébration de la vie et, surtout, d’un espoir toujours
présent, même s’il est parfois quasi-invisible. À certains moments, il semble
que la lutte du mouvement Act Up Paris soit en vain : les choses tournent
en rond, les débats se répètent et se ressemblent, les actions de révoltes et
cris de désespoir semblent tomber dans l’oreille d’un sourd tandis que le temps
continue de filer et les séropositifs continuent de mourir. Le style de caméra
alterne grandement entre le public et le privé. Les scènes de groupes (réunions
hebdomadaires, manifestations, actions de dénonciations) sont tournées avec une
approche près du documentaire, amenant un inévitable réalisme qui nous plonge
au cœur de leur quotidien. En privé, l’intimité est le mot d’ordre, avec un
scénario plein de révélations et de mise à nu des sentiments et une caméra qui
filme avec tendresse des personnages qui n’ont que très peu de moments répits
dans cette lutte constante pour leur vie. 120
battements par minutes fait ressortir, avant tout, l’humanité au cœur d’un
mouvement d’activistes et les difficultés de ce qui est, au final, un mode de
vie imposé à des fragments de la population dont la grande majorité préfère
ignorer les problèmes.
20th
Century Woman *
Critique complète
Les affamés *
Le paysage du cinéma de genre au Québec est comparable aux campagnes de Les affamés : un magnifique désert plein de potentiel, négligé et oublié. Ainsi, lorsque le réalisateur Robin Aubert décide enfin de mettre la main à la pâte et dévouer l’énergie et la créativité nécessaires à son projet de zombies, il en ressort un objet réellement spécial, quelque chose d’unique en son genre. Les affamés reprend les codes du cinéma de zombies et se réapproprie l’univers post-apocalyptique en se situant dans les régions québécoises qui se désertent de plus en plus - zombie ou pas. Il atteint un équilibre entre l’horreur pure (gore, sursaut, tension) et l’ambiance lente qui souligne l’angoisse existentielle latente d'un problème qui n'a pas de bonne solution. Certes, il y a quelques scènes de poursuites stressantes avec des zombies qui pourchassent nos protagonistes à travers champs et forêts, mais on est surtout marqué par les silences méditatifs, le chant assourdissant des grillons sur des décors vides et la dignité calme et réservée des protagonistes. Il n’y a pas lieu de s’y méprendre, Les affamés est un film de zombies, pur et dur, mais son identité québécoise est tout aussi indéniable.
Les affamés *
Le paysage du cinéma de genre au Québec est comparable aux campagnes de Les affamés : un magnifique désert plein de potentiel, négligé et oublié. Ainsi, lorsque le réalisateur Robin Aubert décide enfin de mettre la main à la pâte et dévouer l’énergie et la créativité nécessaires à son projet de zombies, il en ressort un objet réellement spécial, quelque chose d’unique en son genre. Les affamés reprend les codes du cinéma de zombies et se réapproprie l’univers post-apocalyptique en se situant dans les régions québécoises qui se désertent de plus en plus - zombie ou pas. Il atteint un équilibre entre l’horreur pure (gore, sursaut, tension) et l’ambiance lente qui souligne l’angoisse existentielle latente d'un problème qui n'a pas de bonne solution. Certes, il y a quelques scènes de poursuites stressantes avec des zombies qui pourchassent nos protagonistes à travers champs et forêts, mais on est surtout marqué par les silences méditatifs, le chant assourdissant des grillons sur des décors vides et la dignité calme et réservée des protagonistes. Il n’y a pas lieu de s’y méprendre, Les affamés est un film de zombies, pur et dur, mais son identité québécoise est tout aussi indéniable.
After
the storm *
Un film sensible et humain qui peint le portrait
complexe d’un homme ordinaire aux nombreuses failles et sans grand talent qui
fait de son mieux, tout simplement. Les meilleurs films sont ceux qui arrivent
à capturer une réalité, de prime abord banale, pour leur insuffler une
universalité qui élève un film « où rien ne se passe ». Ainsi, comme
beaucoup d’entre nous, le protagoniste Shinoda Ryôta n’est ni le héros ou le
vilain de sa propre histoire, même s’il est constitué d’un peu de ces deux
essences. Le film d’Hirokazu Koreeda fait partie de ce cinéma si simple et près
de notre expérience quotidienne qu’il semble ne faire aucun effort et
« est » tout simplement. On assiste aux péripéties de Ryôta comme on
écoute un ami ou une connaissance nous raconter sa fin de semaine, et on en
tire ce que l’on veut. Heureusement, il y a beaucoup à tirer d’After the Storm.
Alien: Covenant
Une chose est claire avec Alien : Covenant : Ridley Scott ne veut pas vraiment faire
des films d'Aliens. La franchise populaire sert de véhicule pour toucher à des
idées qui n’étaient certainement pas présentes dans la série d’horreur que lui,
Dan O’ Bannon et H.R. Giger ont enfantée. Il se réapproprie ainsi sa propre création,
à la base un film de violence sexuelle, pour philosopher la relation
créateur/création et les dangers de cette création irresponsable. Il arrive à
mieux lier Covenant à la série que Prometheus et l’utilisation du Xenomorph
est plus pertinente, même si l’usage obligatoire des moments « Alien »
semble plus forcé ici. Le film n’est pas parfait, mais a une idée claire en
tête et utilise Michael Fassbender à la perfection. Il fait la juste part entre
ses thèmes et réflexions et l’hémoglobine - que peut-on demander de plus?
American
Made
Décousu, mais énergique, le Wolf of Wall Street de Tom Cruise est loin d’être ennuyeux. Par
contre, il n’arrive pas vraiment à faire un tout cohérent avec tous les
éléments avec lesquels il jongle du début à la fin. Comme dans la majorité de
ses rôles, Cruise dédie 100% de son énergie à la cause et ainsi, le résultat
final reste dynamique et distrayant, mais considérant la grosseur de ce à quoi
il touche (criminel historique irresponsable et validé par le gouvernement
américain), il ne peut s’en tirer qu’avec « ludique et divertissant ».
Il y a beaucoup de potentiel à explorer et une ambiance éclectique qui pourrait
être utilisée à meilleur escient, mais même Domnhall Glesson n’arrive pas à réchapper
ce film.
Atomic Blonde
Baby Driver *
Baccalauréat *
Explorant des thèmes de masculinité étouffante très
similaires à The Salesman, Baccalauréat est un peu plus pointu dans
sa critique sociale. Le scénario complexe avec une idée derrière la tête l'intègre
finement dans un drame terre-à-terre sur un homme qui tente tant bien que mal
de garder un contrôle sur ce qui l’entoure. Du haut de sa position de pouvoir,
il arrive par contre mal à réaliser parfois que ce qu’il pense être le mieux
pour tous est subjectif et que sa poigne serrée peut devenir étouffante. La
mise en scène réaliste permet de prendre conscience de la façon dont cette
toxicité masculine peut être discrète, presque invisible, dans notre quotidien
et le poids qu'elle peut avoir sans qu'on s'en rende toujours compte.
The Bad Batch
Sans être aussi ciblé et thématiquement satisfaisant
que A Girl Walks Home Alone at Night,
le premier long métrage d’Ana Lily Amirpour, The Bad Batch est quand même un objet de curiosité qui mérite le
détour. Cette exploration lente et méditative d’un monde isolé où régit la loi
du plus fort se perd un peu après une heure, mais elle ne cesse de surprendre
et l’inattendu est toujours chose précieuse au cinéma. Amirpour s’intéresse
plus aux ambiances qu’aux dialogues et elle prouve encore une fois qu’elle peut
raconter des histoires complètes avec si peu. Il est difficile de qualifier
cette combinaison de genres (Action? Romance? Post-apocalyptique? Horreur?) Il
y a certainement de beaucoup et pour tous les goûts, mais c’est cette absence
de direction claire qui empêche au film d’atteindre vraiment son plein
potentiel. Par contre, avec un Jim Carrey méconnaissable, qui ne fait que
grogner, et l’hilarant monologue final de Keanu Reeves, il est impossible de ne
pas recommander le désarçonnant The Bad
Batch.
Ballerina
-
Un film français commercial et artificiel avec
quelques éruptions de créativité malheureusement trop rares. De la peinture à numéro
de film pour enfants, avec des raccourcis narratifs qui font de la protagoniste
un individu à la moralité douteuse. En terme de divertissement familial, on peut par
contre facilement faire pire (films d’Illumination ou Dreamworks). C’est une
triste constatation que la barre est si basse pour le divertissement culturel
de ceux à qui l'on a l’intention de léguer notre planète.
Barbara*
Le biopic est un genre à la formule si ennuyante et
prévisible que de voir Barbara
adopter une approche aussi innovatrice fut une révélation. Même pour ceux qui
ignorent tout de la chanteuse – comme moi, la mise en abime autour de laquelle
le scénario est construit permet une réflexion en profondeur sur le processus
créatif. On alterne entre le biopic conventionnel de la chanteuse et les
coulisses de la production de cedit film, ainsi, les acteurs du film deviennent
des personnages clés autant que les « vraies » personnes qui
entouraient la figure titulaire. On rend hommage à sa vie et sa musique à
travers les yeux d’un cinéaste en constante remise en question pour s'assurer
de rendre justice adéquatement à cette grande dame. De plus, à mesure que le
récit progresse, la ligne entre la réalité et la fiction s'amincit, ce qui amène
de nouvelles réflexions et pousse le concept vers des contrées inattendues et
rafraichissantes.
Battle of the Sexes
Battle of the Sexes est un film historique « inspiré de faits
vécus » à la formule assez classique, avec les raccourcis usuels et les
moments trop appuyés, qui est rattrapé par ses thèmes d’ intersectionnalité
encore d’actualité, ses excellents acteurs principaux et le grand soin apporté
à l’histoire d’amour clé au cœur du film. Avec ses thèmes de libération des
femmes ET un personnage LGBT, le film des réalisateurs de Little Miss Sunshine en gère large. Par conséquent, il lui arrive
de tomber dans les raccourcis. Par contre, il sait ou accorde l’importance
nécessaire: aux relations des deux antagonistes à leurs entourages. Par
exemple, ce n’est pas dramatique qu’il y ait une « méchante » aussi
unidimensionnelle que Margaret Court lorsque le Bobby Briggs de Steve Carrell
est traité avec autant de nuance et on distingue à peine les différentes
joueuses de l’entourage de Billie Jean King, mais sa relation avec son mari, sa
« coiffeuse » et sa sexualité compensent en complexité. Ainsi, en
termes de film biographique/historique, Battle of the Sexes se classe sur les échelons
de qualité supérieurs.
Beach
Rats
Subtil et humain, Beach
Rats ne réinvente toutefois pas la roue (dans ce cas-ci, la roue du récit
sur l’adolescent en quête de sa sexualité). La performance terre-à-terre et
sans prétention du jeune Harris Dickinson ancre un récit sobre surtout
constitué de gros plans d’un ado confronté aux attentes de la société face à sa
sexualité. Beach Rats est de ses
modestes films qui s’intéressent à un sujet, l’explorent avec détermination et
n’en démordent pas jusqu’à ce qu’ils nous aient peint le portrait complet d’une
situation spécifique. La touche empathique de la mise en scène rend universel
avec grâce l’éternel récit de quête identitaire lors du passage à l’âge adulte.
Beatriz at Dinner
Une comédie dramatique d’actualité au cours de
laquelle une immigrante de la classe ouvrière (Salma Hayek) se retrouve à un
souper avec un substitut pour Donald Trump (John Litgow). C’est créatif,
rafraichissant et Salma Hayek offre une performance loin de ce à quoi nous
sommes habités de la voir. Sensible, vulnérable et tourmentée, elle arrive à
incarner l’anxiété et le poids sur les épaules des immigrants tout en étant sa
propre personne. Le malaise d’une personne à revenu modeste au milieu de gens riches
et puissants est vrai et le scénario et les acteurs font ressortir tout l’humour
de cette situation. Seul bémol, le film tente parfois d’être plus profond qu’il
arrive à être. Le commentaire et la situation n’offrent pas tant de nouveau
regard sur cette dynamique et les moments qui tentent d’être plus poétiques
donnent l’impression d’être plus redondants qu’autre chose. Ils sont heureusement
trop peu nombreux pour trop alourdir le film.
The Beauty and the Beast
L’Hermione d’Emma Watson fut une figure si importante pour
Olivier-adolescent qu’il fut difficile de ne pas simplement tomber sous le
charme de sa Belle et en rester là. Bill Condon réalise adéquatement cette
remise aux goûts du jour d’un classique animé qui n’en avait pas nécessairement
besoin. Par contre, l’effort de Disney de reconstruire leur catalogue avec des
optiques plus modernes est louable. Ainsi, la Cendrillon de Lily James est plus
autonome, le Jungle Book de Jon
Favreau se débarrasse des idées colonialistes du texte original et Belle est
approchée ici avec une claire visée féministe en tête.
Before I Fall -
Groundhog Day édition Intimidation Adolescente est une bonne idée
en soi, il est par contre ennuyeux que l’exécution reste prévisible et le
scénario en surface. Après une première journée, il est facile de deviner la
suite des choses et l’ultime résolution ne semble pas prendre en considération
des éléments majeurs de la psychologie adolescente dont il veut parler.
The Beguiled
Avec la panoplie de
talents à l’écran, il est difficile de faire fausse route avec The Beguiled, le dernier drame (/thriller?)
de Sofia Coppola. Avec une mise en scène toute en finesse, Coppola nous invite à
constater l’impact qu’a un homme aussi charmeur que Colin Farrell sur une
maisonnée constituée uniquement de femme. Son jeu avec la tension est l’une des
grandes réussites du film, quelle soit sexuelle ou autre. Il est facile de
célébrer le talent des grosses pointures comme Nicole Kidman, Kirsten Dunst et
Colin Farrell (et ils le méritent ici autant que n’importe où), mais
l’équilibre du film nécessite des actrices à la hauteur pour même les plus
petits rôles et Coppola accomplit ici à un ensemble sans fausse note. Nous
sommes déjà au courant du talent de l’insaisissable Elle Fanning et Angourie
Rice n’a plus rien à prouver depuis The
Nice Guys, mais Emma Howard, Addison Riecke et Oona Laurence arrivent aussi
à laisser leur trace malgré leur jeune âge et rôle plus limité, preuve autant de
la qualité du scénario que de la direction.
The Big Sick *
Le modèle de comédie romantique américaine commence à
se faire vieux et tout en s’en inspirant, The
Big Sick arrive à y injecter une dose d’humanité contemporaine qui en fait
l’un des films les plus charmants de l’été. Le scénario autobiographique amène
au film la sincérité essentielle autant à la comédie qu’au drame, et il
équilibre ces deux aspects avec grand soin. Malgré une histoire relativement
convenue (et la marque « inspiré d’un fait vécu » qui rend la finale
impossible à ne pas voir venir), on arrive à nous surprendre ici et là. Des
quatre comédiens principaux, aucun ne laisse sa place et tous arrivent à nous marquer
à leur façon. En plus d’être une histoire d’amour, on nous parle également d’expérience
immigrante (un sujet toujours d’actualité) avec maturité et soin, preuve de la
pertinence de permettre à une variété d’individus de raconter leurs expériences
de leur point de vue respectif. C’est un cliché – donc qui doit, par défaut,
être évité, mais dans ce cas-ci s’applique assez pour faire exception :
avec The Big Sick, on rit, on pleure
et on en ressort un peu plus léger.
Patrick Huard ne devrait pas être laissé à lui-même.
