mercredi 2 avril 2014

Noah

Director : Darren Aronosfky
Réalisé en 2014. Avec : Russell Crowe (le sauveur de l'humanité! Or is he...?), Jennifer Connelly (la voix de la raison!), Ray Winstone (descendant de Cain, la pire lignée ever), Anthony Hopkins (le grand père de tout le monde, comme l'oncle dans Jackie Chan), Emma Watson et Logan Lerman (les ancêtres de Sam et Charlie). 
Trailer : https://www.youtube.com/watch?v=6qmj5mhDwJQ (qui vend vraiment le plus comme quelque chose de beaucoup plus conventionnel que ce que c'est, en nous faisant croire que "I'm not alone" se réfère à Dieu, tandis que dans le film ce moment spécifique implique quelque chose de très différent et en mettant de l'avant les aspects plus connus et ennuyeux du mythe). 


L'interprétation est une des grandes beautés de l'art, mais aussi un des plus grands dangers. L'intention originelle de l'auteur peut se perdre dans la transition entre la tête de l'artiste et celle de son audience. Lorsque certaine personnes écoutent Fight Club, le film se termine et leur premier instinct est de se partir leur propre Fight Club, d'autres écoutant The World's End et planifient un pub crawl en sortant du cinéma, manquant entièrement les points de ces films (yours truly est très coupable du second). Les deux exemples que j'ai pris peuvent facilement ne pas être pris au sérieux et considéré comme de simples situations où des gens débiles ignorent des preuves tangibles qui vont à l'encontre de ce qu'ils ont ressortis du film. Mais le simple fait est que le sentiment viscérale que certaines personnes ressortent d'un film peut être aussi valide que celui des gens qui l'analysent et tentent de déceler les véritables intentions de l'auteur. Une étant plus viscérale et l'autre plus rationnelle, l'art est une chose qui est faite pour être digérée autant au niveau intellectuel qu'au niveau des tripes.


Pour utiliser une simple métaphore de nourriture, la personne qui va dire à son compagnon que le Big-Mac n'est pas très bon pour sa santé ne va pas rendre le goût agréable que ce dernier ressent lorsqu'il englobe cet amalgame de gras, sucre et sel. Les deux ne peuvent pas s'annuler et il y a de la place pour les deux. Le viscérale et le rationnel peuvent cohabiter pour donner un tout qui satisfait à tout les niveaux. Et je vais boucler cette tangente en disant simplement que par contre, lorsque notre interprétation partant d'excellentes intentions nous amène à faire du mal à d'autres personnes,  alors ça c'est beaucoup moins cool. Alors est-il correct de sacrifier quelques personnes pour le bien de l'humanité entière? Quel est le prix à payer pour recommencer à nouveau et sauver cette planète lorsque l'humanité l'emporte dans sa chute vers la déchéance? Et Noah est-il un bon gars aux méthodes peu orthodoxes qui fait ce qu'il pense être bien? Où un fou à lier zélé? Pleins de questions dont nous devons nous même trouver les réponses dans cette réinvention du mythe du déluge que nous connaissons tous!


La prémisse est la même que nous connaissons tous, Noah est choisi par le Créateur pour construire une arche qui pourra abriter les êtres purs qui vivent encore comme au temps du Jardin d'Eden (i.e.: les animaux). Ainsi, avec l'aide de sa famille et de géants de pierres infirmes (yup!) il va construire cette dite arche. Mais c'est alors que l'aspect intéressant entre en jeu, Tubal-cain, à la tête d'une armée d'hommes ne prennent pas super bien que ce Noah construire cette arche et regarde les autres hommes avec dédains, comme s'ils avaient fait quelque chose de mal, remettant en cause leur droit humain le plus fondamental, leur survie. Ainsi, Aronofsky dévoile le véritable enjeu de son histoire et l’ambiguïté dans le protagoniste du récit. Quelque chose qui est très évidemment matière à discussion lorsqu'il accomplit des actes qui remettent définitivement en question son ambition de "sauver les innocents". 


