jeudi 29 décembre 2016

Rogue One : A Star Wars Story

Directeur : Gareth Edwards
Réalisé en 2016. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=sC9abcLLQpI
Synopsis : Durant la période d'apogée de l'Empire, tandis qu'ils développent une mystérieuse arme surpuissante, un groupe de rebelles tentent de les arrêter.


Dans 10 ans (lorsque nous en serons au 250 854e film de Star Wars) il sera intéressant d’observer avec distance le parcours – clairement très calculé – qu’a pris Disney avec cette mégafranchise. The Force Awakens était assez frileux, mais maitrisé et ludique, histoire de séduire les gens avec un retour aux sources confortable. Parfois, des restants de plat maison chauffés au micro-onde sont plus réconfortants et surtout plus simples que n’importe quel autre repas et Disney ont réchauffé notre plat préféré : Star Wars - A New Hope. Mais bon, ça, c’était l’an dernier et c’est de Rogue One dont on parle en ce décembre 2016. Ce premier film d’anthologie dans l’univers de Star Wars, qui ne contient aucun Jedi ou aucun Skywalker, prend quand même quelques risques pour une mégafranchise de Disney qui méritent d’être félicités.

Rogue One se met en tête d’approcher un film de guerre plus proche de notre réalité, tout en étant situé dans l’univers de cette guerre des étoiles qui fait rage dans notre culture populaire depuis 1977. L’objectif est généralement atteint, mais avec quelques réserves au niveau des personnages et leurs motivations. Le gros problème du film se retrouve en son centre, qui fait passer certains de ses personnages du point A au point B sans tissu connecteur clair, ce qui nous empêche d’être pleinement investi dans leur quête.

Nous comprenons les enjeux puisque nous sommes au courant de la situation et de la lutte entre l’Empire et la Rébellion, mais certains drames semblent construits pour rajouter des enjeux artificiels à un film qui était loin d’en avoir besoin. Après une ouverture impeccable, les 15-20 minutes suivantes doivent couvrir très large et résultent en un montage fonctionnel, mais légèrement mécanique qui nécessite certain effort pour se laisser bercer.

Garreth Edwards réussit à agrandir et complexifier un pan de l’univers sur lequel on croyait déjà tout connaitre. En se basant sur la mythologie connue, il revient en arrière pour y ajouter les aspects les plus intéressants du film. La série ayant toujours été ancrée dans l’actualité (jusqu’à un certain point) les équivalents « réels » qu’ajoute Edwards sont ici fascinants. Le segment du film qui fonctionne le mieux prend place sur Jedha, une ville sainte qui rassemble nombre d’éléments de la situation au Moyen-Orient d’aujourd’hui : un « Jérusalem de la force » déchiré par une guérilla d’extrémistes contre un oppresseur fasciste qui pille ses ressources.

Rogue One est le quatrième SW dont l’intrigue tourne autour d’une Étoile de la Mort et est celui qui en fait le meilleur usage. La pleine puissance de l’arme est sentie dans des séquences qui en transmettent l’horreur concrète  - ici visuellement équivalente à l’arme nucléaire, utilisée pour raser des cités entières. Les luttes internes entre les factions rebelles comme les tensions entre les rangs de l’Empire amènent aussi des nuances réalistes dans ce monde jusqu’alors défini par une vision assez manichéenne dans laquelle les zones grises morales se font rares. De plus, Madds Mikkelsen dans le rôle d’un Oppenheimer captif est excellente. Un personnage complexe, malheureusement pas utilisé à son plein potentiel, qui déjoue secrètement l’Empire pour amener à l’univers Star Wars la plus grosse contribution de ce film. Sur l'aspect visuel, le film d'Edwards est aussi un des plus magnifiques de la franchise qui compte maintenant huit films.

Comme pour Awakens, la distribution est impeccable, dans des rôles que le scénario laisse un peu tomber. Les motivations et évolutions de personnages sont généralement floues ou accélérées. Beaucoup repose sur le charisme et le talent des divers acteurs et heureusement, c’est le domaine dans lequel Disney excelle.  Felicity Jones est une leader à la hauteur de la tâche, Alan Tudyk a le timing comique qui amène au film l’un des personnages les plus drôles de la franchise et Donnie Yen sait trouver la sensibilité et la profondeur à un moine qui aurait pu facilement être unidimensionnel.

L’équipe qui devient inévitablement Rogue One est aussi diversifiée en terme de nationalités que de professions, ce qui fait un film représentatif de la réalité humaine d’une galaxie immense aux infinies possibilités. À Jyn (Jones) se joignent un militant rebelle au passé obscur, un robot stratégiste plein de caractère et de répartie, un moine de la force aveugle, son garde du corps/amant et un pilote de l’Empire qui cherche une rédemption. Leurs divers passés font de Rogue One l’équipage qui élargit le plus l’univers par simple vertu de sa composition hétéroclite.

Ainsi, malgré quelques accroches scénaristiques, d'évidentes interventions du studio (comme pour Awakens), des clins d’œil agaçants et un personnage en image de composites terrifiant, Rogue One reste une expérience plaisante avec des idées originales que l’on a rarement vues dans un film de Star Wars. Il y a de claires visées d'être un objet différent et cette seule ambition en fait une rareté à célébrer. De plus, Garreth Edwards sait amener à son film l’ampleur nécessaire, surtout sur Jedha et dans la finale ludique et excitante qui n’a pas peur de pousser certaines idées clés jusqu’au bout. 

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