Comme on l’a vu dans Mommy et Guibord s’en va-t-en-guerre, il peut
être si bon lorsqu'utilisé correctement. Il amène à l’écran une humanité
vulnérable et de charisme comme peu y arrivent au Québec. Par contre, lorsqu’il
met ce talent au service d’un scénario construit pour le mettre en valeur (Ego Trip), l’effort tombe à plat. David
Bouchard, son personnage de policier rebelle aux méthodes peu orthodoxes, revient
donc pour Bon Cop Bad Cop 2, film
duquel Huard est le seul scénariste et en dehors de Colm Feore, aucun des
charmes du premier film n’est de retour. Le cinéma québécois est à son pire
lorsqu’il essaie d’être ce qu’il n’est pas. Si l’original se voulait une
réappropriation culturelle du film d’enquête policière américain sous forme
d’une parodie à saveur locale, la suite n’a aucune conscience d’elle-même et
essaie simplement d'être un film américain, sans le budget ou le savoir-faire
technique. Ainsi, on passe beaucoup trop de temps à développer une intrigue
insignifiante de vol de voiture/attaque aux États-Unis, sans élément subversif
ou créatif quelconque. Le scénario prend beaucoup trop au sérieux son récit
trop compliqué et terriblement ennuyeux. Quand le film n’est pas ennuyeux, il met
en valeur la vision macho rétrograde et sexiste de Huard sur son personnage de
patriarche et sa masculinité impeccable. Les femmes dans sa vie n’existent que
pour valider sa grandeur et son importance et la seule fois qu’une femme prend
en charge une scène et fait violence à son agresseur - comme les hommes le font
habituellement aux méchants, il la traite de folle (littéralement). S’il y a
une seule bonne chose à tirer de tout ce foutoir, c’est la présence de Colm
Feore qui amène une humilité et un charme dont le reste du film manque
indéniablement. En voulant être plus grandiose et sérieux (c.-à-d.: plus américain),
Bon Cop Bad Cop 2 perd son identité, celle qui avait tant séduit le Québec il y
a 10 ans.
Brigsby Bear
Un modeste drame tendre et amusant qui arrive
malheureusement à une conclusion irresponsable et immature. Le protagoniste de Brigsby Bear, James, fut kidnappé bébé
et gardé dans un bunker par des « parents » qui utilisaient des
casettes d’une fausse série pour enfant (Brigsby Bear) pour l’élever et
l’éduquer. Il a développé une obsession pour cette série formatrice, ses
personnages et sa logique, qu’il conserve après avoir été sauvé, à l’âge de 25
ans. Il doit ainsi réintégrer le monde avec comme seule bouée de sauvetage une
émission jeunesse que personne ne connait et qui fut pensée par ses kidnappeurs
pour le garder servile et otage. Par contre, le film n’a pas vraiment
conscience du rapport néfaste qu’a James avec la série et ainsi n’explore
jamais les conséquences logiques de cette situation. Il préfère valider cet
adu-lescent dans son obsession, comme une génération d’adultes modernes et leur
nostalgie pour la culture de leur enfance qui les empêche de pleinement
assimiler le monde et ses responsabilités. En dehors de ce détail (clé), le
film est bien exécuté et joué, avec la bonne dose de comédie (mais pas assez de
Mark Hamill). La première moitié fonctionne comme une sorte de version plus
comique de Room, ce qui n'est pas
mauvais, c’est seulement vers la fin que le film n’arrive pas à manifester le
courage pour prendre la voie mature et préfère transformer une psychologue qui
veut le faire décrocher en méchante trop sévère.
C’est le cœur qui meurt en
dernier –
Avec un scénario aussi conventionnel qu’une exécution
médiocre, on ne proclame ni on n’enterre C’est
le cœur qui meurt en dernier. Un film discret et stable dans son rythme
ordinaire. Céline Bonnier et Sophie Lorain arrivent à y insuffler un peu de vie
le temps de quelques scènes et le montage dynamique et fluide lors de
l’ouverture démontre une créativité de direction qui disparait rapidement, mais
sinon il y a très peu à recommander ici.
Ceux qui font la révolution à
moitié n'ont fait que se creuser un tombeau*
Chuck
De tous les réalisateurs qui font la transition aux
États-Unis, Philippe Falardeau est probablement celui qui réussit le moins bien
(quoi qu’il nous reste à voir le film américain de Dolan), ce qui est dommage
puisqu'il est une de nos voix québécoises les plus distinctes. Cela n’est pas
pour dire que Chuck est mauvais,
simplement qu’il est loin d’être exceptionnel. L’histoire vraie de l’homme qui
a inspiré Rocky tombe étonnamment dans une formule hollywoodienne, de l’étoile
montante qui brûle trop fort et vite pour ensuite s’écraser. Malgré qu’il soit
conventionnel, le film reste compétent et charmant, avec une performance
principale de Liev Schreiber qui a l’opportunité de montrer ce dont il est
capable. Il amène tendresse et innocence à ce gros bourrin qui essaie simplement
de faire de son mieux – à la Rocky.
The
Circle -
The
Circle est un beaucoup
trop long épisode de Black Mirror,
avec encore moins de subtilité ou de maitrise. Avec une vague idée technophobe
qui part dans toutes les directions, sans jamais avoir de nuance au propos, il
est difficile de cerner où James Ponsoldt voulait en venir. Le scénario finit par
ne pas dire grand-chose tout en ne contenant aucune humanité. Le traitement le
plus ennuyeux et alarmiste que l’on puisse faire d’une telle prémisse. Personne
n’a de trait de personnalité clair et on a ainsi tout misé sur des acteurs
charmants et charismatiques, une solution limitée lorsque le scénario ne leur
donne rien à jouer. En fin de compte, on ressort de ce film plus confus que
déterminé ou inspiré.
Coco *
Ancré dans une perspective culturelle qu’on ne voit
que trop rarement, Coco se démarque
du lot de films de Pixar en étant un des films les plus « vrais » de
la filmographie du studio. Avec une intrigue assez simple et même prévisible,
mais ô combien fonctionnelle et efficace – une marque de commerce du studio –
les péripéties du jeune Miguel ne perdent jamais de vue le protagoniste et sa
quête personnelle/émotionnelle. Situé dans un des environnements les plus
colorés et vivants du cinéma d’animation contemporain, Coco injecte une bonne dose d’énergie et de bonheur à son public et
nous rassure qu’après The Good Dinosaur
et Cars 3, Pixar n’a pas perdu la
main.
Colossal
*
Le cinéma de genre, à son meilleur, est capable
d’utiliser des notions complètement farfelues pour nous parler des choses les
plus humaines. Colossal utilise des
kaijus en duels dans les rues de Séoul pour nous parler d’alcoolisme, de
relations abusives et de reprise en main. N’ayant clairement pas le budget des Transformers ou Pacific Rim de ce monde, le cinéaste utilise ingénieusement ses
ressources pour faire ressentir l’ampleur des enjeux. Le talent d’Anne Hathaway
est égalé par un antagoniste nuancé dont les vices ne sont que trop réaliste.
La conclusion, qui a très peu de patience pour la masculinité toxique, offre la
catharsis parfaite pour ce récit.
Le commun des mortels
En réalisant cet hommage à son père – Éverard Leblanc,
un homme loin d’être exceptionnel au premier coup d’oeil –, le documentariste Carl
Leblanc nous permet de prendre conscience du vécu de nos ancêtres. Il
transforme une anodine biographie en histoire épique qui évolue en parallèle
avec l’Histoire que l’on connait. Cet ouvrage anthropologique soulève des
réflexions pertinentes sur notre rapport à l’Histoire et au passé. Malgré
quelques décisions techniques discutables et un épilogue superflu, Le commun des mortels est un
documentaire charmant mené par de bonnes idées.
Je
compte sur vous -
Un autre film qui se prend pour Wolf of Wall Street, sans la maitrise et la nuance de Scorsese. On
nous présente un protagoniste qui se veut sympathique, mais qui ne fait que
passer un film à ruiner la vie de pauvres employés de bureau et n’a aucune
qualité rédemptrice pour excuser ses crimes. Ainsi, le scénario vise une
complexité qu’il n’atteint jamais puisque l’individu au centre du récit ne
passe que de « terrible » à « encore plus terrible ».
A Cure for Wellness
Un thriller n’a besoin quede réussir un élément à la
perfection pour avoir un film solide et c’est l’ambiance. Heureusement pour
Gore Verbinski, il démontre ici une maitrise impressionnante de l’atmosphère.
Ainsi, même si le scénario n’est pas le plus surprenant, nous sommes absorbés
dans ce mystère, qui nous agrippe avec force et relâche rarement son emprise.
La finale risque d’en décevoir certains puisqu’elle prend au dépourvu, mais le
virage inattendu fonctionne avec les thèmes mis en places et amène une
conclusion plaisante qui solidifie à quelle sorte d'histoire nous avions
affaire tout ce temps.
Le cyclotron
La danseuse
Sans être impeccable, La danseuse vaut le détour simplement pour les séquences
époustouflantes de danse qui ne ressemblent à rien de déjà vu et prennent plein
avantage du médium. Le jeu de couleurs, de lumières et de musique, combinés à
une Soko qui n’a pas froid aux yeux, nous aident à pardonner certains des moments
« obligatoires » de biopics ou chaque fois que Lily-Rose Depp
apparait à l’écran.
The Dark Tower -
Lorsqu’on adapte un récit préexistant, il est
préférable de se l’approprier, ce qui explique et excuse souvent les divergences
au matériel adapté. Ce n’est pas un problème en soi que The Dark Tower remixe les éléments de la série de livres
fantastiques pour en faire un récit différent qui aurait pu être tout aussi
épique et grandiose. Le problème majeur est que la quinzaine de scénaristes qui
se sont attaqués à ce film ont choisi de faire de Jake Chambers le
protagoniste, et ce choix démontre une incompréhension fondamentale du magnum
opus de Stephen King. Ils démontrent aussi à quel point ils n’ont aucunement
confiance en leur public, en passant la première demi-heure (du très court
film) à ancrer leur récit dans la perspective d’un jeune garçon de notre monde,
avec ses problèmes et ses anxiétés qui sont relativement inconséquentes au
récit global. De plus, tout est expliqué et réduit à ses composantes les plus
simples, pour rendre le tout accessible et facile à digérer. Idris Elba et
Matthew McConaughey se démarquent admirablement, malgré les dialogues pénibles
qui leur sont imposés. Leurs seules présences amènent une gravité et une
importance au récit que le scénario n’arrive jamais à nous faire sentir. Rarement
une superproduction n'a été aussi inconséquente et mineure que The Dark Tower, qui devrait être tout
sauf.
De père en flic 2
Cet été, nous avons eu droit à deux approches très
différentes sur la suite au cinéma. Tandis que Bon Cop Bad Cop 2 dénaturait complètement l’attrait du premier film
en faisant plus gros et américain, misant sur le budget et l’action pour créer
un objet complètement méconnaissable, De
père en flic 2 lui a recyclé sa recette pour refaire le même film en
changeant les noms de personnages et de lieux. Étonnamment, celui à l’approche
initiale la moins créative à réussit à, non seulement être le meilleur des
deux, mais arrive à un résultat meilleur que l’original. Ne vous détrompez pas,
on reste dans une comédie à grand public (et au Québec, on a beaucoup de
difficulté avec ça), mais mine de rien, l’humour fonctionne sans être –trop-
facile, le drame va plus loin que l’original, certains moments tendent vers le
progressisme et on arrive à quelque chose qui ressemble à une nuance dans nos
personnages! Louis-José Houde offre une meilleure performance dramatique ici
que dans son « Gros Rôle Dramatique » de Ça sent la coupe et les acteurs de soutiens sont tous dans des
rôles qui mettent de l’avant leurs forces. Tout le monde a droit à des petits
moments qui humanisent les caricatures et archétypes qu’ils doivent
interpréter. Donc dans l’ensemble, un
film sympathique qui mérite plus son succès que l’autre suite à un film de
police québécois de l’été!
Detroit *
Difficile de dire quel film à l’affiche en ce moment
est plus conducteur d’anxiété : Dunkirk,
sur des conflits armés, avec bombardements, combats d’avions et un ennemi
invisible qui est partout ou Detroit,
sur la tension raciale de la ville américaine dans les années 60. Le film de
Kathryn Bigelow se catégorise facilement comme un film d’horreur et est l’une
des expériences les plus déplaisantes qu’il m’ait été donné de vivre en salle
cette année (de la meilleure façon possible). La tension incroyable avec
laquelle elle construit la pièce centrale de son film, avec les codes du film d’horreur
qui s’appliquent à la situation afro-américaine aux États-Unis - avec un
psychopathe tueur qui semble échapper à toute loi qui gouverne nos
protagonistes. Par contre, tandis qu’un tueur de films d’horreur traditionnel
échappe aux lois de la physique et de la logique parce que le scénario l’exige,
nos tueurs ici échappent littéralement aux lois mises en place à cause du
racisme systémique. Les interprètent des victimes amènent toutes un mélange de
dignité et de terreur existentielle qui rendent impossible de ne pas s’identifier
à la situation, avec une caméra très proche qui nous emprisonne avec eux et
leur bourreau. De plus, tandis qu’une adaptation de fait vécu utilise
généralement les cartons-titres en conclusion pour rajouter de l’information
semi-pertinente ou prendre le public pour des idiots, Detroit les utilise comme coup de poing final au public,
raffermissant l’idée que cette injustice d'actualité. Les films historiques sur
le racisme tentent généralement de nous éloigner des atrocités pour que l’on se
sente mieux, mais Detroit est un film
en colère qui ne nous permet jamais de nous échapper, nous forçant à faire face
aux dégoûtantes injustices contemporaines.
The Disaster Artist *
James Franco réalise et est la vedette, avec son frère
Dave Franco, de cette fiction sur la production d’un film culte réputé pour
être l’un des pires films au monde. En plus d’être une comédie réussite sur un
personnage excentrique qui projette une image difficile à cerner, The Disaster Artist est aussi un drame
sur une amitié entre deux acteurs qui ont été piqués par Hollywood et ses
grands rêves, sans avoir le talent pour supporter cette ambition. Que les deux
personnages soient joués par deux frères ajoute à la dynamique, insufflant
clairement une camaraderie entre eux dès leur premier instant à l’écran, et ce,
même si le Tommy Wiseau de James Franco est aussi déconnecté de la réalité. Ce
Tommy Wiseau est d’ailleurs une des plus grandes réussites du film, puisque
Franco arrive à préserver la légende autour de cette figure élusive tout en
démystifiant complètement l’homme, dont les émotions, ambitions et motivations
sont mises à nu ici pour que l’on puisse tous constater quel genre d’homme il
est réellement, pour le meilleur et pour le pire.
Dunkirk *
Christopher Nolan est de retour, avec un film qui se
classe facilement dans le premier tiers de sa filmographie. Dunkirk est une expérience intense comme
on en voit rarement et justifie à lui seul l’existence des écrans géants. À
voir sur le plus gros écran avec le plus gros système de son, car on vit Dunkirk plus qu’on l’écoute, avec une
conception sonore qui garde nos sens à fleur de peau et des vibrations qui
épuisent et stressent notre corps comme le ferait une montagne russe. Malgré un
récit de guerre assez classique, exécuté à la perfection, Nolan arrive quand
même à y apporter sa touche personnelle en jouant avec la structure et la
temporalité avec grande intelligence. Le tout devient ainsi un effort autant
physique qu’intellectuel. Avec une approche qui préfère grandement nous parler
en images plutôt qu'en dialogues, Dunkirk
est le Mad Max : Fury Road des
films de guerre.
L’économie du couple *
Un film « tranche de vie » sur la période
difficile qu’est la rupture d’un couple de parents. Sans jamais prendre de camp
ou offrir d’issue facile, L’économie du
couple met de l’avant la complexité logistique et émotionnelle d’une telle
situation. Avec une caméra presque voyeuse et des acteurs aussi naturels, on
pourrait croire en un documentaire qui envahit l’intimité d’une famille, avec
tout le malaise et l’authenticité que ça implique.
Et au pire, on se mariera –
Malgré l’importance de son sujet, Et au pire, on se mariera souffre entre autres du fait que
plusieurs films récents ont touchés à des thèmes similaires avec une main
beaucoup plus assurée. Diary of a Teenage
Girl, Nelly et même The Edge of Seventeen touchent à cette
question très complexe de la sexualité adolescente et la façon que notre
société et ses attentes mélange et déforme la chose. En dehors de l’intention
de son propos, le dernier film de Léa Pool n’arrive pas vraiment à se
démarquer, avec un scénario construit autour d’un mystère insignifiant qui
n’amène rien au récit et des performances d’acteurs généralement compétents qui
n’arrivent pas à rattraper des dialogues moindres. Le cadre narratif dans
lequel Sophie Nélisse subit un interrogatoire et raconte le film à une
policière silencieuse est d’un tel malaise et si peu utilisé qu’on questionne
sa pertinence. Le montage confus coupe
constamment le film dans son élan, donnant l’impression d’assister à une série
de scènes raboutées qui ne coulent pas
les unes dans les autres comme il se devrait. Seul point fort à retenir :
Jean-Simon Leduc est une vedette en devenir. Il a un charme et un charisme
naturel qui valide l’histoire d’amour unidirectionnelle qui propulse le récit. C’est
dommage que le film n’arrive pas à sa thèse finale avec autant de grâce qu’il
se devrait, surtout avec un punch « cheap » qui va même jusqu’à la
discréditer. Tandis que Nelly
approchait le même thème avec tout le poids d’une telle tragédie, Et au pire, on se mariera emprunte la
voie du « thriller » qui mine le sérieux du thème (même parcours que
l’encore plus terrible 1 :54). Le
tabou de la sexualité des jeunes femmes est une conversation de société qu’il
faut avoir, entre autres à travers des films propices à cela, ce qui rend
l’échec de ce film encore plus désolant.