Environ à la moitié du film, lorsque l'armée d'humains de Ray Winstone tente de franchir la barrière de géants de pierres pour atteindre l'arche avant que les flots ne les emportent, je me suis fait la réflexion "est-on vraiment juste en mars?". Puisque ce que j'avais sous les yeux avaient vraiment des allures de blockbuster épiques qui ne sortent généralement pas avant le mois de mai. Et considérant les allures et ambitions de ce film, je suis assez impressionné par le courage de l'entreprise. Mettre entre les mains d'un réalisateur dont beaucoup de gens ignorent le noms et dont le film qui irait le mieux dans le matériel promotionnel est The Fountain autant de moyens est un acte de studio que l'on voit que trop rarement et c'est une encore plus grande nouvelle que le film qui nous arrive reste sa vision du début à la fin. J'avais peur, comme beaucoup, que Aronofsky perde un peu de son tranchant, qui fait de des films comme Requiem for a Dream ou Black Swan des expériences aussi marquantes, en entrant dans la ligue des budgets de plus de 100$ millions, mais j'ai été rassuré lorsque le film m'a traumatisé avec une bonne dose de déchéance et de misère humaine, en utilisant des images qui vont autant rester gravées dans ma mémoire (et dans mes cauchemars) que Winona Ryder qui se poignarde le visage avec une lime à ongles ou l'image finale de Pi.* C'est encore plus impressionnant que le film fonctionne aux deux niveaux, comme un blockbuster pour les masses qui veulent un film d'action épique avec tout le spectacles que ça implique (mais sans pour autant être vide), mais aussi comme un film qui vient bien du réalisateur qui m'a donné foi en ce projet du début à la fin avec des messages complexes qui fonctionne au niveau thématique qui peut engendrer des discussions. 








 

 
   




La façon dont le film juxtapose mythe de la création avec la théorie de l'évolution est assez impressionnant et il y a vraiment un sentiment que Aronofsky ne veut pas s'attaquer à la religion, ne veut pas aliéné les gens intelligents qui choisissent de vivre leurs vies selon les enseignements de la bible (ou tout autre religion à ce point ci) et qu'il a confiance que les gens assez ouverts d'esprit seront capable d'accepter ce film pour ce qu'il est et ne vont pas l'attaquer sur des débilités. C'est vraiment un film qui veut rejoindre le plus de gens possibles puisque ses messages (ceux sur l'environnement et l'amour de son prochain) sont des messages qui s'adressent à tous. C'est un film inspiré de textes religieux qui datent de milliers d'années, mais qui l'actualise de façon pertinente afin de nous faire comprendre que certains aspects sont encore valide en 2014 (encore plus, considérant la façon dont nous traitons notre planète aujourd'hui). Aronofsky a aussi décidé d'approche ce texte de la meilleure façon possible, comme un mythe parmi tant d'autres (Icare, Atlas, Minos, etc.) et pas comme un texte sacré qui doit être retransmis le plus fidèlement sans aucun discernement à l'écran (300Watchmen). Et ainsi il permet de faire un film qui pourra plaire au plus de gens possible, les cinéphiles, les fans de films d'actions, les fans de Russell Crowe ou Nick Nolte, les catholiques, les athées, les Transformers, bref les humains en général! (sauf ceux vraiment fermés d'esprit).

En conclusion, aller voir ce film! Tout d'abord parce que c'est un excellent film qui m'a fait tomber la mâchoire devant ses scènes d'actions, m'a fait me tordre d'angoisse lors du climax, a engendré de nombreuses discussions dans les jours qui ont suivis et m'a littéralement fait m'acclamer pour Russell Crowe en brandissant un poing en l'air pour me faire regretter cette excitation la seconde suivante. Deuxièmement, aller voir ce film pour faire comprendre aux grosses machines qui décident qui obtient du financement et qui n'en obtient pas que des films complexes et intelligents avec des messages contemporains vont leurs obtenir un retour sur leur investissement. 

MUK

*Ok, après avoir vérifié, histoire de me refoutre les chocottes, ce n'est pas l'image finale FINALE, mais ceux qui l'ont vu savent de quoi je parle.

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