Et les mistrals gagnants
Il est biologiquement impossible de ne pas être charmé
par ce documentaire sur cinq enfants en bas âge souffrant de maladies
chroniques. On pourrait croire que, considérant le sujet, on tomberait dans un
misérabilisme voyeur qui se complait dans la souffrance, mais l’attitude du
film est toute autre. On normalise leur mode de vie grâce à un regard
documentaire qui constate et observe plus qu’il juge et commente, avec une
caméra à leur hauteur (« caméra sous-épaule »). L’attitude des cinq
enfants, Ambre, Camille, Charles, Imad
et Tugdual, est d’une impressionnante maturité et leur regard sur la vie est
rafraichissant et plein d’enthousiasme. Personne ne se laisse arrêter ou
abattre par leur situation (qu’ils ont connus toute leur vie), même si elle
n’est pas toujours facile. Ils ont tous leurs passions qui les motivent et les
rendent heureux. Une petite dose d’entrain et d’espoir d’1h20 comme Et les mistrals gagnants, c’est
difficile de dire non.
The Fate of the Furious
Après huit films, il serait surprenant que quiconque
change drastiquement d’opinion sur cette franchise. À ce point-ci, on sait si
on aime ou pas et très peu de critiques vont pouvoir dissuader ou encourager de
se déplacer pour un autre film de Vin Diesel & Co. en bagnoles
surpuissantes. Les enjeux sont trop énormes, l’intrigue s’effondre comme un château
de cartes dès qu’on y pense plus qu’une seconde, mais il est difficile de dire
non au charme de Dwayne Johnson et Jason Statham qui s’échangent des insultes
colorées et un thème propulseur aussi unidimensionnel et sincère que « La
famille avant tout ».
Le fidèle
Malgré une première partie réussite et quelques éléments d’un thriller excitant, Le fidèle s’étire en deuxième moitié avec un drame trop lourd et des revirements inutiles et peu mérités qui mènent à beaucoup trop de tournage en rond. La relation centrale nous préserve toutefois à flot, surtout grâce aux très talentueux acteurs principaux; Matthias Schoenaerts qui arrive à être imposant et charismatique avec beaucoup d’innocence et de fragilité et Adèle Exarchopoulos, dont le naturel est tout simplement époustouflant. Malgré la longueur et le drame surfait, il reste toutefois assez de réussites dans Le fidèle pour être digne d'une recommandation.
Les fleurs bleues (Afterimages)
Le fidèle
Malgré une première partie réussite et quelques éléments d’un thriller excitant, Le fidèle s’étire en deuxième moitié avec un drame trop lourd et des revirements inutiles et peu mérités qui mènent à beaucoup trop de tournage en rond. La relation centrale nous préserve toutefois à flot, surtout grâce aux très talentueux acteurs principaux; Matthias Schoenaerts qui arrive à être imposant et charismatique avec beaucoup d’innocence et de fragilité et Adèle Exarchopoulos, dont le naturel est tout simplement époustouflant. Malgré la longueur et le drame surfait, il reste toutefois assez de réussites dans Le fidèle pour être digne d'une recommandation.
Les fleurs bleues (Afterimages)
Afterimages nous raconte l’histoire trop commune d’un grand
artiste avant-gardiste dont la trace qu’il laisse à l’Histoire est loin de
refléter la qualité de vie qu’il avait. Le scénario, ainsi que la mise en
scène, sont compétents et fonctionnels, laissant toute la place au propos et
aux idées soulevées. Considérant le sujet du film et l’âge du cinéaste (le
dernier film de Wajda à 90 ans), il est difficile de ne pas y voir une œuvre
personnelle qui se lit comme une mise à nue de ses anxiétés face à son travail
et sa postérité. La justesse de Boguslaw Linda ancre le récit dans une
performance loin d’être grandiose – et c’est tout au bénéfice du film. Il ne
cherche pas à en mettre plein la vue, mais plutôt à pousser une réflexion sur
les figures historiques et les véritables conséquences de ce qu’ils mettaient
de l’avant. Il ne présente jamais le peintre Strzeminzski comme quelqu’un
d’immense ou de plus grand que nature, mais plutôt comme un simple homme,
traité comme tel autant par ses pairs que par le film.
The Florida Project *
Après le passionnel et enragé Tangerine, Sean Baker nous revient encore une fois avec beaucoup d’empathie envers un groupe de marginaux qu’on oublie facilement –ou qu’on découvre pour la première fois. The Florida Project s’intéresse aux familles floridiennes « sans-abris », qui vivent en payant d’une semaine à l’autre des loyers dans des motels miteux en périphérie de Disney World (l’endroit le plus magique sur la planète!) Principalement raconté à travers le regard de Moonee (Brooklyn Prince), une enfant précoce et énergique, le scénario nous invite à constater sans jugement le quotidien discrètement difficile d’une communauté en détresse. Le regard de l’enfant permet une innocence qui allège énormément le film, lui amenant une spontanéité et une énergie vitale qui propulsent sans effort le film jusqu’aux trente dernières minutes où le poids de la réalité rattrape les protagonistes. L’excellente mise en scène proche du documentaire et le talent des acteurs (presque tous des inconnus) réussissent parfois à nous faire oublier que l’on assiste à des événements fictionnels. Souvent drôle et dynamique (un gros merci à la performance de Prince), on ne peut toutefois s’empêcher d’apercevoir le côté sombre en arrière-plan et, pleinement conscient de cela, The Florida Project n’a pas peur de conclure avec un coup de poing émotionnel duquel on prend plusieurs jours à se remettre.
The Florida Project *
Après le passionnel et enragé Tangerine, Sean Baker nous revient encore une fois avec beaucoup d’empathie envers un groupe de marginaux qu’on oublie facilement –ou qu’on découvre pour la première fois. The Florida Project s’intéresse aux familles floridiennes « sans-abris », qui vivent en payant d’une semaine à l’autre des loyers dans des motels miteux en périphérie de Disney World (l’endroit le plus magique sur la planète!) Principalement raconté à travers le regard de Moonee (Brooklyn Prince), une enfant précoce et énergique, le scénario nous invite à constater sans jugement le quotidien discrètement difficile d’une communauté en détresse. Le regard de l’enfant permet une innocence qui allège énormément le film, lui amenant une spontanéité et une énergie vitale qui propulsent sans effort le film jusqu’aux trente dernières minutes où le poids de la réalité rattrape les protagonistes. L’excellente mise en scène proche du documentaire et le talent des acteurs (presque tous des inconnus) réussissent parfois à nous faire oublier que l’on assiste à des événements fictionnels. Souvent drôle et dynamique (un gros merci à la performance de Prince), on ne peut toutefois s’empêcher d’apercevoir le côté sombre en arrière-plan et, pleinement conscient de cela, The Florida Project n’a pas peur de conclure avec un coup de poing émotionnel duquel on prend plusieurs jours à se remettre.
The Foreigner
Deux films luttent pour être le centre d’attention
dans The Foreigner : un thriller
politique sur des terroristes irlandais en Grande-Bretagne mettant en vedette Pierce
Brosnan et un film d’action sur un loup solitaire en quête de vengeance
interprété par Jackie Chan (comparable à Taken
ou Rambo). Malheureusement, le
thriller politique est, au mieux, compétent, et le film perd tout élan lorsqu’il
laisse cette intrigue prendre toute la place. Jackie Chan de son côté s’exécute
admirablement, avec un regard qui convie immédiatement le vécu immense qui
repose sur les épaules d’un homme qui en a vu beaucoup trop. L’intrigue trop
chargée de Brosnan fait contraste frappant avec celle plus épurée de Chan – qui
est pourtant celle avec le plus d’énergie et de vie- et fini par prendre
beaucoup trop de place. Au final, il
reste tout de même ébahissant – même émouvant - de voir Jackie Chan (63 ans)
dans les quelques scènes d’actions, accomplir des prouesses physiques à la fois
impressionnantes et crédibles d'après l’âge du personnage.
The Founder -
« Et si on faisait Wolf of Wall Street, mais beaucoup plus standardisé et
ennuyeux? » Ainsi nous raconte-t-on l’histoire de l’empire McDonald et son
« fondateur », un individu vide –personnification du rêve américain.
Par contre, il n’y a pas l’énergie ou la complexité du chef-d’œuvre de Scorsese
et le film s’essouffle assez rapidement. Découvrir le McDonald originel et ses
véritables fondateurs était l’aspect le plus réussi du film puisque ce sont les
seuls humains qui habitent l’écran et leur compétence et dévotion était
admirable et informative.
Frantz *
La simplicité du scénario et l’élégance de la mise en
scène qui laissent surtout place aux sous-entendus et non-dits font de Frantz un film d’une incroyable
subtilité. On se doute qu’il y a un mystère, mais le scénario n’en dépend pas,
puisqu’on préfère s’attarder aux personnages, leur deuil et leur guérison. Les
deux acteurs principaux impressionnent par leur restreinte, allant de pair avec
un film qui préfère vivre dans les ambiguïtés que dans les gros moments
mélodramatiques. Le noir et blanc marque le poids du deuil dans une maisonnée
qui est marquée par le passé et l’utilisation énigmatique des couleurs souligne
quelques moments d’élévations, ou de possibles mensonges. Dans une Europe au
lendemain d'une guerre qui a marqué la vie de tous, il est difficile de se
détacher du passé, surtout lorsqu'on ne veut pas vraiment.
Free Fire
90 minutes de coup de feux, d’insultes salées et
d’acteurs haut-calibre qui rampent et gémissent de douleur. Si cette
présentation semble à votre goût, il y a de fortes chances que Free Fire soit pour vous. Ben Wheatley
prend son temps pour construire la tension entre des personnages aux caractères
aussi colorés que leurs accoutrements. Heureusement, lorsque le tout explose,
on n’est pas déçu et le cinéaste a beaucoup de plaisir à étirer son gag au
maximum. Toutefois, l’exercice s’essouffle un peu et la géographie de
l’entrepôt n’est jamais assez claire pour que l’effort soit totalement
satisfaisant.
Get Out *
Les films d’horreur qui
se démarquent réellement sont rares dans le cinéma contemporain. Il y en a
beaucoup de mauvais, quelques bons et encore moins qui sont assez bons pour que
l’on continue d’en parler après leur sortie en salle. À The Cabin in the Woods, It Follows, Babadook et The
Witch se joint Get Out,
un film d’horreur qui n’essaie même pas de cacher son propos fort sur les
relations raciales aux États-Unis. Fermement ancré dans la perspective de
l’homme noir, le film de Jordan Peele joue avec les codes du genre pour plonger
au cœur d’une anxiété contemporaine qui va de pair avec le puissant
documentaire I Am Not Your
Negro. Les images et symboliques de ce film sont aussi plaisantes à
décortiquer que la tension est maitrisée. Le scénario bien ficelé donne assez
d’indices pour deviner certains revirements tout en ayant son lot de surprises.
Il réussit par contre avant tout parce qu’il n’a pas peur d’assumer à fond son
identité; dans ce cas-ci, un film de genre à perspective raciale.
Ghost in the Shell -
En plus d’être une offense culturelle plus ou moins
dissimulée, Ghost in the Shell est
incroyablement ennuyeux. Se réappropriant simplement les moments iconiques de
l’original pour faire une version simplifiée qui n’explore pas un 1/10 du
potentiel thématique. Il utilise surtout son concept pour excuser la présence
de Scarlett Johansson (qui déçoit rarement et n’arrive pourtant pas à sauver ce
film) dans le rôle d’une Japonaise. Même les visuels époustouflants du film
sont gâchés par l’obligatoire 3D, qui assombrit tout et affecte la netteté de
l’image.
A Ghost Story *
Au cœur d’un été au cinéma plein d’énergie, d’excitations
et de spectaculaire débarque A Ghost
Story, un des films les plus tranquilles, intime et mineur possible. Un
couple ordinaire habite une maison, l’un meurt et hante les lieux avec
discrétion. Ainsi, un Casey Affleck sous drap blanc regarde le temps qui passe
dans des longues scènes silencieuses pendant 90 minutes. Les heures et les
jours s'écoulent tandis qu’une Rooney Mara, dont la présence toujours aussi
hypnotisante est mieux utilisée ici que jamais, vit son deuil dans la solitude
et le silence. Les années continuent d’avancer et nous emmènent dans une
méditation sur l’insignifiance face à l’infini, l’importance de l’amour et les traces
que l’on laisse. En cet été 2017, où le cinéma à grand déploiement a rarement
été aussi bon, A Ghost Story vient
agréablement complémenter le tout, avec la plus petite histoire dont l’ampleur
des thèmes rivalise les enjeux de destruction planétaire auxquels nous sommes
habitués.
Girls Trip
Un film immensément distrayant et sincère sur un des liens
les plus forts sur notre planète : l’amitié au sein d’un groupe de femmes.
Des actrices qui apprécient clairement travailler ensemble s’amusent comme les
femmes ont rarement le droit de le faire au cinéma. De l’humour grossier et
juvénile comme on l’aime (ou pas), qui fonctionne puisqu’il y a un attachement
véritable aux personnages. Ainsi, leurs péripéties grotesques ne peuvent faire
autrement que nous faire sourire.
The Glass Castle
Comme un Captain
Fantastic plus sombre et terre à terre, The
Glass Castle nous présente une famille qui vit en marge de la société, sous
la tutelle d’un père loin d’être un modèle à suivre, excentrique, irresponsable
et alcoolique. Le réalisme du scénario est surtout miné par quelques symptômes
clichés du « film inspiré de faits vécus » duquel on n’arrive pas à s’échapper
ici. Sinon, le scénario adapté du roman autobiographique de la protagoniste est
conscient de la complexité de la relation malsaine qu’elle avait avec son père
et le sujet est traité avec le sérieux nécessaire. Avec une brochette d’acteurs
incroyablement talentueux, Cretton arrive à créer quelques moments dramatiques
puissants qui rattrapent quelque peu les scènes plus clichées et faciles. Loin
d’être à la hauteur du précédent film du réalisateur Destin Daniel Cretton, le
calmement brillant Short Term 12, The
Glass Castle n’est pas mauvais pour autant.
Good Time *
Good Time est excellent et difficile drame avec un aspect
thriller viscéral qui s'y mélange parfaitement, mettant en vedette un
protagoniste à la psychologie complexe et la moralité ambigu. Robert Pattinson
nous prouve qu’il n’aura pas vraiment de difficulté à se défaire de son image
populaire de jeune vedette de série pour adolescents en continuant de choisir
des rôles diversifiés de personnages qui ne font pas l’unanimité. Ici, son
Connie est loin d’être noble, mais grâce à son charisme, Pattinson nous
accroche à sa quête du début à la fin. Il est accompagné par l’excellent coréalisateur
Benny Sadfie dans le rôle du frère en situation fâcheuse que Connie cherche
désespérément à sauver. Sadfie interprète le centre émotionnel du film et
arrive à nous fendre le cœur en seulement quelques scènes. Jennifer Jason Leigh
mérite mention pour son personnage qui n’a que quelques minutes à l’écran, mais
qui arrive pourtant à créer quelqu’un de complet sur qui on ne serait pas fâché
d'en savoir plus. Filmé avec caméras vidéos et très peu de ressources, cela
n’empêche jamais le film d’être tendu et engageant à plusieurs niveaux.
Grave *
- Vu dans le cadre d’une projection spéciale au Centre Phi –
Le premier film de Julia Ducournau est d’abord remarquable pour sa focalisation inébranlable. Du premier plan au dernier (et quel dernier plan!), Grave ne perd jamais de vue son sujet, on pourrait même dire qu’il n’en démord pas une seconde. À parts égales film de body-horror impeccable et drame intime sur l’arrivée à l’âge adulte, on nous offre une version tordue des complications lorsque l’enfant quitte le monde de ses parents. Sans vouloir trop en dévoiler, Grave est inconfortable à souhait et n’a pas peur de poursuivre le filon de ses idées jusqu’au bout, avec une scène finale qui déclare fièrement que nous n’avons pas affaire au genre de film qui est intéressé par le compromis.
The Great Wall
Aussi distrayantes et créatives que soient les scènes
d’actions, The Great Wall manque
d’évolutions de personnages qui amènent un poids dramatique au récit. Les
personnages en soient ne sont pas nécessairement le problème, mais plutôt qu’après
la première demi-heure ils aient déjà fini de changer. Ils ne sont pas les plus
complexes, mais assez fonctionnels et vivants pour soutenir un scénario à
l’intrigue trop complexe pour son propre bien. Personne ne marquera l’esprit
des jeunes cinéphiles, mais la réalisation qui met en valeur la grandeur du
projet et la direction artistique qui pousse à fond l’idée d’un mythe plus
grand que nature garde attentif pour les deux heures que dure cette aventure.
Guardians
of the Galaxy Vol. 2 *
Human Flow
Human Flow est considérable par son ampleur. En voulant
illustrer l’énormité de la crise globale des migrants, Ai Weiwei voyage partout
sur la planète et rencontre une diversité d’individus de tous les continents,
dans 23 pays différents, qui partagent cette particularité d’avoir dû quitter
leur terre natale – particularité qui, on le réalise, n’est pas si unique que
cela. L’exercice permet de prendre conscience qu’il est impossible de
généraliser en parlant d’une « crise de migrants », puisqu’ils
se déplacent pour toutes sortent de raison et représentent un nombre
considérable de cultures et de nationalités. Par-delà les chiffres et les
statistiques présentés – qui restent toujours choquantes –, le documentaire
s’intéresse plutôt à faire ressortir l’humanité des diverses expériences vécues
et s’intégrant dans leurs quotidiens et n’ayant pas peur d’une proximité avec
ses sujets. Il n’y a pas de grande découverte ou révélation choquante, on
constate plutôt l’état des faits pour peindre un portrait complet et détaillé
d’une situation que trop préfèrent ignorer ou simplifier.
Hidden Figures
« Biopic » historique à numéros, mais avec
une sincérité qui rattrape sa démarche mécanique. Par contre, malgré la
pertinence de son sujet, il n’évite pas le problème courant des films
historiques qui parlent de discrimination : cette idée que les problèmes
étaient « à l’époque » et lorsque le film termine, les embuches
raciales sont surmontées. C’est peut-être vrai pour les protagonistes, mais
c’est un mensonge pour notre monde en 2017.
I
Am Not Your Negro *
I, Daniel Blake *
I, Daniel Blake fait partie de ces films qui, en accomplissant leur
objectif, vont obligatoirement frustrer leur public, voire le déprimer.
Constater à quel point la vie peut, s’acharner sur le pauvre monde, avec l’aide
limité de l’État, n’est déprimant que par vertu de son réalisme. Ken Loach
pointe sa caméra vers un homme banal qui ne veut rien de plus que (sur)vivre ses
dernières années en paix – même s’il n’est pourtant pas si vieux. Son simple refus d’être mis à terre par la
structure en place fait de lui un héros de tous les jours. Résilient jusqu’au
bout, la lutte de Daniel Blake témoigne qu’un remède efficace –le seul, vraiment-
au système oppressant sont les connexions humaines qu’il faut chérir et
entretenir, faute de quoi, nous sommes seuls contre le monde. Comme pour le
similaire La loi du marché, la
réussite du film repose presque entièrement sur les épaules de son acteur
principal et, sans être à la hauteur de Vincent Lindon, Dave Johns se démarque
dans un rôle terre-à-terre qui exige justement qu’il ne soit pas trop
extravagant ou remarquable.
Ingrid Goes West
Ingrid est désespérément seule et, avec toute l’énergie
et la détermination du monde, entreprend de se lier d’amitié avec une personnalité
des réseaux sociaux. Sans jamais tomber dans la représentation déshumanisante
de sa protagoniste, Ingrid Goes West
nous présente la bassesse que peut atteindre une personne dans l’ambition d’atteindre
quelque chose que personne ne peut la fauter de vouloir : une connexion
humaine. Elle n’est jamais une « folle psychopathe », mais bien une
humaine qui souffre et ne veut qu’aller mieux. Ses méthodes pour prendre soin d’elle
sont malheureusement malavisées et sous l’illusion moderne que les rapports
virtuels avec des étrangers représentent quelque chose de vrai. C’est ce regard
empathique envers son sujet qui permet à Ingrid
Goes West de réussir son pari et nous emporter dans cette aventure où
chaque nouveau développement nous met de plus en plus mal à l’aise et met au
défi notre attachement à Ingrid.
Iqaluit
Une histoire située dans une communauté autochtone que
l’on connait trop peu, mais qui s’intéresse à la femme blanche qui en visite.
Ainsi, de tous les personnages, on s’arrête sur la plus ennuyeuse, ce qui enlève
au récit toute possibilité d’originalité. En dehors des rares moments où les
autochtones sont au premier plan, il y a peu à recommander de ce film, surtout
pas une protagoniste qui alterne entre ennuyeuse et frustrante.
It
Par simple vertu d’être compétent et très distrayant, It arrive à se détacher de la masse du
cinéma d’horreur contemporain, pour lequel la barre est assez basse. Adaptation admirable d’un roman immense et
complexe de Stephen King, le film d'Andy Muschietti a compris que pour arriver à nous faire peur,
rien n’est plus essentiel que des personnages vrais et attachants au cœur du
récit. Il mise gros sur de jeunes acteurs aux minces CVs et il est agréable de
constater que le pari est réussi. À l’exception de Bill, celui qui se rapproche
le plus d’un protagoniste et qui finit par être le moins remarquable (quoique
c’était le cas dans le livre aussi), tous arrivent à laisser leur marque, du
moins juste assez pour que l’on se préoccupe de leur sort. Les scènes
d’horreurs sont judicieusement extraient du livre et exécutées convenablement,
sans créer de moment instantanément mémorable. L’ambiance globale du film
arrive par contre à créer un sentiment d’inconfort omniprésent qui ajoute
beaucoup à la menace constante de la créature diabolique qui traque les enfants
de la petite ville de Derry. Il manquait simplement l’aspect épique et cosmique
présent dans le roman pour qu’It
transcende le statut de « film d’horreur compétent », mais cela ne
l’empêche pas d’être bon pour autant.
It Comes at Night*
Sans être aussi frappant que The Witch, It Comes at Night
rappelle quand même ce classique moderne du cinéma d’horreur. Dans les deux
films, la promesse du danger, l’anxiété et la paranoïa des protagonistes font
presque autant de dégâts, sinon plus, que l’élément de menace en soit. Le
réalisateur, Trey Edward Shults, a confiance que son public est assez
intelligent pour faire la part des choses et ainsi son scénario offre très peu
de contexte au monde dans lequel on est plongé – et c’est tant mieux. Aucune
vraie réponse n’est offerte du début à la fin, puisqu’on s’intéresse plus à
l’horreur existentielle d’un quotidien mené par la peur et la paranoïa. L’utilisation
des images d’horreur est minimaliste, juste assez pour nous sustenter et
offrir une dimension « surnaturelle » à des anxiétés ancrées dans des
réalités plus terre-à-terre – la dégradation progression d’un être aimé et le
deuil.
Le jardinier -
Un documentaire sur un riche héritier qui, après avoir
essuyé plusieurs échecs en affaires, investit son argent dans son jardin privé.
La forme du documentaire est au degré zéro de créativité : des images du
jardin et des sujets qui décrivent cedit jardin. Le produit final est ainsi si
ennuyeux que même la beauté des images du jardin ne peut le sauver. On nous
décrit à quel point il est magistral de visiter ces jardins, mais la mise en
scène ne donne jamais plus que l’impression d'en regarder un livre d’images. On
ne ressent jamais l’immensité ou l’immersion de l’expérience comme il faudrait
et par conséquent, le documentaire ne rend pas justice aux jardins qu’il révère
tant. Le documentaire fait plus office d’un objet anthropologique si le jardin
est un jour perdu que d’une œuvre qui mérite le grand écran. Le jardin des
Quatre-Vents est aujourd’hui public et peut être visité dans la région de
Charlevoix, à quelques minutes de La Malbaie, et cela vaut certainement mieux
que de regarder ce long-métrage – quoi que sur ce point, je croie que les
responsables de Le jardinier sont
d’accord.
Jeune Femme
Centré autour de la performance singulière de Laeticia
Dosch, Jeune Femme ne fonctionnerait
tout simplement pas sans le talent de l’actrice principale qui arrive à évoquer
énormément d’empathie et faire ressortir l’humanité d’une jeune femme qui,
entre d’autres mains, aurait facilement pu être irritante. La protagoniste
Paula se retrouve à un creux dans sa vie et c’est avec résilience qu’elle est
déterminée de se sortir de cette période sombre. La performance de Dosch et la
réalisation de Léonor Serraille nous gardent investis dans la quête de cette
femme. Malgré ses actions moins recommandables (mensonge, irresponsabilité,
etc.), on ne peut s’empêcher de vouloir qu’elle s’en sorte. On nous offre assez
d’aperçus dans la vie de Paula pour comprendre que la majorité de ce qu’elle
accomplit –et les paroles et gestes qui la mettent parfois dans l’eau chaude –
vient d’une solitude profonde de quelqu’un qui ne cherche au final que la même
chose que nous tous, une connexion humaine.
John Wick : Chapter 2 *
Un documentaire charmant qui, en surface, nous parle
d’une poignée de chats en Turquie, mais qui expose quelque chose de plus
profond sur notre rapport aux félins. Le montage dynamique n’empêche pas les
quelques longueurs, mais la mise en scène impressionnante (considérant que les
protagonistes sont des chats sauvages) garde le film frais malgré la nature
répétitive de son concept. Au final, Istanbul aime ses chats puisqu’ils servent
de reflet à sa population et en les observant on en apprend par conséquent plus
sur les Stambouliotes que sur les chats eux-mêmes.
The
Killing of a Sacred Deer *
King
Arthur : Legend of the Sword –
Le scénario de King
Arthur n’existe que pour mettre des bâtons dans ses propres roues. L’histoire
d’Arthur et les chevaliers de la Table ronde est l’un des contes les plus
connus et Guy Richie veut se l’approprier, mais n’arrive jamais vraiment à
garder le contrôle sur cet incroyable capharnaüm. Le scénario emprunte tous les
chemins les plus longs pour étirer le film, où chaque détour est mécanique et
forcé. Le héros refuse d’être un héros jusqu’à ce qu’il décide de l’être…pour
une quelconque raison. Des éléments surnaturels amènent du piquant au récit,
mais sont si mal intégrés à l’histoire qu’ils rendent le tout incroyablement
confus. King Arthur est dans la pire
veine des films à grand déploiement : ceux qui arrivent à être la fois
stupide et beaucoup trop complexe.
Kingsman 2: The Golden Circle
Kingsman 2: The Golden Circle
Loin d’être à la hauteur du Kingsman original, la suite reste pourtant très distrayante et démontre
que Matthew Vaughn est un maître de cinéma-pop. Utilisant la formule classique
des deuxièmes films (plus! Plus de personnages! Plus de vedettes! Plus
d’action!), on essaie tout de même d’ancrer le récit dans des drames
interpersonnels qui, sans toujours fonctionner, démontrent du moins qu’il y a
une attention qui y est portée. Vaughn est toujours un incroyable cinéaste de
scènes d’actions, ce qui rend digestible le fait qu’il y en a beaucoup trop
dans ce film – surtout lors de l’apogée du film qui ne sait pas quand s'arrêter.
Sa caméra qui n’arrête jamais, tout en s'assurant d'être claire - un équilibre
impressionnant, nous immerger dans chaque scène avec brio. Autre côté
positif : la série Kingsman garde le propos social qui définissait le
premier film. Le conflit central concerne des institutions qui veulent prendre
avantage des pauvres et négligés sociaux pour leur propre gain. Ici, le
scénario critique spécifiquement l’hypocrisie, à tous les niveaux, de la
« guerre aux drogues ». Sans être aussi satisfaisant du point de vue
thématique que Kingsman : The Secret
Service, il reste quand même rafraichissant de voir que Vaughn n’a pas
perdu son mordant (et met en scène un président américain tant d’actualité
qu’on se demande s’il a été ajouté en postproduction). Malgré une durée de 2h20
(un peu long), on s'ennuie rarement, les acteurs ont clairement beaucoup de
plaisir et on est heureux de voir l’univers des Kingsman continuer de croître!
Kong: Skull Island
Avec autant de ressources et de talents, il est
étonnant que la moyenne au bâton du cinéma américain à grand déploiement soit
si pauvre. Heureusement, Kong :
Skull Island arrive à un résultat compétent et agréable, juste assez pour
s’élever au-dessus de la mêlée, sans pour autant être à la hauteur du Godzilla de Gareth Edwards. Sans être
plus subtil qu’il ne le faut, le film de Jordan Voigt-Roberts a quand même de
fortes idées sur la guerre, les militaires et leurs visions toxiques et
destructrices de ce qui les entoure – le marketing qui insistait sur la
comparaison avec Apocalypse Now était
justifié. Les personnages ont juste assez de personnalités pour qu’il y ait
différenciation, mais, en dehors de quelques heureux élus, personne ne se
démarque plus qu’il faut. De plus, le spectacle est sublime pour quiconque
voudrait voir King Kong se battre contre une pieuvre géante ou des lézards de
l’enfer.
Lady Bird*
L’amant double -
C’est bouleversant qu’un cinéaste puisse faire quelque
chose d’aussi sensible et subtil que Frantz
et se retourne de bord la même année (au Québec) pour faire L’amant double, un thriller bien mis-en scène,
mais qui se perd dans son propos grossier et son intrigue alambiquée. Le
scénario est trop excité par son mystère et ses thèmes psychosexuels périmés pour
ancrer le spectateur où que ce soit dans le récit. Ainsi, on flotte parmi les
mensonges et les tromperies sans trop savoir où il veut en venir. On se reverra
au prochain Ozon.
Land of Mine
On parle souvent de la Deuxième Guerre mondiale, mais
beaucoup moins de l’après-guerre. Les atrocités du conflit étaient si intenses
que les soldats allemands ont perdu toute humanité aux yeux de leurs ex-ennemis
(et de l’Histoire). Land of Mine
s’intéresse à un bataillon d’adolescents allemands, postés au Danemark et
prisonniers des Danois, qui doivent déminer une plage sur laquelle l’armée
allemande a dissimulé 45 000 mines. La combinaison de leur âge, du
traitement inhumain et de la tension liée à leurs fonctions fait de la première
heure du film un drame résonnant sur les dommages collatéraux des conflits
armés. Par contre, le film s’épuise et tombe un peu plus dans le cliché
mélodramatique pour sa dernière ligne droite. Il reste tout de même visuellement
remarquable et continent des superbes moments. Le jeu intelligent de Roland
Møller, qui refuse toujours d’être tout blanc ou tout noir, compense pour la
subtilité dont le scénario manque parfois.
Last Flag Flying *
La principale force de Richard Linklater est de présenter des personnages avec qui nous n’aurions aucune difficulté à passer du temps entre amis. On connait et reconnait ses personnages, au sein de scénarios faibles en intrigues, dont l'écriture est surtout intéressée à présenter des gens qui s’apprécient et veulent être ensemble. Tandis que la majorité de ses films commencent à ce point, Last Flag Flying en fait son objectif. Ainsi, trois vétérans vieillissants du Vietnam, qui s’étaient perdus de vue, se retrouvent dans des circonstances malencontreuses et essaient de ressortir le mieux d’une situation qui est loin d’être rose. La réalisation douce et efficace de Linklater permet à ses trois acteurs chevronnés d’offrir le meilleur d’eux même. Ainsi, lorsque leurs personnages commencent à être à l’aise ensemble et qu’ils retrouvent leur camaraderie d’antan, le film s’envole pour voir naitre certains des échanges les plus comiques de l’année. Avec une petite touche de mélancolie, Linklater nous raconte cette histoire de deuil et du temps qui passe avec toute l’humanité qu’on lui connait.
Let There Be Light
Dès que nous sommes au courant du sujet, il est difficile d’être surpris ou déçu par Let There Be Light. Le documentaire sur la recherche pour développer le premier moteur à fusion nucléaire, une source d’énergie au potentiel énorme qui changerait…tout, est informatif, dynamique et rend bien l'enjeu de ces recherches et l’enthousiasme des interviewés. Par contre, il reste cela…un documentaire sur la recherche pour développer le premier moteur à fusion nucléaire. On n’arrive jamais vraiment à transcender cela, et ce n’est pas plus mal pour autant, puisqu’on vise la clarté avant tout. Personne ne cherche pas à être révolutionnaire ou avant-gardiste, du moins, du côté du cinéma.
Last Flag Flying *
La principale force de Richard Linklater est de présenter des personnages avec qui nous n’aurions aucune difficulté à passer du temps entre amis. On connait et reconnait ses personnages, au sein de scénarios faibles en intrigues, dont l'écriture est surtout intéressée à présenter des gens qui s’apprécient et veulent être ensemble. Tandis que la majorité de ses films commencent à ce point, Last Flag Flying en fait son objectif. Ainsi, trois vétérans vieillissants du Vietnam, qui s’étaient perdus de vue, se retrouvent dans des circonstances malencontreuses et essaient de ressortir le mieux d’une situation qui est loin d’être rose. La réalisation douce et efficace de Linklater permet à ses trois acteurs chevronnés d’offrir le meilleur d’eux même. Ainsi, lorsque leurs personnages commencent à être à l’aise ensemble et qu’ils retrouvent leur camaraderie d’antan, le film s’envole pour voir naitre certains des échanges les plus comiques de l’année. Avec une petite touche de mélancolie, Linklater nous raconte cette histoire de deuil et du temps qui passe avec toute l’humanité qu’on lui connait.
Let There Be Light
Dès que nous sommes au courant du sujet, il est difficile d’être surpris ou déçu par Let There Be Light. Le documentaire sur la recherche pour développer le premier moteur à fusion nucléaire, une source d’énergie au potentiel énorme qui changerait…tout, est informatif, dynamique et rend bien l'enjeu de ces recherches et l’enthousiasme des interviewés. Par contre, il reste cela…un documentaire sur la recherche pour développer le premier moteur à fusion nucléaire. On n’arrive jamais vraiment à transcender cela, et ce n’est pas plus mal pour autant, puisqu’on vise la clarté avant tout. Personne ne cherche pas à être révolutionnaire ou avant-gardiste, du moins, du côté du cinéma.
The
Little Hours
The Little Hours est rafraichissant dans sa façon de se démarquer des
comédies américaines contemporaines qui servent généralement à mettre en valeur
les talents d’improvisation d’un groupe d’amis comédiens. Tournée en Italie,
avec certaines sensibilités européennes et un scénario « historique »,
cette friction entre l’humour moderne et le contexte archaïque permet une
réflexion sur les choses qui changent et celles qui ne changent pas. Les
acteurs ont beaucoup de plaisir avec un scénario qui leur offre autant de
personnalités que de comédie, ce qui est loin d’être toujours le cas – on préfère
généralement que les comédiens jouent une version légèrement augmentée de leurs
propres personnalités. Mention spéciale doit être faite pour Aubrey Plaza, dont
la sensibilité comique très spécifique fonctionne rarement pour moi. On lui
offre ici un rôle qui s’ajuste parfaitement avec son approche, créant un
personnage complet et amusant.
Lego Batman
Sans être la surprise que fut le chef-d’œuvre The Lego Movie (oui oui), Lego Batman reste tout un même un solide
divertissement. Une reproduction fidèle de l’univers mis en place en 2014, avec
un monde coloré, rempli à craquer de blagues variées pour petits et grands!
Cette version lego du Chevalier chauve-souris démontre une compréhension du
personnage et de sa place dans la culture populaire qui élève quand même ce
film au-delà du statut de simple divertissement.
The Lego Ninjago Movie
The Lego Ninjago Movie est loin d’avoir le rythme comique de ses deux
prédécesseurs (The Lego Movie & The Lego Batman Movie) ou un scénario aussi
créatif, déjanté et explosif, ce qui en fait le moindre des trois films dans
cette franchise. Il se rattrape en ayant autant de cœur et une énergie
entrainante qui propulsent le film à travers une intrigue qui ne risque pas de
surprendre qui que ce soit et des longueurs assez choquantes.
Logan *
James Mangold vient de réaliser ce qui est
probablement le plus ouvertement politique des films de superhéros à ce jour.
Un western situé au sein d'une Amérique dystopique où un État militaire s’en
prend agressivement aux minorités, au point d’avoir presque éradiqué la race
mutante. Logan, désillusionné et en mode survie, trouve un des derniers espoirs
de ce vieux monde pourri et se retrouve en figure paternelle réticente.
L’intrigue simple, on parle ici d’un road-movie, permet de s’attarder sur les
personnages et leurs luttes dans une mise en scène qui laisse beaucoup de place
aux acteurs. L’aspect le plus époustouflant de Logan reste quand même son propos d’une actualité déconcertante,
qui fait de ce film une œuvre populaire directement connectée au zeitgeist.
Logan Lucky *
Si ce fut aussi plaisant de produire Logan Lucky que c’est de le visionner,
on n’a pas de difficulté à comprendre pourquoi Steven Soderberg a mis un terme
à sa retraite du grand écran en réalisant ce film. Mélangeant la traditionnelle
recette du film de braquage pour lequel Soderberg est connu (Oceans 11, 12, 13) avec des personnages
plus près de ceux des Frères Coens, il arrive pourtant à déjouer les attentes
et crée un film aussi charmant et ludique qu’il est étonnant. Malgré le niveau
d’éducation des protagonistes et leur classe sociale, on ne se moque jamais de
leur intelligence - ou manque de. Le film arrive à être absolument hilarant
tout en ayant énormément d’empathie et de respect pour ses péquenauds. De plus,
la tension repose presque autant sur le drame de leurs relations
interpersonnelles que sur les enjeux de leur braquage, une marque de scénario
remarquable. Tous les acteurs choisis sont non seulement des talents comiques
chevronnés, mais arrivent à l’être sans décrocher de l’humanité de leurs
personnages. Personne ne tombe jamais dans un jeu de bouffon ou personnage de sketch
simpliste – un piège qui aurait pu être facile dans ce contexte.
The Lost City of Z
Le dernier film de James Gray est un objet étrange à
cerner. On approche ce récit avec le sérieux et la maitrise d’une production en
saison des Oscars, mais on nous parle d’aventures dans la jungle digne de feuilletons
des années 50 qui ont inspiré Indiana
Jones. C’est étonnant, mais ce récit sur l’obsession et sa nature
contagieuse fonctionne, malgré les quelques dialogues un peu trop grossiers qui
servent surtout à faire avancer un scénario qui a tant à couvrir. Il y a
quelques traces de la formule « biopic », mais elles sont pardonnées
puisqu’elles partagent l’écran avec des attaques de piranhas et une performance
de Charlie Hunnam qui commence à nous convaincre que nous pourrons un jour le considérer
comme un acteur sérieux.
Ma loute
Pour croire à Ma loute, il faut le voir. Une comédie
française complètement grotesque et imprévisible qui offre des rôles de
bouffons à certains des plus grands acteurs français. Il est possible que
l’humour – limite irritante – en rebute plus d’un, et il faut savoir qu’ils poussent
le gag jusqu’au bout. Par contre, pour tout l’humour décalé et les situations
qui n’ont aucun bon sens, il y a quand même un certain cœur au centre de Ma loute, qui amène un charme
supplémentaire à cet objet si particulier. Cela n’empêche pas au film, après un
début en force, de s’essouffler quelque peu pour le tiers central.
Heureusement, le tout regagne en vigueur pour une finale qui vaut la peine
qu’on s’accroche.
The Love Witch *
-Vu dans le cadre de la programmation Minuit au Parc du
Cinéma du Parc-
L’esthétique si exagérée et le ton unique donne
l’impression d’un film simple qui se rapproche plus de l’exercice de style
qu’autre chose. Pourtant, The Love Witch,
pour toute la simplicité assumée de son contenant, renferme un propos féministe
assez complexe qu’il est essentiel de digérer. On utilise l’hommage pour susciter
une réflexion sur notre époque et la place de la femme et sa sexualité dans un
monde qui craint ces deux choses. Une performance magnétique de Samantha
Robinson nous guide à travers un film singulier et sensationnel.
Loving Vincent
La forme unique en son genre de Loving Vincent à elle seule rend le film digne d’être vu – un film entièrement animé par des toiles faisant hommage à l'oeuvre de Van Gogh. De plus, le scénario prend une approche assez intéressante au film historique en situant l’action un an après la mort de la figure historique. Ainsi, on apprend à le connaitre à travers les récits des autres, et notre compréhension du peintre évolue constamment, d’une perspective à l’autre. Par contre, le scénario étant principalement constitué d’entrevues en champ/contrechamp, son rythme en souffre énormément. Les monologues/souvenirs racontés deviennent vite moins stimulants, surtout lorsque la forme crée une distance entre le spectateur et le sujet, limitant la nuance possible du jeu des acteurs.
Loving Vincent
La forme unique en son genre de Loving Vincent à elle seule rend le film digne d’être vu – un film entièrement animé par des toiles faisant hommage à l'oeuvre de Van Gogh. De plus, le scénario prend une approche assez intéressante au film historique en situant l’action un an après la mort de la figure historique. Ainsi, on apprend à le connaitre à travers les récits des autres, et notre compréhension du peintre évolue constamment, d’une perspective à l’autre. Par contre, le scénario étant principalement constitué d’entrevues en champ/contrechamp, son rythme en souffre énormément. Les monologues/souvenirs racontés deviennent vite moins stimulants, surtout lorsque la forme crée une distance entre le spectateur et le sujet, limitant la nuance possible du jeu des acteurs.
Lucky
Le dernier grand rôle du regretté Harry Dean Stanton
est à la hauteur de son personnage titulaire : simple, modeste, mais si
tendre et attachant. Le quotidien de Lucky est routinier et il est très heureux
ainsi, jusqu’à un incident insignifiant l’envoie en tourbillon de remises en
questions face à sa vie et sa vieillesse. On touche brièvement à ces thèmes de
vies qui semblent lourds, mais sont traités d’une façon qu’ils ne pèsent jamais
sur le film. Ainsi, Lucky est un
petit film qui se prend bien avec de l’humour et des performances terre-à-terre
d’un bout à l’autre avec juste assez de réflexions sur le temps qui passe et la
fin de la vie pour nous faire réfléchir en sortant de la salle.
Manifesto -
Même s’il risque de faire plaisir à beaucoup
d’étudiants/enseignants en Histoire de l’Art, Manifesto ne réussit pas le transfert au grand-écran. Originellement
une installation vidéo, exposition qui nous permet d’explorer et naviguer à
notre gré, la version long-métrage nous tient plutôt prisonniers d’une leçon
sur l’art. Il y a un certain aspect universel dans son propos sur la pluralité
de l’art et les multiples approches qui font de l’art un objet complexe avec
lequel les gens de partout peuvent connecter, mais on n’a pas besoin de 90
minutes pour en arriver là. Il est facile d’imaginer l’attrait d’un tel rôle
pour une actrice du calibre de Cate Blanchett et elle s’en donne à cœur joie,
jouant une variété de rôles qui vont de subtils à excentriques, tout en restants
identifiables. Malheureusement, à moins d’avoir un intérêt pour la théorie sur
l’art, il y a très peu à recommander dans Manifesto.
Maudie
Maudie ambitionne de nous présenter une femme courageuse
dont le regard sur le monde l’empêche de sombrer dans la dépression et la
misère lorsque le monde entier est contre elle. Par contre, ce regard simple et
naïf prend une autre tournure lorsqu’elle s’applique à une relation abusive. Ainsi,
l’histoire d’amour centrale au récit laisse un arrière-goût déplaisant et
empêche au film de pleinement prendre son envol. Les performances de Sally
Hawkins et Ethan Hawke sont tout de même remarquables (même si on a déjà vu
Hawkins faire, en mieux, un personnage similaire dans Happy-Go-Lucky) et la magnifique photographie de la Nouvelle-Écosse
nous permet de comprendre la beauté qu’aperçoit Maud à travers sa fenêtre.
Maudite Poutine
Le cinéma québécois n’ose pas toujours et lorsqu’un
film est assez courageux pour simplement essayer de se démarquer avec
originalité, il marque beaucoup de points. Maudite
Poutine n’est pas toujours fluide, avec des dialogues et performances
inégales, mais son ambition et sa beauté « laide », malgré son budget
probablement microscopique, en font un objet digne d’intérêt. Ce n’est pas tous
les jours qu’un récit campé dans un monde de motards, de criminels et de
roulottes adopte une approche aussi onirique.
La mécanique de l'ombre
Ce modeste thriller vise juste et atteint sa cible
avec succès, sans prétendre être plus. De pair avec des acteurs solides, qui ne
cherchent pas à en mettre plein la vue, l’intrigue est juste assez réaliste
pour que la tension se construise à partir de détails anodins.
Menashe
Menashe raconte une histoire conventionnelle et épuisée, mais
dans un contexte culturel spécifique qui lui redonne un second souffle. Le
scénario a l’intelligence de ne pas trop glorifier un père qui n’est pas équipé
pour l’épreuve qu’il entreprend. Il va à l’encontre d’un système rigidement ancré
dans les traditions, mais ses nobles intentions ne sont pas toujours suffisantes
pour remettre en question la structure en place. Menashe va plus loin au cœur de la question et met à jour de quelle
façon la culture traditionaliste échoue pour le protagoniste, mais pas au
niveau qu’il le croit.
Monsieur & Madame Adelman
Le film de Nicolas Bedos est avant tout une histoire
d’amour charmante, mais avec une certaine ambition que l’on apprécie. Après ses
funérailles, la femme d’un auteur nous raconte sa vie et la place qu’y avait
leur relation. Puisqu’on couvre plusieurs décennies, avec beaucoup d’ellipses,
on croirait un biopic conventionnel, sauf que cette vie est fabriquée de toute
pièce. On s’amuse avec le narrateur peu fiable, mais certains retournements en
dernier acte rendent le tout plus confus qu’autre chose. Il y a quelques détours clichés (mais quelle
vie n’en contient pas?) et c’est un peu trop long, mais ça reste amusant et les
acteurs y donnent tout ce qu’ils ont.
Classique et plus ou moins maitrisé, The Mummy s’effondre quand même au
niveau du scénario qui est banal et s’éparpille sur la minutie de son univers.
Il y a si peu de choses à couvrir et pourtant on a besoin de 3 introductions
différentes et on se perd dans un dernier acte qui pourrait difficilement être
plus oubliable. Sofia Boutella se donne à 100% avec le peu qui lui est offert,
Russell Crowe se laisse aller avec beaucoup d’enthousiasme dans ses quelques
scènes et Tom Cruise ses quelques scènes qui, selon toute logique, ne devraient
pas fonctionner. Il y a du contenu douteux au niveau du traitement des
personnages féminins et de l’évolution du personnage de Tom Cruise -qui
n’existe pas vraiment en fait, même si la fin du film en dépend. The Mummy est en fait un test sur la
capacité du charisme de Tom Cruise à soutenir un film médiocre. La réponse est
un retentissant : plus ou moins!
Nelly
Noces
Un sujet que l’on a déjà vu, réalisé avec une
excellente maitrise. Noces arrive à
faire ressortir la nuance dans un sujet qui tombe trop souvent dans
l’archétype, rendant compréhensifs les points de vue de tous impliqués dans le
drame – sans pour autant défendre les fautifs. On se demande par contre s’il
avait besoin d’aller aussi loin.
Novitiate
Comme La passion
d’Augustine, mais en mieux, Novitiate
nous place au cœur d’un couvent au cours d’une période historique (les années
60) où le changement à venir se faisant sentir, ce qui était loin de plaire à
tous. Avec des performances de jeunes actrices remarquables et un scénario
centré principalement sur les personnages, leurs expériences, doutes, relations
et leur foi, ce film, parfois exigeant, arrive à offrir une perspective claire
et pleine d’empathie sur ce milieu isolé dont on parle peu.
Mes nuits feront écho
Avec Cyclotron,
Ceux qui font les révolutions (…), Maudite Poutine et, jusqu’à un certain
point, Nelly, 2017 est au cinéma
québécois qui ose. Dans cette continuité, Mes
nuits feront écho se place comme un autre film très différent, magnifique,
intime et personnel qui charme autant qu’il surprend.
L'odyssée
On ne se sort jamais vraiment de la formule du biopic,
mais avec des acteurs solides (Lambert Wilson, Pierre Niney), quelques belles
images et une mise en scène efficace, on ne s’ennuie pas trop. Le scénario
soulève des questions morales et dramatiques qui auraient pu être des pistes à explorer,
mais ne peut pas se permettre d’y accorder trop de temps puisqu’il doit couvrir
une vie incroyablement chargée dans son
entièreté. On arrive quand même à faire ressortir la nuance au cœur de la
figure iconique qu’est Jacques Cousteau.
Okja *
-Sortie Netflix-
Bong Joon Ho prouve encore une fois sa maitrise
impressionnante des tons dans ce film qui ne cesse de changer de cap toutes les
vingt minutes. À la fois film politique environnemental, récit d’atteinte de
l’âge adulte et film d’animal de compagnie inusitée (des comparaisons avec My Neighbor Totoro et le récent Pete’s Dragon viennent en tête), Okja arrive à être satisfaisant sous tous
ces angles. Dans un film mettant en vedette l’inimitable Tilda Swinton, un Jake
Gyllenhall plus excentrique que jamais (amenant tous deux une humanité derrière
l’excentricité) et le toujours sensible Paul Dano, la jeune Seo-Hyun Ahn se
démarque admirablement. Sa Mija, notre regard sur ce monde sans pitié, est à la
fois innocente et l’une des protagonistes les plus féroces et déterminés qui
soient dans le sous-genre cinématographique de « défense du compagnon
magique. »
Paris Can Wait -
Diane Lane traverse la campagne française prisonnière
d’un stéréotype français oppressant. Votre appréciation de ce film dépendra
entièrement de votre capacité à tolérer le personnage de Jacques, qui fait tous les efforts possibles pour enlever à sa
compagne de voyage tout pouvoir décisionnel quelconque. Le French Lifestyle
Porn est entièrement assumé et il en résulte de belles images certes, mais
n’importe quel voyage peut être gâché par un guide désagréable et c’est
malheureusement ce à quoi nous avons affaire.
Paris Pieds Nus
Sympathique, original et accessible, Paris Pieds Nus est un modeste film qui
a beaucoup de plaisir. Avec une mise en scène qui emprunte aux comédies de
Charlie Chaplin et un scénario romantique traditionnel, petits et grands
devraient y trouver leur compte.
Paterson *
Avec Paterson,
Jarmusch capture une beauté et une simplicité du quotidien qui fait de ce film
un des plus relaxants de l’année. Adam Driver continue de prouver qu’il peut
difficilement faire faux pas, aussi intéressant dans la plus grosse franchise
sur la planète que dans le plus inconséquent et intime des drames indépendants.
Il partage ici la scène avec Golshifteh Farahani, dont l’innocence et
l’enthousiasme viennent balancer le stoïcisme de son compagnon. Ils forment à
eux deux un couple adorable d’un réalisme résonnant, deux individus qui se
comprennent et se complètent en faisant l’équilibre entre leur vie commune et
les ambitions personnelles. C’est tendre, c’est beau et c’est poétique, même si
ça ne rime pas!
Patients -
Malgré quelques aspects réussit (acteurs justes, bonne
dose d’humour), Patients n’arrive
jamais à pleinement normaliser la perspective sur l’hôpital. Au lieu de nous
présenter le regard des patients sur leur propre environnement, le film adopte
la position des spectateurs qui regardent de l’extérieur vers l’intérieur. On
veut nous offrir un regard sur la vie d’individus en centre de réhabilitation,
mais tout au long du film, chaque nouvel élément est présenté comme choquant. La
durée du séjour n’est jamais claire puisque le montage contient quelques
ellipses qui indiquent un passage du temps accéléré, mais le scénario donne
l’impression que Ben n’est arrivé que depuis quelques jours. De plus, le
personnage principal, quoiqu’interprété avec la retenue appropriée, ne démontre
jamais que son regard sur le monde est particulièrement intéressant. Il observe
passivement et vit ce qui l’entoure, sans se démarquer d’une quelconque façon.
Personal Shopper *
Olivier Assayas nous offre une méditation sur la mort
et le deuil qui mélange des éléments du drame indépendant, du film d’horreur et
du thriller. En étant toutes ces choses à la fois, sans toutefois pouvoir être
catégorisé si simplement, il devient quelque chose de plus. Personal Shopper hypnotise, autant par
le magnétisme intriguant de son actrice principale que son scénario qui refuse
de nous offrir de réponse définitive, préférant soulever des questionnements et
pistes de réflexion sur notre propre rapport à la mort.
La petite fille qui aimait
trop les allumettes*
Il va sans dire que Simon Lavoie ne fait pas du cinéma
qu'à moitié. Avec, dans la même année, l’immense Ceux qui font la révolution à moitié n’ont fait que se creuser un
tombeau et le tout aussi exigeant La
petite fille qui aimait trop les allumettes, il semble qu’il se soit lancé
le pari d’être le plus aliénant possible. Avec sa photo en noir et blanc, son
environnement austère et ses sujets lourds, La
petite fille est probablement le film québécois le plus éprouvant de l’année
– année cinéma qui compte un essai filmique/manifeste politique de trois heures
et un des rares films de zombies de la province. On nous parle d’une période de
l’Histoire peu glorieuse et la caméra n’a pas peur de nous mettre le nez dans l’horreur
morale de l’époque. C’est répugnant, mais on ne peut s’empêcher de regarder –
la magnifique direction photo aide – tandis que le scénario lève le voile sur
de plus en plus de squelettes dans le placard d'une famille tordue. Le
patriarche cultive l’ignorance de ses enfants en les élevant dans les marges d’une
société ecclésiastique, société qui est loin d’être source de libération. La
descente aux enfers de la protagoniste, qui irait de pair avec le récent mother!, fait une transition
impressionnante du drame historique au film d’horreur pour terminer dans un
moment d’espoir qui nous désarçonne plus qu’il nous soulage.
Petit paysan*
Le monde change et évolue constamment, rapidement et
brutalement, laissant derrière lui des modes de vie et des travailleurs qui
n’avaient aucune façon de s’y préparer. Petit
paysan invite l’empathie envers un simple fermier qui, à cause d’une
nouvelle maladie contagieuse, se voit menacer de perdre tout son bétail – sa
principale source de revenus et la seule chose qu’il sait faire
professionnellement. Modeste petit film efficace, chaque moment est ancré dans
les motivations d’un homme dont on ne peut que reconnaitre le désespoir et lui
souhaiter le mieux tandis que ses actions repoussent sans cesse les limites
morales de l’excusable pour sauver la seule chose qu’il connait.
Pirates
of the Carribeans : Dead Man Tell No Tale -
On critique – avec raison généralement – les films de
Marvel pour la formule et les raccourcis qu’ils réutilisent d’un film à
l’autre, mais les Pirates des caraïbes sont également, sinon plus, coupables de
ce crime d’auto-plagiat. Les cinq films de la franchise peuvent être résumés comme
suit : Jack Sparrow, la marine britannique et un excellent acteur sous une
tonne de maquillage/effets spéciaux, chacun sur leurs bateaux respectifs, naviguent
un océan aux courants guidés par la convenance du scénario, à la recherche d’un
artefact mystique ou pour se mettre des bâtons dans les roues. Les allégeances
changes selon – encore une fois – les besoins du scénario, Jack Sparrow ne fait
rien d’utile autre qu’être ridiculement chanceux et un jeune couple
hétérosexuel complètement oubliable ont des motivations inintéressantes. Les
films arrivent à camoufler leur absence d’intrigue originale en l’inondant sous
une avalanche d’éléments superflus, de revirements inconséquents et de pixels.
Pour des films aussi stupides, c’est incroyable que ce soit aussi exigeant de
suivre la minutie des développements, d’une scène à l’autre.
Heureusement que Geoffrey Rush continue de se pointer
dans ce films, compensant pour l’insignifiance de 95% des personnages. Ajouter
à ce distrayant pirate un Javier Bardem dégoulinant – littéralement – de
méchanceté et vous avez les deux seuls éléments dignes d’intérêts dans ce
bordel (d'accord, les cinq minutes que dure l'attaque de requins-zombies étaient aussi pas mal). Le pirate-fantôme (ou fantôme-pirate?) de Bardem siffle de colère le
nom de Jack Sparrow sans arrêt, toujours avec autant de plaisir (et le baptise
même Sparrow dans une scène de flash-back où un jeune Johnny Depp en images de
synthèses terrifie plus que quoi que ce soit). L’enthousiasme
avec lequel il attaque ce personnage fait qu’en comparaison, son Silva de Skyfall semble calme et terre-à-terre.
De plus, il est augment d'un excellent design, même s'il est plagié du fantôme de The Devil’s Backbone. Si Disney est pour
grossièrement s’approprier des esthétiques, aussi bien voler des meilleurs. Dans
l’ensemble, Dead Man Tell No Tale est
loin d’être assez bon à recommander comme simple distraction (à ce point, si
vous ne voulez que des sons et des lumières devant vos yeux, se mettre la tête
dans le micro-onde ça revient à moins cher) et encore moins comme objet
culturel servant – entre autre- à réhabiliter l’image publique d’un batteur de
femmes.
Poesia Sin Fin *
Jodorowsky parle plus en images et en symboles qu’avec
un langage narratif conventionnel. Son cinéma, pas toujours évident à déchiffrer,
a pourtant absolument confiance en son public, ce qui est rafraichissant dans
une ère où on préfère tout nous surexpliquer que de nous laisser réfléchir.
Avec La danza de la realidad et
maintenant Poesia Sin Fin, le
cinéaste chilien est entré dans une période autobiographique de sa
filmographie, revenant sur sa jeunesse pour nous parler de la vieillesse et du
temps qui passe. Il crée ainsi une œuvre sincère et intime au cours de laquelle
il met à nue ses anxiétés et regrets de l’époque avec la sagesse de l’âge et le
bénéfice du temps passé. L’homme étant une figure si unique, charismatique et
fascinante, il est difficile de ne pas tomber sous son charme. On se voit mal
refuser une nouvelle invitation dans son univers, rempli de fétiches et de violence, qui
mélange sans effort la beauté et le blasphème pour créer une œuvre aussi
choquant que magnifique.
Power Rangers
Le meilleur aspect de Power Rangers, c’est qu’il est si peu intéressé d’être un film de
Power Rangers. Le film est donc 3 parts « films d’ado » et 1 part
« film de superhéros ». L’esthétique est horrible et le film est trop
long, mais il y a quand même un désir de créer un groupe de héros avec des
problèmes identifiables qui, lorsqu’ils arrivent enfin à surmonter leurs
anxiétés, deviennent enfin une unité que l’on a envie de voir vaincre
l'adversité (ici sous la forme d'une Elizabeth Banks qui a beaucoup de plaisir).
Ainsi, sans être impeccable ou révolutionnaire, il y a des pires films desquels
s’inspirer que Breakfast Club et Chronicle.
Le problème d’infiltration *
Sans être un film d’horreur pur et dur, Le problème d’infiltration flirte avec
le cinéma de genre d’une façon agréable au sein d’un paysage cinématographique
québécois qui a généralement peur d’une telle chose. Le prolifique Robert Morin
fait rarement deux fois le même film et est dans une période de sa carrière où
il ose et essaie sans arrêt, créant généralement des objets étranges et
fascinants. Son dernier effort cinématographique est un exploit technique
impressionnant qui nous emprisonne dans le quotidien d’un homme dont la vie
déboule en moins de 24 heures. La mise en scène étouffante et le scénario au
protagoniste de plus en plus répugnant en font une expérience anxiogène qui
nous force à constater la monstruosité d’un riche homme pathétique qui n’a pas
l’habitude que tout ne soit pas comme il le veut. Dans un premier rôle
principal aussi spécifique, Christian Bégin est parfaitement choisi, puisqu’il
amène avec lui une partie de sa personnalité publique qui ajoute beaucoup à
notre perception du personnage. L’utilisation des plans-séquences se justifie
ici par l’expérience angoissante dans laquelle ils nous emprisonnent, comme le
faisait l’incroyable et brutal film ukrainien The Tribe. Pourtant, Morin ne s’empêche pas de jouer avec les
contrastes de lumière pour créer un film visuellement stylisé et distinct,
fortement inspiré de l’expressionnisme allemand.
Professor Marston and the Wonder Women
Professor Marston and the Wonder Women
C’est l’année Wonder Woman au grand écran et, comme
visionnement complémentaire au blockbuster de Patty Jenkins, on pourrait
facilement faire pire que le biopic Professor
Marston and the Wonder Women. Pour nous raconter les événements qui ont
mené à la création du personnage de bande dessinée à sensations, la
réalisatrice/scénariste Angela Robinson a sagement compris que l’intérêt principal
de ce récit était la relation entre le titulaire professeur et ses deux
"wonder women" (sa femme et leur petite-amie avec qui il vivait en
relation polygame). On s’investit d'abord dans cette histoire d’amour et ce n’est
qu’en fin de film qu’arrive la leçon d’Histoire qui découle du drame humain,
plutôt que le contraire. Par contre, considérant le sujet, le film aurait
beaucoup gagné à être plus « sexy ».
A Quiet Passion
Resident
Evil : The Final Chapter -
À ce point-ci, je n’ai personne d’autre à blâmer que
ma propre personne de m’être imposé cette sixième (septième?) installation
d’une franchise qui n’a jamais réellement été bonne. Évidemment, le scénario
est surcomplexe et truffé de mythologie dont on préoccupe peu, tout en n’ayant
aucun personnage intéressant autour duquel accrocher cette conclusion. Même
l’action est montée au rythme d’une coupe chaque 1/3 de seconde, rendant chaque
scène de combat incohérente. Il est difficile de cerner ce qu’ils essayaient de
camoufler avec un tel montage? Il y a tant de possibilités! Leur manque de
budget? Leur paresse sur le plateau? Ou leur incapacité à se foutre de la
qualité du produit? C’est étrange à dire, mais on espère que Paul W.S. Anderson
revienne à des films qui ne se prennent pas tant au sérieux, comme Death Race ou le si plaisant The Three Musketeers (2011).
La résurrection d’Hassan
La résurrection d’Hassan est avant tout un documentaire sur le deuil. Une famille qui a de la difficulté à se remettre du décès de leur fils ainé (il y a 12 ans) s’intéresse à des modes de pensées ésotériques et s'accroche aux possibilités "réelles" de sa résurrection. Le fait qu’ils soient tous non-voyants et subviennent à leur besoin en chantant dans le métro n’est que supplément au drame central à cette famille. Si ce film était une fiction, on pourrait facilement en dire qu’on essaye d’en faire trop, ou que c’est tiré par les cheveux. Par contre, devant la version documentaire de cette histoire, on ne peut que s’émerveiller devant la vérité de ce récit. Malgré leur mode de vie et croyances marginales, cette famille traverse des tensions et difficultés qui ne sont que trop reconnaissables. On passe par contre un peu trop de temps sur l’aspect le moins intéressant du documentaire : tout ce qui touche à la résurrection, avec les séminaires et discussions ésotériques. Il est clair que le cinéaste Carlo Guillermo Proto a passé assez de temps en compagnie de la famille Harting pour obtenir leur pleine confiance et ils se laissent ainsi aller devant une caméra qui n’a pas peur d’être le plus proche de ses sujets possibles. Grâce à tout cela, La résurrection d’Hassan se démarque en tant que documentaire humain et fascinant qui mène à une conclusion satisfaisante causée par un changement concret dans leur mode de vie - que rien ne soit scénarisé est remarquable.
La résurrection d’Hassan
La résurrection d’Hassan est avant tout un documentaire sur le deuil. Une famille qui a de la difficulté à se remettre du décès de leur fils ainé (il y a 12 ans) s’intéresse à des modes de pensées ésotériques et s'accroche aux possibilités "réelles" de sa résurrection. Le fait qu’ils soient tous non-voyants et subviennent à leur besoin en chantant dans le métro n’est que supplément au drame central à cette famille. Si ce film était une fiction, on pourrait facilement en dire qu’on essaye d’en faire trop, ou que c’est tiré par les cheveux. Par contre, devant la version documentaire de cette histoire, on ne peut que s’émerveiller devant la vérité de ce récit. Malgré leur mode de vie et croyances marginales, cette famille traverse des tensions et difficultés qui ne sont que trop reconnaissables. On passe par contre un peu trop de temps sur l’aspect le moins intéressant du documentaire : tout ce qui touche à la résurrection, avec les séminaires et discussions ésotériques. Il est clair que le cinéaste Carlo Guillermo Proto a passé assez de temps en compagnie de la famille Harting pour obtenir leur pleine confiance et ils se laissent ainsi aller devant une caméra qui n’a pas peur d’être le plus proche de ses sujets possibles. Grâce à tout cela, La résurrection d’Hassan se démarque en tant que documentaire humain et fascinant qui mène à une conclusion satisfaisante causée par un changement concret dans leur mode de vie - que rien ne soit scénarisé est remarquable.
Le roi des Belges
Ce film au contexte très spécifique, qui aurait pu
être difficile d’accès pour le grand public, arrive à en faire un récit
universel de découverte de soi en laissant toute la place à ses personnages. Un
modeste film avec beaucoup d’humour sur l’humilité, la responsabilité et le
devoir.
Les rois mongols
Les rois mongols
Léger trip nostalgique, Les rois mongols arrive pourtant à créer se démarquer en créant une
histoire touchante d’enfants accrochés à une innocence qui leurs est arrachée
beaucoup trop tôt. En première partie, on sent parfois qu’il y a beaucoup à
couvrir et pas assez de temps, alors les raccourcis deviennent apparents, mais
c’est lorsque le film prend son temps et s’arrête qu’il est à son meilleur. Le
jeu des enfants protagonistes (un pari toujours risqué) est juste et on appuie
parfois un peu trop sur les thèmes ou les émotions, mais sinon, comme cinéma
québécois à grand public, on peut facilement faire pire!
Rue de la victoire -
Un documentaire sur le cirque qui nous empêche de
pleinement vivre le sujet. On nous parle du cirque et le protagoniste nous
explique très clairement et en détail ses sentiments par rapport à sa passion
et les enjeux de cette dernière dans un environnement conservateur. Par contre,
justement, tout est dit, mais rien ne nous permet de faire l’expérience
complète de cette forme d’expression. On nous tient à distance de ce qui
intéresse le sujet du documentaire et ainsi on n’y rend pas hommage.
Un sac de billes
Sans être extraordinaire, Un sac de billes reste assez charmant et touchant pour que l’on
passe par-dessus ses moments plus convenus. Raconter l’occupation allemande en
France à travers les yeux d’enfants amène une autre dimension tragique à la
chose que l’on ne visite pas toujours, du moins, pas autant en profondeur. Les
deux acteurs amènent à leurs personnages ce mélange d’innocence et d’audace
qu’il faut pour des jeunes qui sont forcés par les circonstances de vieillir
trop vite. Donc sans être un film majeur, on peut facilement faire pire en
terme de film qui exploite la Deuxième Guerre mondiale pour du drame facile.
The Salesman
Sans être à la hauteur de The Past ou A Separation,
le dernier film d’Asghar Farhadi reste tout de même captivant. Sa formule
habituelle est au rendez-vous, avec un mystère choquant au cœur d’une vie de
famille, qui sert à explorer divers sujets touchant à la vie de couple.
Contrairement aux deux autres films, le couple de The Salesman est encore ensemble et cherche à aller de l’avant
malgré les embuches. Le mystère auquel ils sont confrontés permet au scénario
de toucher à ce sujet moderne qu'est la masculinité toxique et ses dommages
collatéraux dans un environnement familial.
Ça sent la coupe -
À moitié drame sans véritable enjeu et comédie pas
drôle, Ça sent la coupe n’a rien pour
plaire. Les raccourcis de scénarios sont aberrants, les motivations ne sont
jamais claires et le hockey n’apporte absolument rien au film en dehors d’un
cadre narratif qui n’est que purement esthétique. Le protagoniste pourrait être
fan de pétanque, de tennis ou de curling pour l’impact que son passe-temps a
sur le film. Julianne Côté, dont le charme est imperméable à tout mauvais
scénario, arrive à tirer son épingle du jeu et amener un peu d’humanité à ce
récit – lorsqu’elle n’est pas « slut-shamed » par son propre frère.
Sieranevada *
Silence *
La sociologue et l’ourson*
Avec un style visuel marqué et un évident désir
d’éduquer, La sociologue et l’ourson
est un de ces rares documentaires qui pourrait facilement être présenté à n’importe
quel groupe d’âge et tous y apprendront quelque chose. En ancrant son récit
autour de sa mère, Irène Théry, le documentariste crée du même coup une figure
héroïque moderne, simplement en luttant pour la bonne cause avec détermination
et intelligence.
Song to Song -
N’étant pas un grand connaisseur de Malick, ce n’est
pas Song to Song qui donne le goût d’en
savoir plus. Avec une caméra errante, des acteurs qui se murmurent des
platitudes et un scénario décousu, il était difficile de ne pas penser aux
productions étudiantes pénibles auxquelles j’ai dû assister lors de mes années
d’université (et que j’ai moi-même produit). Le film prend deux heures pour
méditer sur une question de laquelle on a fait le tour après quinze minutes. Il
n’arrive même pas à mettre en valeur les grosses pointures qu’il a obtenues
pour ce film. En dehors de Rooney Mara, dont le charme énigmatique reste
toujours aussi captivant, personne (Ryan Gosling, Michael Fassbender, Cate
Blanchett, Nathalie Portman) ne montre vraiment l’étendue du jeu dont nous les
savons capables.
Split
M. Night Shyamalan construit un thriller efficace sur
la difficulté des traumatismes et la force des gens qui y survivent. Avec un
bon mélange de tension, de propos humaniste et de James McCavoy qui a beaucoup
de plaisir, peut-on dire que Shyamalan est de retour? Seul le temps nous le
dira, mais la finale qui modifie fondamentalement notre perspective sur le film
est du moins prometteuse.
Spider-Man : Homecoming
La combinaison du film de superhéros à la comédie
adolescente de John Hughes serait mon idéal théorique, mélangeant
deux genres auxquels je dévoue une grande affection. Pourtant, Spider-Man : Homecoming, aussi bien
qu’il soit, arrive quand même à certaines longueurs et ne transcende pas la
formule du film de superhéros à laquelle nous sommes habitués à ce point-ci. Le
ton est impeccable, les acteurs sont juste et la comédie à la hauteur du film
(quelque peu inégale), mais avec une durée de plus de deux heures et des scènes
d’actions qui sont loin d’être très créatives, il y a une certaine redondance
qui alourdi un peu trop le tout. Par contre, comparé aux autres films de superhéros,
il est très modeste et c'est toujours apprécié. Il contient par contre l’une
des meilleures utilisations de méchant – dans le contexte- de tous les films de
super-héros confondus, une intelligence et originalité qu’on aurait aimé
retrouver parsemée dans le reste du film.
The Square*
Le cinéma sur l’art contemporain et rarement sur l’art contemporain – sauf si on veut donner une leçon d’histoire de l’art à la Manifesto. The Square a comme personnage central un directeur de musée et prend place dans et autour de ce musée, mais ce n’est qu’un contexte pour nous parler de beaucoup plus. Comme l’art du musée qui cherche à pousser la réflexion chez les visiteurs, l’œuvre d’art qu’est The Square emporte le spectateur dans des réflexions similaires sur ses devoirs et responsabilités, sociales et personnelles, dans un environnement dont on essaie de se donner l’illusion que nous contrôlons. La critique sociale vient à travers ce récit d’un protagoniste, modèle du privilège moderne (homme blanc hétérosexuel) en position de pouvoir qui tente constamment de garder le contrôle sur son environnement en prenant des décisions irresponsables dont il n’envisage les conséquences que trop tard. Comme The Killing of a Sacred Deer, un récent film aux thèmes similaires, The Square approche le sujet avec un sens de l’humour noir assez mordant, ce qui nous évite de sentir les 2h30 que dure le film. Beaucoup plus pourrait être dit sur The Square, le jeu de ses acteurs, sa mise en abime centrale du Square/cadre de la caméra ou la pièce maitresse de la scène du banquet, mais pour l’instant je ne m’en tiendrais qu’à résumer : c’est ambitieux et complexe tout en étant plaisant et drôle.
The Square*
Le cinéma sur l’art contemporain et rarement sur l’art contemporain – sauf si on veut donner une leçon d’histoire de l’art à la Manifesto. The Square a comme personnage central un directeur de musée et prend place dans et autour de ce musée, mais ce n’est qu’un contexte pour nous parler de beaucoup plus. Comme l’art du musée qui cherche à pousser la réflexion chez les visiteurs, l’œuvre d’art qu’est The Square emporte le spectateur dans des réflexions similaires sur ses devoirs et responsabilités, sociales et personnelles, dans un environnement dont on essaie de se donner l’illusion que nous contrôlons. La critique sociale vient à travers ce récit d’un protagoniste, modèle du privilège moderne (homme blanc hétérosexuel) en position de pouvoir qui tente constamment de garder le contrôle sur son environnement en prenant des décisions irresponsables dont il n’envisage les conséquences que trop tard. Comme The Killing of a Sacred Deer, un récent film aux thèmes similaires, The Square approche le sujet avec un sens de l’humour noir assez mordant, ce qui nous évite de sentir les 2h30 que dure le film. Beaucoup plus pourrait être dit sur The Square, le jeu de ses acteurs, sa mise en abime centrale du Square/cadre de la caméra ou la pièce maitresse de la scène du banquet, mais pour l’instant je ne m’en tiendrais qu’à résumer : c’est ambitieux et complexe tout en étant plaisant et drôle.
Tadoussac *
Minimaliste et épuré, Tadoussac arrive à marquer avec deux performances dont on risque de
parler encore dans 10 ans. D’abord un récit plus classique d’une jeune
étudiante de la ville qui fonce en région pour retracer ses origines, le
scénario n’hésite pas à plonger ensuite au cœur d’un drame plus exigeant qu’on
aurait pu le croire, tout en restant terre-à-terre. Le tout culmine en une
scène finale à couper le souffle, constituée d’une simple conversation
téléphonique qui met pleinement en valeur le talent des deux actrices
principales, Camille Mongeau et Isabelle Blais. La réalisation est d’une
simplicité aberrante, mais ce n’est qu’une preuve que lorsque le drame et les
acteurs sont à la hauteur, il est préférable de leur laisser toute la place,
dans toute leur vulnérabilité et leurs émotions brutes. Ce n’est pas toujours facile à regarder, mais
ce n’est pas moins vrai et touchant.
Tanna
Their Finest
Their Finest s’intéresse à la période de guerre sans jamais parler
de la guerre en soi. On nous parle ainsi d’une Angleterre sous les
bombardements et la façon dont la guerre affecte le quotidien des hommes et des
femmes (surtout les femmes) qui ne sont pas au front. On s’attarde sur
l’industrie du cinéma et sa place dans le conflit. C’est produit et réalisé
adéquatement et il y a un thème qu’on n’a vu moins souvent, mais ça reste quand
même trop produit et propre comme toute entreprise de ce calibre. Tout est
lisse, tout est dit et rien n’est vraiment authentique.
Thor : Ragnarok
N’ayant pas peur d’y aller à fond avec la comédie, les couleurs et le ton ludique, Thor : Ragnarok ressemble plus à l’un des Guardians of the Galaxy qu’un des autres Thor, ce qui n’est pas plus mal puisque les deux escapades intersidérales de James Gunn sont dans les meilleurs films de Marvel. Dans cette nouvelle aventure, Thor est dépouillé de tout ce qui le défini pour qu’il ne reste que la combinaison de charisme et talent comique qu'est Chris Hemsworth ainsi que sa dynamique avec Loki. Le tout est transposé dans un tout nouvel univers dans lequel le cinéaste néo-zélandais Taika Waititi a clairement beaucoup de plaisir. Comme souvent dans le cinéma "feuilleton" à grand déploiement, le premier acte est assez mécanique en prend un peu trop de temps à mettre en place les pièces de son récit. De plus, le rythme du film souffre un peu lorsque l'action quitte la planète-poubelle du Grandmaster pour obligatoirement revenir aux péripéties de la méchante Hela qui veut détruire/ conquérir le monde. Le fait que cette méchante soit interprétée par la grande Cate Blanchett en mode super-vilain sans retenue aide beaucoup par contre. Elle est une manifestation corporelle de l’élégance et la vengeance en maquillage gothique. Avec autant d’humour, un Jeff Goldblum qui a plus de plaisir que jamais, la Valkyrie de Tessa Thompson qui s’ajoute comme un des meilleurs nouveaux personnages de Marvel et une critique du colonialisme comme arrière-fond thématique , il est difficile de ne pas recommander Thor : Ragnarok.
Three Billboards Outside Ebbings, Missouri
Avec ses choix de sujets assez exigeants et son regard sévère, le cinéma de Martin McDonagh est rarement réjouissant, mais toujours nuancé. Avec Three Billboards, il utilise cet esprit critique à bon escient et nous parle d’un sujet criant d’actualité pour notre monde au sein duquel des camps d’idéaux tranchés se forment sans arriver à dialoguer d’une manière productive. McDonagh nous présente une situation où le bien et le mal semblent clairement définis et passe deux heures à mettre à nu la nuance réaliste de cette situation. Le cœur du film est composé de trois acteurs au meilleur de leur jeu et le scénario reste intelligent, malgré qu’il appuie beaucoup trop sur ses thèmes et use de certains raccourcis un peu grossiers pour en arriver à sa conclusion.
Thor : Ragnarok
N’ayant pas peur d’y aller à fond avec la comédie, les couleurs et le ton ludique, Thor : Ragnarok ressemble plus à l’un des Guardians of the Galaxy qu’un des autres Thor, ce qui n’est pas plus mal puisque les deux escapades intersidérales de James Gunn sont dans les meilleurs films de Marvel. Dans cette nouvelle aventure, Thor est dépouillé de tout ce qui le défini pour qu’il ne reste que la combinaison de charisme et talent comique qu'est Chris Hemsworth ainsi que sa dynamique avec Loki. Le tout est transposé dans un tout nouvel univers dans lequel le cinéaste néo-zélandais Taika Waititi a clairement beaucoup de plaisir. Comme souvent dans le cinéma "feuilleton" à grand déploiement, le premier acte est assez mécanique en prend un peu trop de temps à mettre en place les pièces de son récit. De plus, le rythme du film souffre un peu lorsque l'action quitte la planète-poubelle du Grandmaster pour obligatoirement revenir aux péripéties de la méchante Hela qui veut détruire/ conquérir le monde. Le fait que cette méchante soit interprétée par la grande Cate Blanchett en mode super-vilain sans retenue aide beaucoup par contre. Elle est une manifestation corporelle de l’élégance et la vengeance en maquillage gothique. Avec autant d’humour, un Jeff Goldblum qui a plus de plaisir que jamais, la Valkyrie de Tessa Thompson qui s’ajoute comme un des meilleurs nouveaux personnages de Marvel et une critique du colonialisme comme arrière-fond thématique , il est difficile de ne pas recommander Thor : Ragnarok.
Three Billboards Outside Ebbings, Missouri
Avec ses choix de sujets assez exigeants et son regard sévère, le cinéma de Martin McDonagh est rarement réjouissant, mais toujours nuancé. Avec Three Billboards, il utilise cet esprit critique à bon escient et nous parle d’un sujet criant d’actualité pour notre monde au sein duquel des camps d’idéaux tranchés se forment sans arriver à dialoguer d’une manière productive. McDonagh nous présente une situation où le bien et le mal semblent clairement définis et passe deux heures à mettre à nu la nuance réaliste de cette situation. Le cœur du film est composé de trois acteurs au meilleur de leur jeu et le scénario reste intelligent, malgré qu’il appuie beaucoup trop sur ses thèmes et use de certains raccourcis un peu grossiers pour en arriver à sa conclusion.
Toni Erdmann *
Toni Erdmann est une de ces rares comédies qui ancre son humour
dans une relation humaine et ose ne pas toujours être drôle. Explorant en
profondeur la dynamique du duo père-fille central, le film n’a pas peur de
ralentir le rythme pour donner de la place à la tristesse et les problèmes
latents derrière les moments comiques. Les moments dramatiques qui fonctionnent
permettent à l’humour d’être encore plus efficace, jusqu’à une dernière
demi-heure qui va dans toutes les directions et offre beaucoup à méditer en
sortant de la salle.
La tortue rouge
La tortue rouge est un beau film qui ne s’étire pas trop, et c’est
tant mieux. La simplicité formelle rend l’expérience charmante, mais le
scénario épuré nous donne très peu pour s’accrocher au niveau du personnage
principal. Le minimalisme qui vise l’universalité résulte donc en un
protagoniste trop générique pour qu’on s’y attache. Mais on peut apprécier un
film aussi bref et beau comme on apprécie une peinture classique, qui arriver à
raconter une histoire complète avec si peu.
T2 Trainspotting
Pleinement conscient de l’image que projette la suite
20 ans plus tard d’un succès culte, Danny Boyle l’assume en faisant justement
un film sur ce temps qui passe et qui n’épargne personne. Ce qui aurait
facilement pu être motivé purement par la nostalgie vide et cynique devient un
moratoire sur la nostalgie, prêt à explorer le poids d’une vie où le meilleur
est loin derrière pour des individus qui ont beaucoup de comptes à régler. Avec
la direction toujours aussi insaisissable et originale de Boyle, T2 se classe dans les meilleures
« suites des années plus tard », avec Creed.
Tulip Fever
Tulip Fever débute dans la plus conventionnelle des mises en
situation de film historique : une femme se retrouve mariée à un beaucoup
plus vieil homme riche et tombe ensuite amoureuse d’un beau jeune homme. Après
quinze minutes, on se doute de la direction du film - quelque chose de
lent et très dramatique dans des beaux gros costumes et des décors historiques.
Tulip Fever va à l’encontre de toutes
ces attentes en étant ludique et plein de rebondissements, où les archétypes interprétés
nous surprennent avec des personnages plus complexes qu’au premier coup d’œil. Les
raccourcis narratifs empruntés minent un peu l’expérience globale, mais le film
bouge si vite qu’on a à peine le temps de réaliser l’inconsistance de certains
personnages que nous sommes déjà arrivés à un nouveau développement loufoque. Sans
être une comédie en soi, Tulip Fever
est drôle et jamais ennuyeux, avec un rythme et de l’énergie qui nous évoque Shakespear in Love ou un plus tranquille
Baz Luhrmann.
A United Kingdom -
Sans être mal exécuté, A United Kingdom est si conventionnel et plat qu’il en devient
interminable. Les scènes sont bien cadrées et éclairées, les acteurs sont bons
et leurs costumes sont irréprochables, mais le scénario est purement
fonctionnel et ne laisse aucun personnage prendre vie. On est plus proche d’un cours
d’Histoire que du cinéma qui cherche à nous faire vivre quelconque émotion. Les
seuls moments où on se réveille un petit peu, c’est pour les discours de David
Oyelowo, mais on se pose quand même la question : pourquoi sont-ils en
anglais tandis qu’il s’adresse à son peuple d’une nation africaine? Symptôme
d’un film qui vise à « occidentaliser » son récit plutôt que toute
forme d’authenticité.
Valerian
and the City of a Thousand Planets
Si on arrive à passer par-dessus le casting de Dane
Dehaan en badass de l’espace (acteur que j’adore, mais qui a l’air d’un
adolescent en grand besoin de vitamines et d’une bonne nuit de sommeil), il y a
beaucoup à aimer dans le divertissant Valerian.
Luc Besson a toujours eu un regard enfantin sur ses sujets, pour le meilleur et
pour le pire. Dans le cas d’un film d’aventure intergalactique coloré, ce regard
se traduit en sincérité qui fait de Valerian
tout ce qu’il promet d’être. Le scénario fait évidemment défaut, mais il sert
plus d’excuse pour que les personnages prennent des détours et rencontrent des
extraterrestres tordus ou se retrouvent dans des embuches sci-fi. Cara
Delevigne se démarque admirablement avec une personnage qui aurait facilement
pu tomber dans le fantasme adolescent pur (elle reste un fantasme adolescent,
mais y amène une touche personnelle). Mention spéciale à Rihanna, dans un petit
rôle qui laisse la plus grande marque du film.
Une vie *
Ma vie de courgette
Ma vie de courgette utilise un ton et un style d’animation enfantine pour
parler de sujets incroyablement sérieux. Malgré les aspects sombres de ce
scénario (et il y en a de la noirceur!), il est toujours vu à travers le regard
d’une enfance dont on sous-estime trop souvent la capacité d’adaptation. Ainsi,
ce film sympathique n’est jamais trop alourdi par le poids de ses sujets.
L’animation réussit même à reproduire, de son mieux, cette spontanéité et
énergie exclusive aux enfants. Au final, il est difficile de se tromper avec ce
récit d’enfance joyeuse et mature, surtout qu’il ne dure que 70 petites
minutes.
Visages, Villages*
Malgré quelques échanges clairement scénarisés, des
séquences mises en scènes et des installations artistiques qui nécessitent
clairement beaucoup d’organisation et de planification, il est difficile de
trouver un documentaire cette année avec autant de spontanéité que Visages, Villages. La complicité entre
Agnès Varda et JR nous accroche immédiatement, avec des sensibilités juste
assez similaires pour s’agencer, mais juste assez divergentes pour se
compléter. Il est facile d’embarquer dans un voyage à travers la France dans
une ambiance aussi ludique et sensible qui nous amuse autant qu’elle nous fait
réfléchir. Les générations se rencontrent, autant à travers l’âge des
protagonistes que dans des oeuvres publiques qui honorent le passé autant qu’ils
font hommage au présent. Ces installations dans des villages des régions françaises
datant de plusieurs siècles sont ensuite partagées sur les médias sociaux,
juxtaposant le passé et le présent dans un agencement qui fait sourire. Il est
difficile de résister au charme de Visages,
Villages et encore plus au duo au cœur de cette histoire avec qui on
partirait en voyage n’importe où, n’importe quand.
Voir du pays
Avec un drame central pertinent et un duo d’actrices
impeccables, Voir du pays manque
quand même légèrement de rythme. Certaines séquences sont aussi subtiles que
d’autres sont grossières, mais dans l’ensemble, on se laisse emporter par ces
vacances hors-normes de soldats qui tentent progressivement de réintégrer le
monde.
The Wall
Une sorte d’anti-film de guerre, The Wall est une proposition risquée et impressionnante : un
homme seul derrière un mur pendant 1h30 avec comme seule compagnie la voix d’un
tireur d’élite ennemi aux intentions ambiguës. Aaron Taylor-Johnson n’est pas
nécessairement un acteur du calibre à supporter un film entier, ainsi, on
souffre quelques longueurs lorsqu’on s’attarde à ses drames personnels. Sinon,
le reste est efficace et le propos se veut une critique assez pointue de la
guerre en Irak et de la futilité de cette révérence militaire qui est enracinée
dans la culture américaine.
War
for the Planet of the Apes*
La conclusion d’une trilogie qui n’a fait que s’améliorer
d’un film à l’autre. Ayant retenu les bonnes leçons des volets précédents, War évacue presque entièrement les
personnages humains – sauf l’excellent Woody Harrelson – pour laisser toute la
place aux singes, les vrai vedettes de la franchise. Le film arrive à un
équilibre franchement étonnant entre les moments dédiés aux personnages et à une
intrigue assez chargée. Avec une durée de 140 minutes, War est le plus long de la série et il utilise avec efficacité
chacune de ces minutes. Il prend l’étonnante décision d’être moins
spectaculaire que son prédécesseur, avec des enjeux égaux, sinon moindres, tout
en gardant son attitude mature sur les conflits armés qui semblent ne pouvoir
se résoudre. En gardant la traditionnelle allégorie politique que l'on retrouve dans (toute) la franchise, cette conclusion semble plus d’actualité que jamais, et c’est pour le
mieux. Il y a
donc de la tragédie, du poids émotionnel, de l’espoir, de l’humour, de l’aventure et
des singes à cheval armés de fusils automatiques, que demander de mieux?
Weirdos
Window Horses
Pour toute la créativité visuelle que Window Horses met de l’avant avec ses
poèmes, chansons et contes, l’intrigue qui les contient est un peu trop
standard et manque de rythme. On se restreint d’utiliser le médium de
l’animation à son plein potentiel que pour des moments clés, laissant les
séquences narratives traditionnelles au dépourvu. L’histoire, pourtant
magnifique, ne prend jamais tout à fait vie comme elle devrait. Le film vaut
par contre le détour puisqu’elle tente la différence et raconte une histoire
pertinente sur les citoyens du monde aux origines mixtes et le grand potentiel
de ces rencontres de cultures.
Wind River
Après Sicario, Hell or High Water et Wind River, il est clair que le scénariste (et maintenant réalisateur) Taylor Sheridan s’intéresse particulièrement aux communautés dans les marges et leur rapport à l’institution. Le plus isolé de ses films, Wind River prend place au sein d’une communauté autochtone qui tente de cohabiter avec les colonisateurs et leur progrès, un sujet particulièrement d’actualité au Québec. À travers une enquête policière assez bien ficelée, on explore les difficultés d'une communauté et les maux et frustrations de ses habitants. Une agente du FBI (la vedette montante Elizabeth Olsen) arrive de l’extérieur pour essayer de démêler un crime violent et, grâce au guide local, un homme compétent et renfrogné, mais ultimement bon (la spécialité de Jeremy Renner!) et aux immenses yeux sensibles d’Olsen, nous apprenons à regarder avec empathie des gens qui, malgré le fait qu’ils ont beaucoup souffert, refusent d'abandonner. On joue parfois un peu gros sur les sentiments, mais le tout reste ultimement sincère, l’intrigue fonctionne, les acteurs sont bons et la direction photo met en valeur le paysage unique rarement mis à l’écran.
Wonderstruck
Après ses films sur le monde de la musique et les luttes LGBT, Todd Haynes adapte un roman de Brian Selznick pour en faire un de ses films les plus charmants et accessible en carrière. Une histoire toute en douceur entrecoupe entre les années 20 et les années 70 pour nous raconter les aventures de deux enfants qui ont fui la maison pour aboutir à New-York, séparé par le temps, mais connecté par leur quête. À la recherche de parents absents et tous deux souffrants de problèmes d’auditions, ils sont confrontés à deux New-York très différents, qu’ils vivent pourtant de la même façon, perdue, seuls, mais émerveillés. On reconnait le texte de Selznick (auteur de The Invention of Hugo Cabret) dans ses nombreux hommages au cinéma classique que l’adaptation rend à la perfection – les séquences de cinéma muet et d’animation en volume sont particulièrement mémorables. Toute la sensibilité et la grâce dont Haynes a fait preuve pour ses plus grands films sont ici mises au service de l’innocence et du regard de l’enfant, pour un résultat émouvant et réconfortant.
Wind River
Après Sicario, Hell or High Water et Wind River, il est clair que le scénariste (et maintenant réalisateur) Taylor Sheridan s’intéresse particulièrement aux communautés dans les marges et leur rapport à l’institution. Le plus isolé de ses films, Wind River prend place au sein d’une communauté autochtone qui tente de cohabiter avec les colonisateurs et leur progrès, un sujet particulièrement d’actualité au Québec. À travers une enquête policière assez bien ficelée, on explore les difficultés d'une communauté et les maux et frustrations de ses habitants. Une agente du FBI (la vedette montante Elizabeth Olsen) arrive de l’extérieur pour essayer de démêler un crime violent et, grâce au guide local, un homme compétent et renfrogné, mais ultimement bon (la spécialité de Jeremy Renner!) et aux immenses yeux sensibles d’Olsen, nous apprenons à regarder avec empathie des gens qui, malgré le fait qu’ils ont beaucoup souffert, refusent d'abandonner. On joue parfois un peu gros sur les sentiments, mais le tout reste ultimement sincère, l’intrigue fonctionne, les acteurs sont bons et la direction photo met en valeur le paysage unique rarement mis à l’écran.
Wonderstruck
Après ses films sur le monde de la musique et les luttes LGBT, Todd Haynes adapte un roman de Brian Selznick pour en faire un de ses films les plus charmants et accessible en carrière. Une histoire toute en douceur entrecoupe entre les années 20 et les années 70 pour nous raconter les aventures de deux enfants qui ont fui la maison pour aboutir à New-York, séparé par le temps, mais connecté par leur quête. À la recherche de parents absents et tous deux souffrants de problèmes d’auditions, ils sont confrontés à deux New-York très différents, qu’ils vivent pourtant de la même façon, perdue, seuls, mais émerveillés. On reconnait le texte de Selznick (auteur de The Invention of Hugo Cabret) dans ses nombreux hommages au cinéma classique que l’adaptation rend à la perfection – les séquences de cinéma muet et d’animation en volume sont particulièrement mémorables. Toute la sensibilité et la grâce dont Haynes a fait preuve pour ses plus grands films sont ici mises au service de l’innocence et du regard de l’enfant, pour un résultat émouvant et réconfortant.
Wonder Woman
Critique complète
Woodshock –
Malgré certaines qualités démontrant un réel potentiel de réalisation, Woodshock est malheureusement trop long et guidé par un scénario inabouti. Le jeu avec la caméra et la pellicule, augmenté d’une mise en scène qui accorde beaucoup d’importance à tout ce qui est tactile dans le récit et à une Kirsten Dunst toute en grâce, sont magnifiques et hypnotisant et auraient fait un excellent court-métrage expérimental. Par contre, c’est au niveau scénaristique que rien ne lève. Des personnages secondaires entrent et sortent du récit sans faire une marque quelconque et la mise en scène lors des échanges de dialogues empêche tout engagement dramatique. Ainsi, des plans excitants et séquences de psychotropes visuellement stimulantes sont raccordés par un récit ennuyeux qui n’a définitivement pas besoin de 100 minutes.
Woodshock –
Malgré certaines qualités démontrant un réel potentiel de réalisation, Woodshock est malheureusement trop long et guidé par un scénario inabouti. Le jeu avec la caméra et la pellicule, augmenté d’une mise en scène qui accorde beaucoup d’importance à tout ce qui est tactile dans le récit et à une Kirsten Dunst toute en grâce, sont magnifiques et hypnotisant et auraient fait un excellent court-métrage expérimental. Par contre, c’est au niveau scénaristique que rien ne lève. Des personnages secondaires entrent et sortent du récit sans faire une marque quelconque et la mise en scène lors des échanges de dialogues empêche tout engagement dramatique. Ainsi, des plans excitants et séquences de psychotropes visuellement stimulantes sont raccordés par un récit ennuyeux qui n’a définitivement pas besoin de 100 minutes.
X Quinientos
xXx
: The Return of Xander Cage
Lorsque je pense à du gros cinéma bourrin le plus
divertissant possible, je pense à des films comme xXx : The Return of Xander Cage. Sans dépendre de notre
connaissance de la « franchise », le film sait exactement ce qu’il
cherche à accomplir et y va à fond avec ses forces, nous offrant un Donnie Yen
dans toute sa splendeur et un Vin Diesel toujours aussi sincère qu’il est
étrange et difficile à cerner. C’est simple et pas toujours bien fait, mais il
y a une variété de talents à l’écran qui ont beaucoup de plaisir contagieux et
c’est assez jouissif pour qu’on se préoccupe peu du reste.
The
Young Karl Marx
The Young Karl Marx arrive rarement à transcender le genre du biopic
historique dans lequel il est fermement ancré. Heureusement, il se limite à une
période de la vie de Marx et ainsi ne perd jamais de vue son sujet
(contrairement aux biopics qui s’étirent sur des décennies) en ce moment clé de
sa "carrière". Le récit excelle lorsqu’il se concentre sur la
relation entre Marx et son complice d’écriture, Friedrich Engels, une dynamique
interpersonnelle qui cause plus d’étincelles que celles entre les deux hommes
et leurs femmes respectives. Sans en connaitre assez sur le sujet pour parler
de la fidélité historique ou la représentation des philosophies, du côté du
drame, ça fonctionne suffisamment pour garder le film à flot jusqu’à la fin,
mais sans plus.
Your Name.
-Vu dans le cadre d’une sortie limitée à Montréal –
Un drame adolescent, avec déjà quelques éléments
fantastiques, qui prend une tournure draconienne à mi-chemin. Les retournements
étranges du film ne font que pousser le concept plus loin dans la
science-fiction/métaphysique qui rende ce film difficile à définir. Pourtant,
malgré toute la complexité des forces qui font avancer le récit, il n’oublie
jamais que son cœur réside dans une histoire d’amour touchante entre deux
adolescents aux vies drastiquement différentes.
The Zookeper's Wife
Avec une approche à la Deuxième Guerre mondiale que l’on
n’avait pas tout à fait déjà vue (mots clés ici : pas tout à fait) et deux
acteurs principaux qui sont toujours plaisants à regarder (Jessica Chastain et
Daniel Bruhl), ce film avait beaucoup de potentiel. Les images de juifs
hébergés dans un zoo forçant une comparaison qui souligne la déshumanisation de
l’époque sont assez frappantes. Par contre, dans l’ensemble c’est assez
standard et, comme c’est souvent le cas dans les films historiques, trop
appuyé.
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